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21 juillet 2013 7 21 /07 /juillet /2013 20:22

C'était une promesse de François Hollande : la vieille centrale de Fessenheim en activité depuis 1973, sur une zone sismique, 9 mètres en contrebas d'un canal, cesserait son activité avant la fin de son quinquennat.

Ignorait-il que l'Etat n'a pas le pouvoir de décider l'arrêt d'une centrale ? Seul EDF, dont l'Etat, c'est-à-dire nous, n'est actionnaire qu'à 85%, ou l'Autorité de Sûreté Nucléaire, le peuvent.

Le Parlement votera-t-il la recommandation du Conseil National du Débat sur la Transition Energétique. Celle-ci propose :  « la possibilité pour l'Etat de décider de cesser ou de poursuivre, pour des raisons de politique énergétique, l'exploitation d'une centrale électro-nucléaire » . La capacité d'action du politique dans le domaine nucléaire se borne à user des armes au Mali pour préserver une ''indépendance énergétique'' payée au prix fort par les otages travailleurs d'AREVA au Niger dans un pays que nous polluons durablement.

Mais dans ce Niger qui peine à émerger, abonné aux dernières places en matière de développement humain (antépénultième en 2010), ne meurt-on pas déjà en moyenne à 52 ans ? Et les trois quarts de la population analphabètes, pourraient-ils comprendre les subtilités de la radioactivité ?

 

Plus sérieusement, le MEDEF est attaché à cette industrie nucléaire qui produit de l'énergie bon marché, ce qui rend notre industrie compétitive !

 

1ere remarque :

A l'inverse du coût de l'énergie issue des renouvelables, celle produite par les réacteurs augmente inexorablement.

La France est entièrement dépendante de l'étranger pour son uranium. Ce qui donne au discours sur ''l'indépendance'' énergétique un petit air surréaliste, et qui promet une hausse régulière du prix de l'uranium. Cette hausse deviendrait exponentielle en cas de croissance d'un nucléaire visant à se substituer aux énergies fossiles !

Mais surtout les coûts liés à la maintenance de centrales vieillissantes et à leur sûreté sont appellés à exploser. Ceci fera de nos réacteurs des lieux où il faudra à chaque instant choisir entre les impératifs de la rentabilité et ceux de la sécurité.

Clairement il n'y a pas de sécurité absolue. C'est désormais admis par tous et tout effort pour tendre vers cet idéal fait du nucléaire une activité à haut risque économique (voir le déclassement de la note d'AREVA par Standards&Poors). Le MEDEF doit comprendre que le capital choisira de s'investir dans les énergies renouvelables, domaine de plus en plus rentable.

Pas stupide cependant, le MEDEF veut à la fois que l'Etat continue à s'engager et à investir dans l'impasse nucléaire, tout en s'opposant à ce qu'il ait la maîtrise de sa politique énergétique.

 

2e remarque :

Cette prime à la compétitivité que constitue l'électricité la moins chère d'Europe est à la charge des français contribuables. Il est aujourd'hui notoire que le prix du kw/h nucléaire n'a qu'un rapport lointain avec le coût de sa production.

Il n'inclue ni les énormes crédits de recherche en amont, passés et présents, ni les coûts réels du retraitement et de ce démantèlement que l'on ne sait aujourd'hui ni chiffrer ni mener à bien.

Ne parlons pas bien sûr, ce serait démagogique, du désastre social, environnemental et économique que constituerait un accident grave qui amputerait à jamais la France d'une partie de son territoire, vallée du Rhône ou région parisienne par exemple.

Le MEDEF doit comprendre que les français sont aujourd'hui conscients que cette prime à la compétitivité des entreprises, l'électricité bon marché, est financée par eux-mêmes. Ils aimeraient en voir le résultat. Et surtout, en tant qu'actionnaires à 85% d'EDF, ils exigent que le pouvoir en matière d'énergie revienne au politique c'est à dire à l'Etat.

Au parlement le vote sur la recommandation du Conseil National de la Transition Energétique sera crucial et attendu. Nous verrons alors si le débat n'a été qu'une entreprise de communication. Grande sera la déception et la colère si les lobbys l'emportent. Le pouvoir ne tient sa légitimité que du peuple.

 

Mais la démocratie est-elle un risque acceptable pour le nucléaire ?

 

Michel Moreau

 

 

 

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commentaires

S
Nuclear weapons are dangerous to the existence of human life and it is sad that many countries are engaged in it. Even if it is used for meeting the energy demands, there is a hidden danger inside it and one single mistake can put the entire life in jeopardy.
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