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15 octobre 2011 6 15 /10 /octobre /2011 15:42

D'étonnements en surprises, tel est le parcours auquel nous invite le maire de Champagnole.

Tout commence il y a quelques mois lorsqu'il déclare à la Voix du Jura, au sujet des projets

d'hypers: « cela ne me concerne pas ».

Puis, sous son impulsion, après en avoir débattu à huis-clos, le conseil municipal vote à

bulletin secret, devant une assistance qui espère un débat. Et donne le feu vert à 3 projets

d'hypers dans une petite cité sur-équipée en grandes surfaces.

 

En communauté de communes, relevons 3 perles:

Après avoir sommairement cité des chiffres plutôt optimistes d'emplois créés par les 3 projets,

il déclare aux délégués: « maintenant vous en savez assez, nous n'allons pas perdre de temps

en discussions ».

Entretemps il avait confié: « je ne méprise pas ceux qui travaillent dans les grandes surfaces ».

Mais aurait-il pu dire le contraire?

Après avoir admis que Champagnole compte beaucoup de m2 de supers (340/1000hab,

cotre 224 dans le Jura et 140 en France ), il annonce bravement: « mais nous avons zéro

m2 d'hypers! ». Edouard Leclerc lui avait-il dévoilé que la formule de Coca Cola ou de

camembert Président était différente, et les poulets aux hormones mieux élevés, selon qu'ils

devaient être distribués en hypers ou en supers?

Mieux, dans une entrevue avec les responsables de JNE (La Voix du Jura du 23 décembre), il

avoue que les projets ne sont pas viables.

 

Voilà donc un responsable qui se mobilise au conseil municipal, à la communauté de

communes, à la CDAC, pour un projet « non viable, qui ne le concerne pas ».

Et il mobilise aussi la majorité de droite du Conseil Général qui se ridiculise en exerçant

un chantage inédit: si vous ne retirez pas votre recours à la CNAC, la subvention qui

vous fut accordée ce printemps sera supprimée. Les conseillers généraux ignorent que le

recours est porté par JNE, mais aussi par Citoyens, Ecologistes, Solidaires et le collectif de

Consommacteurs à l'initiative d'une pétition qui recueillit 1700 signatures.

De plus en plus nombreux sont ceux qui s'interrogent. Alors que tout le monde sait que l'hyper

distribution exploite un concept clair: distribuer plus en employant moins, comment un édile

responsable peut-il rêver que des hypers, qui plus est non viables, apporteront le moindre

début de réponse au problème crucial du développement économique de notre bassin de vie.

Mais notre maire, président de la Communauté de Communes, conseiller général en charge

de... l'économie! .. a tant à faire. Alors soyons cléments.

 

Michel Moreau 29 décembre 2010

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15 octobre 2011 6 15 /10 /octobre /2011 15:40

Citoyens Ecologistes Solidaires

 

L’association CES s’est jointe à JNE dans la contestation de la décision de la CDAC du Jura

qui donnait le feu vert à trois projets d’Hypers dans notre cité.

Nous avons abordé le problème en utilisant la grille d’analyse qui devrait prévaloir, celle du

Développement Durable.

Tel projet économique, ici l’installation de très grandes surfaces, dans un contexte

économique, social et environnemental donné, est-il compatible avec la recherche d’un

développement durable. Voyons les effets sur chacun des trois piliers du Développement

Durable qu’il convient de concilier au mieux.

 

Plan économique

Deux notions s’imposent aujourd’hui :

Via ses centrales d’achat, la grande distribution écrase les producteurs, pousse à la

concentration et à la délocalisation, dans les secteurs industriels et agricoles.

Concentrant aussi la distribution, elle exploite un concept simple : distribuer plus en

employant moins.

D’une manière générale, la grande distribution supprime des emplois.

 

Dans le cas qui nous concerne, le seul Hyper U avec sa galerie marchande et 4000 m2 de

commerces « satellites » rendrait très précaire la survie des commerces au centre qui perdrait

toute attractivité économique.

 

Environnement

Disparition des terres agricoles

Le bilan sera lourd – 10 ha de terres dont certaines parmi les meilleures dévolues à

l’agriculture (blé pour un paysan boulanger bio, prairies, jardins familiaux) seront stérilisés.

Est-il responsable aujourd’hui d’accélérer la disparition des terres agricoles ?

Si Champagnole est appelée à surmonter la desindustrialisation, qui a fait chuter l’emploi plus

encore que la population dont un pourcentage important travaille ailleurs, ne faut-il pas

préserver ces terrains pour une utilisation plus rationnelle, habitat social économe en espace ?

Les réserves foncières de la ville sont limitées.

 

Plus de voitures – trajets plus longs

Champagnole est probablement la ville du Jura où le nombre de places de stationnement par

tranche de 1000 habitants est le plus élevé. Les nombreux parkings y favorisent l’usage de la

voiture au détriment de modes de déplacements économes et sains. Il y a très peu de cyclistes

urbains.

Sur la zone actuellement agricole, Hyper U disposerait de quelques 13000 m2 de parkings et

allées de circulation. Si on y ajoute ceux des commerces « satellites » et de Leclerc, ce sont

près de 3 à 4 ha qui passeraient de l’agriculture à la voiture. Notons que les commerces du

centre-ville sont très proches des parkings existants.

Hyper U se trouve à un kilomètre du rond point qui se trouve à 100 mètres du centre-ville,

situé à 200 mètres de l’actuel Super U, donc à plus des 800 mètres annoncés (vrai à vol

d’oiseau)

Le flux journalier passerait de 1663 à 2070 véhicules/jour (une croissance de 413 véhicules/

jour).

Au jour ou la raison impose de diminuer l’utilisation de la voiture, il y aura plus de

 

déplacements motorisés, allongés en moyenne d’un kilomètre.

2070 véhicules parcourant 2 kilomètres (aller et retour) donc 4000km/jour à 6-7l/100

consommeront annuellement 100 tonnes de carburant et rejetteront 300 tonnes de CO2, ce qui

équivaut à la capacité d'absorpsion d'un hectare de forêt équatoriale. !

 

Et l’eau ?

L’imperméabilisation de vastes surfaces, aujourd'hui enherbées, agira sur l’écoulement des

eaux vers la station d’épuration dont le rendement sera réduit en période d’orage.

Quels traitements subiront le petit ru qui irrigue les jardins ouvriers et la Londaine en bordure

du terrain prévu pour Leclerc ?

Ce dernier ruisseau, très capricieux, est enfermé dans les tuyaux sous Champagnole. Le risque

d’engorgement existe, notamment depuis la construction d’un lycée sur une zone humide

asséchée et le remblaiement illégal d’un autre site en amont de Champagnole.

 

Plan social

 

Les 4 grandes surfaces actuelles sont toutes inscrites dans des quartiers à forte densité. L’une,

Colruyt, à proximité du Foyer André Socié. L’autre, Super U, mitoyen du foyer du Mont

Rivel, autre résidence de personnes agées.

L’exception champagnolaise est que les 4 grandes surfaces sont équitablement réparties sur le

territoire. Il nous paraît essentiel de préserver cet équilibre. La plupart des champagnolais

pourraient, s’ils le voulaient, s’approvisionner sans avoir besoin d’un véhicule à moteur.

Beaucoup le font, volontairement ou ne possédant pas d’automobile.

Sur les 3 grandes surfaces, elles-mêmes concurrencées par 2 magasins discount, , deux n’ont

pas une activité suffisante: Casino et Colruyt.

Rappelons que Champagnole, avec 340 m2 de grande surface pour 1000 habitants contre 224

pour le Jura et 140 en France, est suréquipée, ce qui justifia en 2005 l’opposition du Tribunal

Administratif à l’extension du Super U.

Dans le cas de l’installation du seul Hyper U, ce sont trois supers (Colruyt, Super U, Casino)

proches des clients, qui disparaitron, laissant des friches commerciales.

Voyons les conséquences sur la vie de 3 personnes :

Madame A habite rue Edouard Herriot. Elle a 60 ans, possède une voiture mais parcourt à

pied 1200 mètres pour se rendre à Colruyt, 1300 mètres pour se rendre à Super U. Le nouveau

site de l’Hyper sera à 2300 mètres de son domicile. Elle fera donc presque 5 kilomètres, en

voiture cette fois.

Madame B, 58 ans, domicilée aux Pléiades, immeubles HLM, fait ses courses à Colruyt

(200m) ou Super U (400 m). Il lui faudra faire 1500 mètres pour un kilo de sucre. Il n ‘y a pas

d’épiceries plus proches.

Madame C, 81 ans, vit au foyer du Mont Rivel, mitoyen du Super U. Elle perdra le peu

d’autonomie qui lui reste.

Les concepts de circuits courts, commerces de proximité, sont très à la mode. Persistera-t-on

ici à aller à contre-courant en concentrant et excentrant la distribution ?

Tant sur le plan économique (bilan global négatif pour l’emploi (stérilisation du centre-ville) –

social (déstructuration du tissu urbain – atteinte à l’autonomie) et surtout environnemental

(utilisation non pertinente d’un espace précieux, dépendance accrue à l’automobile, les projets

d’Hypers, notamment Hyper U et Leclerc, nous enfoncent un peu plus loin sur la voie d’un

développement insoutenable.

 

Remarques annexes :

Inclure Poligny, dotée de grandes surfaces, tournée historiquement et géographiquement vers

 

Dole et Dijon, dans la zone de chalandise n’est pas réaliste.

De même Crançot, à 10 km de Lons Le Saunier, 25 km de Champagnole. Une supérette n’a

pas pu y subsister.

Pont d’Héry, aussi inscrit dans la zone de chalandise, est à quelques kilomètres de Salins.

Attirer à Champagnole les habitants de ces localités et de bien d’autres non citées, serait

contre-productif sur le plan environnemental.

Un aménagement durable du territoire implique la revitalisation de commerces à dominante

alimentaire dans les bourgs-centres : Andelot, Crançot, Censeau… ainsi qu’au centre de

Champagnole.

 

Bilan carbone

Il est de bon ton de parler de bilan carbone. Ainsi le dossier Hyper U annonce un gain de

51%, par rapport à une solution classique.

Obéissant à la réglementation de 2012, un Hyper U aura bien sûr un bilan carbone meilleur

que la version 1990.

L’argument porterait si la taille de la ville, la zone de chalandise, les structures existantes,

l'évolution démographique justifiaient le projet.

Ce que l’on peut par contre comparer c’est le coût énergétique d’une surface de vente de 5200

m2 et celui d’un super de 1700 m2.

La destruction de Super U pour faire place à des immeubles de « standing » - ce qui semble

l’intention de nos édiles – et la construction d’un hyper U aurait un coût énergétique à la fois

lourd et non justifié par des besoins réels. N’a-t-on pas là la définition même du gaspillage ?

Et si la recherche de l’efficacité énergétique est vraiment un des mobiles du projet, des

travaux de maîtrise de l’énergie sont certainement souhaitables et réalisables sur le site

actuel : isolation, récupération de calories sur les installations de froid, installation de

solatubes pour un éclairage naturel et…solaire en journée.

p.104 – Il est question d’une PAC (Pompe à chaleur) avec un COP (Coefficient de

Performance) de 4 , c’est très étonnant! Dans le dossier on lit: 1kwh elec => 0.108 k CO2 par

contre les chiffres de l'ADEME sont différents : 1kwh elec=>0.156 k CO2.

 

Sécurité

Le site actuel présenterait un “caractère de dangerosité importante ». de nombreux accidents

se produisent au niveau de l’accès… » Renseignements pris : on ne dispose pas de statistiques

pour les accrochages ne nécessitant pas l’intervention de la gendarmerie, qui n’a pas eu à

constater d’accidents corporels. Le site pourrait donc plutôt, étant donné sa grande

fréquentation, être considéré comme très sûr et faisant baisser la moyenne champagnolaise.

Ceci, bien sûr, n’est pas bon pour l’activité de l’hôpital, qui a vu fermer le service de

chirurgie.

 

Certains peuvent penser que le citoyen est apte à tout gober. Et lorsqu’un édile local déclara

en public « oui nous avons beaucoup de surface de Supers, mais nous n’avons pas 1 m2

d’Hyper », il s’exprimait au premier degré, je le crains. Bien sûr la formule du Coca Cola

vendu en Hypers n'est pas la même que celle du Coca vendu en Supers.

Et pourtant, à qui fera-t-on croire que les surfaces commerciales sont condamnées à croitre

sans cesse, en totale déconnection avec le contexte économique, social et environnemental.

Finissons sur une note optimiste – oui – développement durable oblige, c’est écrit en toutes

lettres dans le dossier: il sera possible de se rendre à Hyper U non seulement en voiture, mais

aussi à pied et à vélo !

Lorsque la presse locale dévoilera ce scoop , le champagne coulera dans les Foyers André

Socié et du Mont Rivel.

 

Honorables membres de la CNAC, à votre santé – et vive l’Hyperdéveloppement durable !

 

Citoyens Ecologistes Solidaires

Le Président,

 

Michel Moreau 27 décembre 2010

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15 octobre 2011 6 15 /10 /octobre /2011 15:39

Un fabricant d'avions à vocation guerrière aidait en espèces un grand parti. Malicieux il

confiait : « c'est une de mes danseuses ».

Ce qui se passe au plus haut niveau dans cette république des mallettes n'a-t-il pas sa traduction, à

échelle modeste, au niveau de nos villes de province ?

Bien sûr, ces collectivités-là n'acquièrent point de chasseurs ou bombardiers, mais on y consomme de

l'eau, de l'énergie, des produits alimentaires.

Peut-on imaginer que les grands distributeurs de ces biens vitaux pourraient avoir une autre

démarche à l'égard des décideurs locaux que celle du producteur d'avions d'assaut.

 

Dans une petite ville de cette démocratie occidentale, que je vous adjure de ne point reconnaître, il

semble bien que les puissants distributeurs aient eux-même choisi l'air sur lequel danseront les édiles,

d'ordinaire plus prompts à endosser la tenue de templier du bien public que pointes et tutus.

Non, le gala de danse, par bonheur, ne sera pas public. Les ficelles, qui imposeront des figures

risquées, de grands écarts, seront tirées dans la plus grande discrétion, non sans efficacité.

Ainsi si cette petite ville est parfois présentée, dans les discours des politiques en mal de poésie,

comme une perle dans son écrin vert, c'est bien une merveille d'ingéniosité que le chemin suivi par

un très grand marchand pour s'approprier le site où il érigera son temple, ou plutot sa cathédrale. Le

maire de notre bourgade n'est-il pas catholique confirmé et affirmé ! Oui ! Béni soit qui mal y pense !

La ville en question est heureusement dotée – ne riez pas – d'une commission du développement

durable. Alors on y travaille sur le long terme. Et on n'y désespère pas d'inverser le cours de la

désindustrialisation qui sévit depuis 2 décénnies au moins, de la baise de la démographie, du

vieillissement.

Il faut pour cela se constituer des réserves foncières. Depuis des années, un beau terrain de 3,5

hectares est dans le colimateur des autorités locales.

 

Eté 2009. Le magazine de com ' de l'équipe aux manettes de cette ville décrit le projet de 100

logements sociaux sur ce site idéal, à l'intérieur du périmètre urbain, facile à viabiliser. Enfin, en

novembre 2009, l'affaire est conclue, la propriétaire consciente et satisfaite que ces terres agricoles

fertiles seront dédiées à un habitat que l'on rêve déjà social et écologique.

Comment imaginer une autre destination pour ce terrain ? L'acquéreur n'est-il pas une société dont

l'objet est la construction de logements sociaux.

Stupeur ! Il ne s'écoule pas 1 mois, avant qu'un 9 décembre 2009, cette honorable société convoque

son conseil d'administration, dont le maire est vice-président. Ce CA décide de vendre le terrain si

récemment acquis... à un géant de la distribution.

Celui-ci tentait depuis longtemps, vainement, de mettre le pied dans cette circonscription

administrative située à l'est de ce grand Etat.

Or cette collectivité locale possède une particularité. C'est elle qui dans tout le pays est dotée du

plus grand nombre de mètres carrés de grandes surfaces commerciales par habitant. Comment notre

très grand distributeur s'y est-il bien pris pour convaincre que son implantation en ce lieu où l'offre

commerciale de la grande distribution est déjà tout à fait déconnectée du contexte économique et

social, allait booster l'économie locale et assurer la prospérité des commerces du centre-ville ?

L'argument qui l'a emporté est certainement celui-ci : « La ville X « – lit-on en introduction du

dossier du candidat à l'installation - « accueille 4 supermarchés. Mais il n'y a aucun hyper disposant

d'une surface suffisante pour proposer autre chose que des produits de première nécessité ».

Et c'eset la triste vérité. Nous avons vérifié qu'un des 4 supers n'offre que 50 marques de whiskies,

180 shampooings, et seulement 30 mètres linéaires consacrés aux aliments pour chats et chiens. Pire

encore, hors période de fête, on n'y trouve que 6 marques de foie gras.

Le maire, lui-même très conscient de ces criantes lacunes, s'exclame en public : « Nous avons

beaucoup de m2 de supers. Mais zéro m2 d'hypers. » Comment ignorerait-il que la maison Ricard

 

offre un apéritif plus ennivrant en hyper qu'en super !

 

Et l'affaire va bon train : le 9 mars 2010 est signé un compromis de vente entre le représentant du

distributeur et le directeur de la société d'habitat social.

Mais il suffit d'étudier de près les statuts de la dite société : aucun des 33 paragraphes consacrés à

son objet social ne l'autorise à servir de porteur à cette opération immobilière.

Exquise cerise sur le gros gâteau, le prix : 13 euros le m2. Le mammouth de la distribution écrase le

prix de l'immobilier.

Résultat attendu : dans cette petite ville où il fait bon vivre, même si on y travaille de moins en

moins, le bas prix du terrain à bâtir boostera la construction.

 

Question : pourquoi faire porter cette opération par cette société dont ce n'est évidemment pas l'objet,

au risque de la mettre dans l'embarras ?

Parce qu'à la tête de la ville siègent de fins psychologues. Imaginez le maire proposant d'acheter ce

terrain en annonçant franchement que c'est pour un hyper ! Le prix eût-il été le même ?

De même, au conseil municipal siègent des élus, de droite et de gauche, au fait des prix du terrain à

bâtir sur le territoire de leur ville. Comment justifier ce riche cadeau au groupe cousu d'or ?

 

La morale de l'affaire ? Qu'ils vendent l'eau, l'énergie, la nourriture, les grands groupes ont fait

de nos élus locaux leurs dévoués représentants de commerce. Ils exercent ainsi de plus en plus de

pouvoir sur l'évolution du cadre et des conditions de nos vies. Alors, ici et là, dans cette commune

à l'est de cet hexagone démocratique et libéral, et de par le vaste monde, des voix s'élèvent, des

citoyens résistent. Ce sont souvent des jeunes. Ils veulent des politiques moins ordinaires, moins

dociles, plus dignes.

 

Michel Moreau

Président de Citoyens Ecologistes Solidaires.

 

22 septembre 2011

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8 octobre 2011 6 08 /10 /octobre /2011 09:02

Technique et Civilisation                                                  

 

 

Les Energies Renouvelables: un choix de société

 

« Il est des évènements qui cassent en deux le cours de l’histoire » (Nietzsche).

 

Le printemps 2011 nous en a offert deux.

Un : la défaillance post-tsunami des systèmes de refroidissement des réacteurs d’une centrale japonaise, qui échappe au contrôle de ses créateurs.

Deux : l’immolation par le feu d’un marchand ambulant, jeune, tunisien et diplômé.

 

Sonné, le monde s’éveille à deux évidences.

Une : l’énergie nucléaire ne sera pas l’alternative aux fossiles. L’heure approche où les ER seront l’option dominante des choix énergétiques.

Deux : Il sera de plus en plus ardu d’opprimer en toute liberté. L’aspiration à la démocratie n’est pas une spécificité occidentale, mais universelle.

 

La révolution numérique, détonateur du 1789 arabe, contient aussi la promesse d’une nouvelle donne énergétique de plus en plus décarbonée et démocratique.

Bien sûr, les grands fournisseurs découvrent qu'avec les énergies renouvelables on peut gagner plus en polluant moins. Mais qu’Areva laisse en plan l’EPR et investisse dans l’éolien offshore, le solaire, la géothermie profonde, en compagnie de Total et autres EDF, Energies Nouvelles ne nous chagrinerait point.

Se soucieraient-ils de notre avis ?

 

 

La production répartie

 

En complémentarité et concurrence peut se mettre en place une production répartie d’énergie qui, espérons-le, dépassera la production centralisée.

 

Pensons photovoltaïque.

Une centaine de micro centrales de 50 kW sur des hangars, usines, lycées…, deux cents installations de 3 kW chez des usagers, 10 hectares de photopiles dispersées sur des terrains communaux sans intérêt agricole, d’anciennes carrières, produiraient autant que la centrale projetée par EDF Energies Nouvelles à Rochefort sur Nenon, sur 45 ha de bonnes terres agricoles.

Les agriculteurs continueraient à y produire 60 quintaux de céréales à l’hectare. Et n’est-il pas plus pertinent, sur des terres à blé, d’exploiter la photosynthèse que l’effet photovoltaïque ?

Ces installations de proximité pourront être entreprises par des PME locales. Elles seront la propriété d’usagers, de coopératives, de régies communales ou intercommunales qui réinvestiront les profits dans la maîtrise de l’énergie, la lutte contre la précarité énergétique ou autre….

 

 

Le réseau intelligent

 

De l’ère du charbon à celle du pétrole, du gaz puis de l’électricité (qu’elle soit issue des énergies fossiles ou de la fission de l’atome d’uranium), le flux d’énergie est uni-directionnel. De la mine, de la raffinerie, de la centrale à l'usager, la distance entre le lien de production et de consommation va croissant.

Si bien que 15 % de l’électricité produite se perd en chemin, sept ou huit réacteurs sur 53 brûlent de l’uranium nigérien pour pas grand-chose.

Passif, le consommateur n’a aucun pouvoir sur la technologie de production qui pourtant impacte son environnement, sa santé.

Le mode actuel de distribution de l’électricité est aussi compatible avec une production répartie que les sentiers forestiers avec la pratique de l’automobile.

Hier l'information circulait dans un sens, du producteur, les médias, aux consommateurs.

Grâce aux réseaux sociaux l’individu devient conso-ducteur d’infos, de démocratie, Le Moyen-Orient et le Maghreb se peuplent de citoyens.

De la même façon, des programmes informatiques rendent concevables des réseaux intégrés, intelligents, interactifs, capables de gérer la complexité d’une production d’énergie répartie.

 

 

D’un côté, la production, en partie locale, en partie exogène 

 

Le bio-digesteur de la coopérative laitière, où le lisier des porcs nourris au lactosérum, méthanisé, génère force et chaleur.

La centrale hydraulique de l’ancien moulin.

Sur la colline, les 4 éoliennes de la régie municipale. Les photopiles du lycée, de la grande surface, du hangar agricole et des pavillons, la chaudière à co-génération d’un réseau de chaleur aux plaquettes forestières.

Demain, la pile à combustible de l’automobile, à l’arrêt 96% du temps.

Et plus loin, la centrale thermique au gaz et la centrale nucléaire... pour quelques 20 ans encore.

 

De l’autre côté, la consommation 

 

La machine à laver, encore alimentée en eau froide, le PC, la télé, le frigo, congélateur, les circulateurs, régulations, les lampes à basse consommation….

 

Les situations énergétiques, besoins et productions, seront appréciées en temps réel. Sa consommation sera pilotée pour s’adapter à la production. Le soleil brille et le vent souffle: le surplus est dirigé vers le stockage - barrage, hydrogène. Le courant va où est la demande, au moindre coût. La source la plus proche et toujours préférée.

Déjà aux USA, un ordre transmis par Internet abaisse le thermostat de 1 degré chez quelques milliers d'usagers et réduit instantanément la demande... en chauffage électrique.

Grâce au programme Aladyn, l’usager contrôle la consommation des appareils ménagers et de l’air conditionné en fonction de l’offre.

 

Les individus, les groupes sociaux, coopératives, associations de production répartie (APR), les collectivités, pourront, à l’échelle d’un territoire, produire leur énergie, la mettre en commun, la partager, tout en maîtrisant la consommation.

Et Dieu sait qu’il est possible de faire au moins aussi bien avec moins.

 

 

Un choix de société

 

Dans les années 70 le passage des fossiles aux renouvelables eût relevé d'un choix politique. Aujourd'hui il s'impose par la force des choses.

 

Grâce à l’outil informatique, appelons le réseau intelligent (smart grid), Web énergie, la société peut se réapproprier la gestion des ressources naturelles.

Ainsi la politique reprend le pas sur l’économie, le lien social sur l’isolement consumériste, le pouvoir du citoyen sur celui de l’oligarchie de la finance et du savoir, la compréhension des techniques sur la culture du secret, la prospérité partagée sur la croissance, Nous transitons vers un monde fait de territoires et d'homme plus autonomes et plus solidaires.

 

Notre savoir-faire technique n’est pas neutre, roue, poudre à canons, machine à vapeur, moteur à combustion interne, ont modelé notre milieu de vie et nos relations sociales.

 

L'option nucléaire et la démocratie s'excluent mutuellement.

L'association révolution numérique + Energies Renouvelables est démocratico-compatible et grosse de changements sociétaux positifs.

Les technologies n'existent pas hors des hommes. En France, à la différence de l'Allemagne, la concentration de l'économie entre les mains de quelques hyper-sociétés est une donnée qui n'est pas favorable au passage à une économie citoyenne.

Mais c'est bien un choix que la société devra faire entre production centralisée ou répartie de l'énergie, gestion collective ou purement financière de ces biens communs qui rendent la vie possible: le vent, air en mouvement, sans oublier le Soleil qui a le bon gpût de briller plus fort là où les peuples sont les plus pauvres, eau du torrent ou de la marée, chaleur du noyau de notre Terre à tous.

Le sage Albert Jacquart ne vous le dit-il pas? « Notre avenir est entre nos mains ».

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3 octobre 2011 1 03 /10 /octobre /2011 11:56

 

 

Michel Moreau                                                                                Le 7 octobre 2011

président de Citoyens Ecologistes Solidaires

3 rue A. Dumas

39300 Champagnole

 

 

Monsieur le maire de Sapois

 

 

 

 

 

 

 

Monsieur le Maire,

 

 

Une grave atteinte à l'environnement a été commise sur le territoire de votre commune, à quelques 500m de votre domicile.

Une zone humide, répertoriée comme telle par la DIREN, a été remblayée. L'entreprise de travaux publics responsable est spécialisée dans le terrassememt et les travaux routiers. Il est donc probable que dans les matériaux entreposés soient inclus des revêtements de route à base de goudrons qui ne peuvent être mis n'importe où.

Le remblaiement d'une zone humide au delà de 1000m2 (il s'agit là de 3 à 4 hectares) est soumis à autorisation.

Les travaux n'en ont reçu aucune. Une demande a-t-elle été déposée en mairie ?

Comment un entrepreneur, bien placé pour connaître la réglementation en ce domaine, a-t-il pu se mettre délibérément au-dessus de la loi ?

 

Peut-être avez-vous été complètement ignorant de ce qui se passait dans cette partie du territoire dont vous avez la charge. Vous avez été informé des faits. Désormais vous ne pouvez plus fermer les yeux.

Quelle mesures avez-vous prises pour réparer le dommage ? Depuis 1 an nous attendons une action de votre part. Si vous avez agi, personne ne le sait.

 

Des photos et une vidéo ont été réalisées en aoùt 2010. Elles révélaient l'existence d'une décharge sauvage importante, sise dans un trou creusé à même la nappe. On y voit planches, polystirène, laine de roche, plastiques divers. Des bidons flottent sur l'eau.

Votre commune hébergeait donc la première et espérons-le la seule décharge sauvage du Jura dans une nappe karstique. Combien de temps cette pollution a t-elle duré ? Probablement de longues années. Une semaine après notre passage la décharge avait heureusement disparu. Les matériaux sont partis au centre d'enfouissement du SYDOM, à grand renfort de nombreux camions. Il arrive à l'action écologique d'avoir un résultat.

 

Espérant que vous ne tarderez pas à assumer vos responsabilités, veuillez recevoir monsieur le Maire, l'expression de mes salutations distinguées.

 

 

Michel Moreau

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3 octobre 2011 1 03 /10 /octobre /2011 11:55

   2012 : mieux qu'un rite quinquennal

 

 

1972. Le rapport du MIT confirme l'annonce du Club de Rome : il y a des limites à la croissance. C'est clair : sur notre belle planète l'homme est condamné à l'économie, à l'intelligence du partage.

Je m'engage alors dans le parti le mieux à même de porter ces valeurs vitales : le tout nouveau PS. Une évidence me semble devoir crever les yeux : on ne peut être de gauche sans être écologiste.

Vite, on me traîte d'utopiste. Je prèche dans le désert jusqu'en 1979 où je participe à l'aventure des Européennes avec Europe Ecologie.

Mais aujourd'hui je fais un rêve : en 1972, Arnaud ne s'agite pas en culotte courte dans la boucherie familiale. C'est un responsable du nouveau parti, un pionnier de la mutation écologique. Que de temps gagné ! Les grandes régions du monde subviennent à leurs besoins. L'Afrique se nourrit ! En France on produit acier, photopiles, vêtements... La rosette est artisanale. L'intelligence énergétique n'est plus un concept. Elle est mise en œuvre. Scoops et collectivités locales installent et gèrent eux-mêmes mini-centrales solaires et parcs éoliens.

De l'écologie, le PS a fait non pas un élément de son programme mais son axe. Des déçus du PS, dont je fus, n'auront pas à porter, en 1984, le parti Vert sur les fonds baptismaux d'une ancienne abbaye à Cirey-les-Bellevaux.

Et je rêve aussi qu'Arnaux, Eva et jean-Luc nous mèneront vers une société où la corruption n'est pas la règle pour qui fait commerce de biens ou de services. Mais les armes et les réacteurs sont-ils bien des « biens »... Faire de l'énergie, de l'eau, de l'éducation, des marchandises est-il rendre service ? Ces catalyseurs d'une union de la gauche font naître l'espoir d'un monde où le pouvoir est dissociable du secret, et la démocratie mieux qu'une illusion d'optique.

Oui, l'élection de 2012 peut être autre chose qu'une cérémonie quinquennale.

 

Michel Moreau

Ancien président de Jura Ecologie,

Président-fondateur de l'AJENA

Ex-Conseiller Régional, qui sortit du Conseil Général du Jura le Président-Sénateur avec l'appui du PS au second tour.

 

 

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26 septembre 2011 1 26 /09 /septembre /2011 11:54

Allez les Verts !

 

A gauche on déplore que le Jura n'ait pas participé au séisme sénatorial. On s'interroge sur les raisons de cet échec. L'accord PS-Europe Ecologie-les Verts, signé au niveau national, n'a pas été respecté dans notre département. Pourquoi ? Mais comment comprendre le maintien au 2e tour de la candidate écologiste méritante, mais qui, il faut l'admettre, n'a plus l'âge de ses ambitions. Elle qui s'est toujours ouvertement située à gauche, a permis que Mr Bailly retrouve son siège confortable au Sénat.

Morale de l'histoire : les Verts devront s'intéresser plus à l'écologie qu'à une carrière politique, qui ne peut être légitimée que par une action et une présence sur le terrain des luttes écologistes.

Arborer une carte d'EELV n'est la condition ni suffisante ni nécessaire pour être écologiste et exister politiquement hors PS et dans une majorité de gauche.

Rappelons qu'il y a 20 ans, en 1992, l'écologie jurassienne atteignait presque 20 % aux élections régionales ; en 2010 elle frisait les10 % au niveau de la Franche Comté.

 

Michel Moreau

Ex Conseiller Régional et Général Ecologiste

Ex-président de Jura Ecologie

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24 septembre 2011 6 24 /09 /septembre /2011 20:00

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 Le propriétaire de la décharge sauvage dit : "C'est quoi la caméra là bas, vous avez pas le droit d'filmer",

puis :  "on fait c'qu'on veut? "

 

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Michel Moreau en informe l'ONEMA, l'Office National de l'Eau de des Milieux Aquatiques. La commission de protection des eaux dépose une plainte pour remblaiement de la zone humide sur 3 hectares sans autorisation. 

 

Lien vers la vidéo: 

https://www.youtube.com/watch?v=5RaBBOGgDKs&feature=player_embedded

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22 septembre 2011 4 22 /09 /septembre /2011 10:46

 

Dossier Hypermarchés

 


Les Faits

 

L’association Citoyens Ecologistes Solidaires s’était associée aux 4 recours déposés le 1er/09/2010 auprès de la Commission Nationale d’Aménagement Commercial (CNAC), par la Fédération Jura Nature Environnement (JNE), contre les 4 avis favorables de la Commission Départementale d’Aménagement Commercial (CDAC) transmis le 6 août 2010 et le 6 septembre 2010. (Le 6 aout : 2 projets de création d’hypermarchés ( Leclerc et Hyper U), et un projet d’extension d’un Intermarché et le 6 septembre : création d’un ensemble commercial accolé au projet de l’Hyper U. Par courrier du 4 février 2011 et du 10 février 2011, la CNAC décide le rejet des 4 recours.

La Fédération Jura Nature Environnement a connu une période difficile fin 2010, s’étant vue menacée du non versement d’une subvention accordée en juin 2010 par le Conseil Général du Jura qui présentait ces recours émanant d’une association de défense de l’environnement comme une entrave au développement économique du secteur de Champagnole : l’écologie s’opposait à l’économie.

 

Cette subvention accordée pour des actions déjà accomplies tut rétablie par la Commission Permanente le 23/01/2011 après que JNE eut renoncé à l’organisation d’une manifestation publique devant le Conseil Général le 13/01/2011.

 

Après ces péripéties qui ébranlèrent JNE, qui avait néanmoins maintenu son recours auprès de la CNAC, c’est donc l'association Citoyens Résistants qui en appelle au Tribunal Administratif, appuyée par l'association Citoyens Ecologistes Solidaires, responsable du dossier suivant.

JNE s’était attachée à exposer les aspects environnementaux des 3 projets. Nous les abordons de façon plus compréhensive, utilisant la grille d’analyse du développement durable, lequel est très évoqué dans les projets d’hypers.

 

La question de fond est bien : L’installation de 3 hypers dans le contexte champagnolais est-il compatible avec la recherche d’un développement durable ? Etudions-en les effets croisés sur les piliers du Développement Durable, l’économie, le social et l’environnement qu’il convient de concilier au mieux.

 

 

Plan Economique

Deux notions s’imposent.

Via ses centrales d’achat la grande distribution contribue à la concentration des moyens de production et à la délocalisation dans les domaines agricoles comme industriel. Elle exploite un concept simple :distribuer plus en employant moins.

Au niveau de la distribution qu'elle concentre, elle supprime des emplois qui ne sont qu’en partie suppléés par d’autres souvent précaires et à temps partiel. Parmi les salariés percevant moins de 750 € par mois les caissières sont majoritaires. Sachant qu'une caisse automatique dont le cpût est de 15000 euros, est vite amorti. La disparition des caissières est programmée à court terme.

Dans le cas qui nous concerne le seul Hyper U avec sa galerie marchande et 4000m2 de «magasins satellites» déséquilibrerait les conditions du commerce local. Le centre ville, notamment l’avenue de la République, l’artère principale qui sort d’un réaménagement coûteux, perdra toute attractivité économique, ce dont sont conscients les 1 700 signataires d’une pétition initiée par le collectif « consom’acteurs ».

Au sujet de Leclerc, voici l’avis de la Direction départementale des Territoires: « Proche du centre ville, ce projet d’envergure risque de déséquilibrer le commerce existant du centre ville ». La DDT donne un avis réservé quant à ce projet.

Environnement et social

La Terre promise... au goudron.

Le bilan est lourd : 10.5 hectares de terres agricoles parmi les meilleures du secteur seront artificialisés.

Est-il responsable aujourd’hui d’accélérer, la disparition du potentiel de production alimentaire. Nous exposerons plus loin quelle pourrait être une utilisation plus pertinente de ces précieux espaces ?

Notons que l’utilisation de ces terrains productifs serait en contradiction totale avec les principes et objectifs de la charte « Agriculture, Urbanisme et Territoires » sur laquelle se sont engagés l’Etat, le Conseil Général du Jura, l’Association des Maires du Jura et la Chambre d’Agriculture (pièce n° ).

 

Plus de voitures - des trajets plus longs

L’urbanisation que l’on peut qualifier de conventionnelle, en interaction avec le développement de l’automobile, s’est caractérisée par la création de zones où se concentrent les très grandes surfaces à la périphérie de nos villes.

De même que la distance n’a cessé de croître entre le lieu où un bien est produit et celui où il est consommé, le lieu où il est accessible localement s’est régulièrement éloigné du consommateur.

Dans le dossier d’Hyper U se trouve une illustration de la dépendance à l’automobile qu’impose ce développement non durable de la distribution. Aujourd’hui le parking du Super U existant accueille 1600 véhicules/jour. Demain celui du nouveau magasin en accueillerait 413 de plus. Il se situerait à 1km plus loin du centre ville.

Ces 2000 véhicules parcourant quotidiennement 4000 kms supplémentaires consommeraient près de 300 litres de carburant achetés aux pompes de la station service de l’hyper. L’émission des 300 tonnes annuelles de C02 excèderaient la capacité d’absorption d’un hectare de forêt équatoriale.

 

Mais ne devrons-nous pas en 2050 avoir divisé par 2 nos rejets de gaz à effet de serre

L’exception champagnoIaise

Notre cité peut se prévaloir d’une situation très particulière les 4 supers sont répartis équitablement sur le territoire urbain. Chacun est intégré à un quartier à forte densité de population.

Deux d’entre eux, Colruyt et Super U qui sont appelés à disparaître, l’un déménageant et l’autre probable victime de la concurrence des hypers, jouxtent des foyers de personnes âgées qui les fréquentent régulièrement.

Ainsi 80% des champagnolais vivent à moins de 500m d’un super. Tout l’habitat social, où résident la plupart des non motorisés, jouit de cette circonstance favorable.

Sans parler de Leclerc, la création du seul Hyper U amènera, c’est très probable, la fermeture de Colruyt et de Casino. Champagnole compte déjà suffisamment de friches commerciales. La proportion des champagnolais résidant à moins de 500m d'une grande surface tombera à 30%.

Voyons les conséquences sue la vie de 3 personnes

Madame A. habite rue E. Herriot. Elle a 60 ans, possède une voiture mais parcourt à pied 1200 mètres pour se rendre à Colruyt, 1300 pour Super U. Le nouveau site sera à 2300 m. Elle s’y rendra en voiture et parcourra près de 5 kms.

Madame B, 58 ans, domiciliée aux Pléiades, immeuble FILM, fait ses courses à Colruyt (200m) ou Super U (300m). Il lui faudra faire près de 3kms à pied pour acheter un kilo de sucre. Mmc B n’est

pas motorisée.

Madame C, 81 ans, vit au Foyer du Mont Rivel. Mitoyen de Super U. Elle perdra le peu d’autonomie qu’il lui reste. Merci pour elles. Et ceci au moment même où les urbanistes veulent créer des quartier mixtes habitat-commerces.

Et l’Eau

L'eau collectée sur les parkings et la station service transitera par des déshuileurs puis sera dirigée vers un bassin de rétention. Elle sera restituée au milieu naturel par infiltration.

La pollution sera inévitable. En effet les déshuileurs ont une efficacité toute relative, souvent en dessous des 50% en termes de rendement. Leur dimensionnement, leur entretien, le fait qu'ils ne soient souvent pas adaptés à la pollution dite chronique ( ce qui est le cas pour des surfaces imperméabilisées pour parkings) laissent songeurs quant à leurs performances « voir étude 2005 ENGREF Montpellier et INSA Lyon – Synthèse technique des données sur l'efficacité réelle des séparateurs à hydrocarbures et étude traitement des eaux de ruissellement routières SETRA – Equipement – Avril 2009.

Quel traitement subiront le ru qui irrigue les jardins familiaux et la Londaine en bordure de Leclerc ? Ce ruisseau capricieux, victime de pollutions répétées, dont les rives sont mal entretenues, est enfermé dans des tuyaux sous Champagnole.

Le risque d’engorgement et d’inondations, qui sont déjà survenus, est aggravé par la construction d’un lycée sur une zone humide asséchée et le remblaiement illégal d’une autre zone humide de 4 hectares en amont de Champagnole, sur une commune limitrophe, membre de la communauté de communes. Cette atteinte à l'environnement n'a pas retenu l'attention du président de la dite communauté, maire de Champagnole.

Bilan Carbone

C’est très tendance et les promoteurs ne tarissent pas sur les économies de gaz à effets de serre que ferait réaliser leur projet. Ainsi le dossier Hyper U fait état d’un « gain de 51% par rapport à la solution classique». Bien évidemment, obéissant à la RT 2012 (et non 2010 comme il est cité dans un des considérants), un Hyper U aura un meilleur bilan carbone que la version 1998 d’une même structure.

Ce qu’il importe de comparer c’est le coût énergétique d’une surface de vente de I 700m2 et celui d’un hyper de 5200m2. La consommation d'énergie d'un tel bâtiment, même réduite de 50%, ce qui est fort optimiste, par rapport à une « solution classique » (laquelle?) , excédera d'au moins 25% celle de l'actuelle grande surface.

La destruction de Super U, puis la construction de l’hyper présenterait un bilan énergétique aussi lourd qu’injustifié au regard des besoin réels. N’a-t-on pas là l’exemple même d’un gaspillage inacceptable.

Admettons que l’objet du projet soit vraiment la quête de l’efficacité énergétique. Eh bien des travaux de maîtrise de l’énergie peuvent être réalisés, sur le site actuel : isolation renforcée, récupération de calories sur les installation frigorifiques, pose de solatubes pour un éclairage naturel et solaire en journée qui assure un bon confort de travail au personnel, et permet des économies considérables.

Leclerc prétend contribuer aux Energies Renouvelables, grâce à une centrale photovoltaïque. Or,le plan montre des panneaux posés sur un toit plat. Le rendement sera correct au cœur de l’été, très faible de septembre à avril, nul sous la neige qui tiendra sur un toit bien isolé.

S’il y a un toit où il faut éviter d’installer du solaire photovoltaïque à Champagnole c’est bien celui-là.

La gestion de l’énergie, des déchets, de l’eau y sera au niveau 2012. Le tri des déchets, l’utilisation des frigories pour produire des calories, l’isolation ne sont pas, à proprement parler, des innovations.

C’est le moins que l’on pût espérer d’une construction neuve. Mais tout cela est bien respectueux des réglements et serait pertinent si la taille, la nature de la zone de chalandise et le poids du bassin de l’emploi le justifiaient, ce qui ne saute pas aux yeux.

Remarques techniques

P 104 — il est question d’une PAC (pompe à chaleur) avec un COP (coefficient de performance) très très bon : 4.

Dans le même dossier Hyper U on lit 1kwh électrique -> 0.108 kg de CO2. Les chiffres de I’ADEME sont différents: I kwh électrique-> 0.150kg de C02.

Remarques annexes

Sécurité.

Le site actuel de Super U présenterait « un caractère de dangerosité important. De nombreux accidents s’y produisent au niveau de l’accès. » Renseignements pris : on ne dispose pas de statistiques pour les accrochages ne nécessitant pas l’intervention de la gendarmerie, qui n’a pas eu à constater d’accidents corporels. Le site, pourrait donc étant donné sa grande fréquentation, être considéré comme relativement sûr et faisant baisser la moyenne champagnolaise dans le domaine des accidents.

 

Zone de chalandise et contexte économique et social

Les zones de chalandise de Leclerc et d’Hyper U ne se superposent pas. Celle de Leclerc inclut Morez et Morbier, celle d’HyperU inclut Poligny. Ces centres sont pourvus de grandes surfaces. Qui prétend lutter contre l’évasion commerciale afin de limiter les gaz à effet de serre peut-il vouloir faire déplacer moréziens et polinois jusqu’à Champagnole ? Ce n’est pas cohérent. De plus Poligny est géographiquement tourné vers Dole et Dijon via l’autoroute.

 

En public le maire de Champagnole a annoncé qu'un Leclerc attirerait 15000 clients supplémentaires à Champagnole, qui fréquenteraient aussi les commerces du centre ville. 15000 c'est les populations réunies de Morez, Morbier, Poligny.

 

De même, de Crançot, à 10 kms de Lons le Saunier et 25 de Champagnole, on continuera à s’approvisionner à Lons, où travaillent la majorité des habitants. Une supérette n’a pu s’y maintenir. Pont d’Héry, aussi dans la zone de chalandise, est à quelques kilomètres de Salins-les-bains.

C’est une revitalisation de commerces alimentaires dans les bourgs-centres Andelot, Crançot, Censeau ainsi qu’au centre de Champagnole qu’exige la recherche d’un aménagement du territoire compatible avec le Développement Durable.

Contexte économique et social

La ville a connu une grave désindustrialisation et une chute de la population, concomitantes avec l’installation de 4 supers. Ceux-ci n’ont pas dynamisé l’économie locale comme prétendent le faire les promoteurs des nouveaux hypers. Une bonne part du commerce indépendant, notamment alimentaire, a disparu. Une boucherie réputée, longtemps fermée, a trouvé un repreneur jeune et dynamique. Tiendra-t-il ? Quid des librairies, bijouteries, marchands de vêtements et chaussures ?...

 

Le vide créé par l’effondrement de pans entiers de l’industrie traditionnelle, forges, meubles, cimenteries.., n’a été qu’en faible partie comblé par des transferts d’usines qui étaient situées dans des communes proches, vers Champagnole et les communes limitrophes.

«La perle du Jura dans son écran de verdure» - empruntons le cliché des édiles en mal de discours — est une ville agréable. L’habitat s’y est développé. On habite à Champagnole. On travaille ailleurs. L’évasion du travail est bien plus préoccupante que l’évasion commerciale à laquelle elle contribue d’ailleurs. La fermeture de la maternité et plus récemment de la chirurgie à l’hôpital génèrent aussi des déplacements vers Pontarlier et Lons le Saunier.

Champagnole avec ses 8133 habitants constitue la part la plus importante de la zone de chalandise primaire (10775), et plus de 50% de l’ensemble zone primaire plus secondaire.

Sur les 50 communes de cette zone, Champagnole pointe à la 38e place avec 15469€ par foyer fiscal. La moyenne jurassienne est de 16868€ et française 17497€. Cette proportion est inversée si l’on compte les m2 de grande surface par 1000 habitants (Champagnole : 310, Jura 224, France: 140). Ainsi c’est la ville où le niveau de vie est le plus bas qui bénéficie des aménagements commerciaux les plus importants.

Faut-il y voir un paradoxe où la démonstration que l’hypertrophie de la distribution n’assure pas la vigueur économique?

En France un salarié sur 4 dispose d’un revenu inférieur à 750 euros. C’est probablement plus ici. De même la précarité énergétique est aussi une réalité locale. Le coût de l’énergie grimpant elle concerne de plus en plus de foyers. Les nombreux champagnolais travaillant à Lons, Morez. Pontarlier et le Haut Jura, voire la Suisse souffrent de l’augmentation du prix des carburants qui n’est pas que conjoncturelle.

Alors on est loin de la vision utopique de Leclerc décrivant « un bassin de vie dont l’importance en terme de dynamisme économique et de population appelle un hypermarché » qui disposerait d’une surface suffisante pour présenter un assortiment ne se limitant pas aux produits de première nécessité.

Vérification faite un super local offre 50 marques de whisky, 40 mètres de linéaire sur 6 rayons d’aliments pour chats et chiens, au moins 120 shampoings. Bien sûr on peut regretter qu’on y trouve hors période de fêtes que 6 références de foie gras.

S’il n’y a pas de corrélation positive entre le suréquipement commercial de la ville et le niveau de vie de ses habitants, ceux-ci peuvent-ils attendre des effets bénéfiques de la croissance de cette offre commerciale ?

Utilisation de l’espace et Développement Durable

La quête de Développement Durable inclut bien sûr une réflexion sur l’usage fait de l’espace. Quelques semaines avant la réunion de la CDAC le POS était modifié et les 10.5 hectares destinés à Hyper U et Leclerc devenaient compatibles avec leur installation.

Hyper U et ses « magasins satellites » utiliseront 7 hectares. Aujourd’hui un cultivateur y produit du foin, un paysan boulanger le blé pour son pain bio. Les locataires d’HLM y jardinent dans un environnement idéal, abrité, bien orienté et irrigué par un ru issu du Mont Rivel, qui ne tarit pas.

Démocratiser l'accès à une alimentation saine, c'est possible !

Ainsi une régie municipale agricole pourrait, en employant des personnes en insertion à la manière des jardins de cocagne de Besançon, approvisionner en légumes bio l’ensemble de la restauration collective. Le problème de l’encadrement ne se pose pas; chaque année le CFPPA de Montmorot forme des maraîchers qui, étant donné le prix du foncier, ont des difficultés à s’installer.

On peut même imaginer un rucher pédagogique et un verger.

A l’heure où l’on parle de circuits courts, de l’urgence de protéger les enfants des effets des produits phytosanitaires, terme politiquement correct pour désigner les pesticides, entre pommes de terre, carottes, courgettes et autres poireaux, et parkings bitumés, voire engazonnés et arborés, le choix de la raison est évident.

Quant au terrain de Leclerc, il a été acheté, pour partie la plus importante, la parcelle 224 de 1.8 hectares, par le Foyer Jurassien fin 2009. Trois mois plus tard, le 11 mars 2010, le Foyer jurassien signait un acte de vente à la société SODELDIS (annexé au dossier Leclerc). La décision de cette vente a été prise le 9/12/09 par le CA du Foyer Jurassien dont le maire de Champagnole, supporter de Leclerc, est vice-président.

Cerise sur le gâteau : le prix du m2 : 13€. A Champagnole, Leclerc écrase le coût de l'immobilier. Les petits candidats à la construction profiteront-ils d'une telle aubaine ? Consultant les statuts du Foyer Jurassien, on recherchera en vain ce paragraphe qui, dans l'objet social de cette société, permettrait de jouer ce rôle d'intermédiaire immobilier au profit d'un grand de la distribution.

Ces 3.58 hectares, sis dans le périmètre urbain, étaient réservés à de petits collectifs (100 logements); On ne peut rêver d’un site plus approprié pour accueillir de l’habitat social de qualité. C’était d’ailleurs prévu. On parlait de 100 logements, de gestion exemplaire de l’espace, de l’eau, de l’énergie, bâtiments basse consommation, d’énergies renouvelables (Champamag, juillet 2009).

Ce rêve de voir Champagnole se distinguer par la qualité environnementale de son habitat social ne se réalisera pas. L’avenue Clémenceau s’ornera de l’imposante façade d’un Hyper U superfl'U et d’esthétiques alignements automobiles sur 13.000m2 dûment imperméabilisés, voire arborés.

Champagnole, qui dispose déjà de surfaces de parkings supérieures à celles des autres villes jurassiennes, battra évidemment le record de l'espace goudronné dédié à la voiture.

Mais pourquoi le Foyer Jurassien, dont la raison sociale est prioritairement la construction d’habitat social, a-t-il acquis puis aussitôt revendu ce magnifique terrain, à un prix que beaucoup jugent très avantageux, au géant de la distribution (407.430€ pour 3.01 hectares).

Devant un prix aussi attractif, la commune de Champagnole ne devait-elle pas user de son droit de préemption pour se constituer une réserve foncière dans cet endroit privilégié ?

Remarque de la DDT: « la localisation de la zone du projet Leclerc semble mieux adaptée à un projet d’habitat dense ». D’où un avis réservé.

 

Concluons

Certains peuvent penser que le citoyen est apte à tout gober, à l’instar d’un édile local aux multiples responsabilités, qui déclare en public « oui nous avons beaucoup de m2 de supers mais O m2 d’hypers». Il s’exprimait au 1er degré, je le crains, persuadé que la formule du coca vendu dans ses futurs hyper sera supérieure à celle du coca de nos supers.

Et pourtant à qui fera-t-on croire que les surfaces commerciales sont condamnées à croître sans cesse, en totale déconnection avec le contexte économique et social ?

Finissons sur 2 notes optimistes.

1 - En 2005, le TA de Besançon a annulé la décision de la CDAC autorisant la création d’un Hyper U. Le motif étant que Champagnole était déjà surdotée en grandes surfaces. Qu’en serait-il demain ? avec les 5300m2 de Leclerc, les 9200m2 de plus de l’ensemble Hyper U — magasins satellites, et les 750m2 supplémentaires d’Intermarché.

2 - Oui — développement durable exige — c’est écrit en toutes lettres dans les dossiers, on pourra se rendre aux nouveaux hypers à pied et à vélo. L'éloignement des magasins stimulera l'activité physique des non-motorisés . Voyons : bouger c'est facile et bon pour la santé. Lorsque la presse locale dévoilera ce scoop, le champagne coulera à flots dans les foyers André Socié et du Mont Rive!. Malheureusement l’offre étant actuellement basique et répétitive - Leclerc dixit - ils n’auront le choix qu’entre une cinquantaine de crus.

Tant sur le plan économique (bilan négatif pour l’emploi, destruction de commerces), social (destructuration du tissu urbain, atteinte à l’autonomie des plus fragiles, aggravation des inégalités) et aussi environnemental (artificialisation de plus de 10 hectares, gaspillage de cet espace précieux, dépendance accrue à l’automobile), les projets d’hypers, notamment Hyper U et Leclerc, nous conduisent plus loin sur la voie d’un développement insoutenable.

La morale de ces affaires : les plus en plus riches ont de plus en plus de pouvoir sur l'aménagement de nos villes, les conditions de nos vies.

Ici et là s'élèvent des voix, notamment de jeunes, qui exigent des politiques moins ordinaires, moins dociles, bref, plus dignes.

 

 

Michel Moreau

Président de Citoyens Ecologistes Solidaires

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22 septembre 2011 4 22 /09 /septembre /2011 10:40

les grands marchands font leurs emplettes

 

 

Un fabricant d'avions à vocation guerrière aidait en espèces un grand parti. Malicieux il confiait : « c'est une de mes danseuses ».

Ce qui se passe au plus haut niveau dans cette république des mallettes n'a-t-il pas sa traduction, à échelle modeste, au niveau de nos villes de province ?

Bien sûr, ces collectivités-là n'acquièrent point de chasseurs ou bombardiers, mais on y consomme de l'eau, de l'énergie, des produits alimentaires.

Peut-on imaginer que les grands distributeurs de ces biens vitaux pourraient avoir une autre démarche à l'égard des décideurs locaux que celle du producteur d'avions d'assaut.

 

Dans une petite ville de cette démocratie occidentale, que je vous adjure de ne point reconnaître, il semble bien que les puissants distributeurs aient eux-même choisi l'air sur lequel danseront les édiles, d'ordinaire plus prompts à endosser la tenue de templier du bien public que pointes et tutus.

Non, le gala de danse, par bonheur, ne sera pas public. Les ficelles, qui imposeront des figures risquées, de grands écarts, seront tirées dans la plus grande discrétion, non sans efficacité.

Ainsi si cette petite ville est parfois présentée, dans les discours des politiques en mal de poésie, comme une perle dans son écrin vert, c'est bien une merveille d'ingéniosité que le chemin suivi par un très grand marchand pour s'approprier le site où il érigera son temple, ou plutot sa cathédrale. Le maire de notre bourgade n'est-il pas catholique confirmé et affirmé ! Oui ! Béni soit qui mal y pense !

La ville en question est heureusement dotée – ne riez pas – d'une commission du développement durable. Alors on y travaille sur le long terme. Et on n'y désespère pas d'inverser le cours de la désindustrialisation qui sévit depuis 2 décénnies au moins, de la baise de la démographie, du vieillissement.

Il faut pour cela se constituer des réserves foncières. Depuis des années, un beau terrain de 3,5 hectares est dans le colimateur des autorités locales.

 

Eté 2009. Le magazine de com ' de l'équipe aux manettes de cette ville décrit le projet de 100 logements sociaux sur ce site idéal, à l'intérieur du périmètre urbain, facile à viabiliser. Enfin, en novembre 2009, l'affaire est conclue, la propriétaire consciente et satisfaite que ces terres agricoles fertiles seront dédiées à un habitat que l'on rêve déjà social et écologique.

Comment imaginer une autre destination pour ce terrain ? L'acquéreur n'est-il pas une société dont l'objet est la construction de logements sociaux.

Stupeur ! Il ne s'écoule pas 1 mois, avant qu'un 9 décembre 2009, cette honorable société convoque son conseil d'administration, dont le maire est vice-président. Ce CA décide de vendre le terrain si récemment acquis... à un géant de la distribution.

Celui-ci tentait depuis longtemps, vainement, de mettre le pied dans cette circonscription administrative située à l'est de ce grand Etat.

Or cette collectivité locale possède une particularité. C'est elle qui dans tout le pays est dotée du plus grand nombre de mètres carrés de grandes surfaces commerciales par habitant. Comment notre très grand distributeur s'y est-il bien pris pour convaincre que son implantation en ce lieu où l'offre commerciale de la grande distribution est déjà tout à fait déconnectée du contexte économique et social, allait booster l'économie locale et assurer la prospérité des commerces du centre-ville ?

L'argument qui l'a emporté est certainement celui-ci : « La ville X « – lit-on en introduction du dossier du candidat à l'installation - « accueille 4 supermarchés. Mais il n'y a aucun hyper disposant d'une surface suffisante pour proposer autre chose que des produits de première nécessité ».

Et c'eset la triste vérité. Nous avons vérifié qu'un des 4 supers n'offre que 50 marques de whiskies, 180 shampooings, et seulement 30 mètres linéaires consacrés aux aliments pour chats et chiens. Pire encore, hors période de fête, on n'y trouve que 6 marques de foie gras.

Le maire, lui-même très conscient de ces criantes lacunes, s'exclame en public : « Nous avons beaucoup de m2 de supers. Mais zéro m2 d'hypers. » Comment ignorerait-il que la maison Ricard offre un apéritif plus ennivrant en hyper qu'en super !

 

Et l'affaire va bon train : le 9 mars 2010 est signé un compromis de vente entre le représentant du distributeur et le directeur de la société d'habitat social.

Mais il suffit d'étudier de près les statuts de la dite société : aucun des 33 paragraphes consacrés à son objet social ne l'autorise à servir de porteur à cette opération immobilière.

Exquise cerise sur le gros gâteau, le prix : 13 euros le m2. Le mammouth de la distribution écrase le prix de l'immobilier.

Résultat attendu : dans cette petite ville où il fait bon vivre, même si on y travaille de moins en moins, le bas prix du terrain à bâtir boostera la construction.

 

Question : pourquoi faire porter cette opération par cette société dont ce n'est évidemment pas l'objet, au risque de la mettre dans l'embarras ?

Parce qu'à la tête de la ville siègent de fins psychologues. Imaginez le maire proposant d'acheter ce terrain en annonçant franchement que c'est pour un hyper ! Le prix eût-il été le même ?

De même, au conseil municipal siègent des élus, de droite et de gauche, au fait des prix du terrain à bâtir sur le territoire de leur ville. Comment justifier ce riche cadeau au groupe cousu d'or ?

 

La morale de l'affaire ? Qu'ils vendent l'eau, l'énergie, la nourriture, les grands groupes ont fait de nos élus locaux leurs dévoués représentants de commerce. Ils exercent ainsi de plus en plus de pouvoir sur l'évolution du cadre et des conditions de nos vies. Alors, ici et là, dans cette commune à l'est de cet hexagone démocratique et libéral, et de par le vaste monde, des voix s'élèvent, des citoyens résistent. Ce sont souvent des jeunes. Ils veulent des politiques moins ordinaires, moins dociles, plus dignes.

 

 

Michel Moreau

Président de Citoyens Ecologistes Solidaires.

 

 

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