Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
5 septembre 2014 5 05 /09 /septembre /2014 14:43

 

Avec 136 TWH/h le bois produit aujourd'hui 7% de l'énergie finale consommée en France.

Le scénario Négawatt prévoit un doublement de cette production qui conduirait à multiplier par 4 la couverture de la consommation d'énergie finale, celle-ci ayant été divisée par 2 par les efforts de sobriété et d'efficacité énergétique.

 

La France est couverte à 30% par la forêt, la Franche-Comté à 45%. C'est la 2ème région où le bois-énergie est le mode de chauffage principal. 160000 appareils de chauffage à bûches consomment 1.800.000 stères (1.000.000 de tonnes).

320.000 tonnes de bois déchiqueté sont valorisées notamment dans 80 chaufferies industrielles, surtout dans les scieries pour le séchage du bois.

Quand il s'est avéré intéressant d'avoir du bois sec EDF a promu des séchoirs électriques ! La société Eurochêne, conseillée par AJENA, après une étude prise en charge par l'AFME (Aujourd'hui ADEME), fut la première entreprise régionale à substituer ces sciures et écorces à l'électricité nucléaire dans une chaudière fabriquée en France par la société Compte.

Dès les années 80 la Franche-Comté s'est engagée dans la bonne voie. Grâce au plan Bois Energie lancé en 1994 les installations et les puissances ont augmenté considérablement.

En 2012 les 410 chaufferies collectives, privées ou publiques, ont consommé 87000 tonnes de plaquettes.

 

Pour la production et le stockage de ces plaquettes la région Franche-Comté est bien placée

 

Etant donné cette avance prise par la Franche-Comté, qui se traduit par une consommation de 1.300.000 tonnes de bois et une puissance installée passée de 2002 à 2012 de 20 MW à 80, notre région a déjà fait la moitié du chemin prévu pour 2050 par le scénario Négawatt. Il lui reste à augmenter de 50% l'énergie produite par le bois à cet horizon.

 

Mais la ressource existe-t-elle ? Oui si l'on en croit les estimations de la DRAAF (Direction Régionale de l'Agriculture et de la Forêt) et de l'ADIB (Agence pour le Développement de l'Industrie du Bois), collectées par l'INSEE : le potentiel exploitable en bois-énergie et non exploité est de 700.000 tonnes. D'autre part le rendement des systèmes de conversion du bois en énergie progressera.

On peut être raisonnablement optimiste et penser que notre forêt n'aura pas à subir un impact trop important des dérèglements climatiques. Mais là rien n'est sûr.

L'exploitation forestière n'est pas partout possible et elle n'a pas le même coût.

L'augmentation de la demande créée par de nouvelles chaufferies peut entraîner une tension sur les prix. Et les 160.000 utilisateurs de bûches n'ont pas tous de gros budgets.

Néanmoins il reste une marge importante à exploiter.

 

Une politique d'aide à des travaux d'isolation, à l'acquisition de fourneaux ou chaudières (fournaises » disent nos amis du Québec) plus performants peut faire baisser la consommation des ménages.

Dans l'habitat collectif, notamment social, la priorité sera donnée à la substitution du bois à l'électricité, réservant celle-ci à ses usages spécifiques.

Après la chaufferie pionnière de Champvans près de Dole, l'AJENA a piloté de nombreuses installations collectives.

 

Gazéification

 

De nombreux appartements chauffés aujourd'hui au gaz naturel fossile pourraient l'être demain au gaz produit par gazéification. A l'issue de certaines phases, qui incluent pyrolyse et combustion en déficit d'oxygène, le bois produit du gaz de synthèse (syngaz). Cette technique pourrait selon le scénario Négawatt concerner près de 45% du bois-énergie en 2050.

 

Quels sont les avantages de la gazéification

 

Une tonne de bois à 25% d'humidité produit 600m3 de gaz. Le PCI (pouvoir calorifique) d'un kilo de bois est de 3 KW/h. Celui d'1 m3 de gaz équivaut à 11 ou 12 KW/h. La gazéification produit moins de fumées et de poussières que la simple combustion.

En cas de cogénération il est plus efficace d'utiliser une turbine à gaz que de passer par le cycle de la vapeur. Dans certains procédés de gazéification les cendres sont vitrifiées donc chimiquement stables. Les métaux lourds sont neutralisées.

On s'interroge en Suisse : n'y aurait-il pas là une alternative écologique et économique à la combustion décentralisée du bois-énergie ?

Mais dès qu'il est question de centralisation l'énergéticien s'interroge : la gazéification requiert-elle pour être rentable d'énormes structures ?

C'est probablement ce modèle dont rêvent les très grandes sociétés, GDF-Suez notamment. On imagine bien une collecte organisée au niveau de la Région pour l'approvisionnement d'une ou deux unités.

C'en est fini du bois, énergie renouvelable, dont l'intérêt est d'être réparti et utilisable localement.

C'est aussi la main-mise du pouvoir financier sur cette ressource qui doit être exploitée par les citoyens et les collectivités locales.

 

La solution ne viendrait-elle pas de cette entreprise de Charleroi en Belgique qui a conçu et installe des unités de gazéification de tailles raisonnables et adaptables au niveau de quartiers urbains comprenant des équipements publics. Avec une consommation annuelle de 1000 tonnes de bois ces structures peuvent satisfaire les besoins en chauffage de 200 foyers et de 500 en électricité. Les besoins d'un grand hôpital belge sont couverts ainsi.

Un fourneau a gazéification a été exposé en 2012 au salon Bois-Energie et les canadiens utilisent e plus en plus des « fournaises » utilisant cette techniques (voir vidéos sur « Youtube »).

 

En 2050 combustion classique et gazéification se sont développées en fonction des circonstances locales. Dans les grosses chaufferies les chaudières à gazéification tendent à remplacer les anciennes.

 

A ne pas perdre de vue

 

Le bois est une énergie renouvelable mais de stock, non de flux. On peut multiplier par 2 ou 3 ou 10 le nombre d'éoliennes ou de panneaux solaires sans pour autant diminuer la ressource, ce n'est pas le cas du bois. Pourtant il partage avec le vent et le soleil une caractéristique essentielle : il se prête à une utilisation décentralisée au plus près de la ressource. Il la permet, mieux, il impose.

C'est ce qui condamne les grands projets tels que celui que voulait promouvoir la CRE (Commission de Régulation de l'Electricité) à Solvay (les besoins étaient de 400.000 tonnes par an).

Solvay, grand producteur de CO2, n'a-t-il pas toutes les compétences pour se tourner vers la méthanation, production de méthane par la « réaction de Sabatier ». La combinaison d'hydrogène issue de l'électrolyse réalisée avec l'électricité excédentaire et le CO2 donne du méthane et de la chaleur à haute température. Vous trouverez ceci dans le chapitre dédié à cette technique.

 

Michel Moreau Le 4 septembre 2014

 

 

 

Partager cet article
Repost0

commentaires