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8 octobre 2011 6 08 /10 /octobre /2011 09:02

Technique et Civilisation                                                  

 

 

Les Energies Renouvelables: un choix de société

 

« Il est des évènements qui cassent en deux le cours de l’histoire » (Nietzsche).

 

Le printemps 2011 nous en a offert deux.

Un : la défaillance post-tsunami des systèmes de refroidissement des réacteurs d’une centrale japonaise, qui échappe au contrôle de ses créateurs.

Deux : l’immolation par le feu d’un marchand ambulant, jeune, tunisien et diplômé.

 

Sonné, le monde s’éveille à deux évidences.

Une : l’énergie nucléaire ne sera pas l’alternative aux fossiles. L’heure approche où les ER seront l’option dominante des choix énergétiques.

Deux : Il sera de plus en plus ardu d’opprimer en toute liberté. L’aspiration à la démocratie n’est pas une spécificité occidentale, mais universelle.

 

La révolution numérique, détonateur du 1789 arabe, contient aussi la promesse d’une nouvelle donne énergétique de plus en plus décarbonée et démocratique.

Bien sûr, les grands fournisseurs découvrent qu'avec les énergies renouvelables on peut gagner plus en polluant moins. Mais qu’Areva laisse en plan l’EPR et investisse dans l’éolien offshore, le solaire, la géothermie profonde, en compagnie de Total et autres EDF, Energies Nouvelles ne nous chagrinerait point.

Se soucieraient-ils de notre avis ?

 

 

La production répartie

 

En complémentarité et concurrence peut se mettre en place une production répartie d’énergie qui, espérons-le, dépassera la production centralisée.

 

Pensons photovoltaïque.

Une centaine de micro centrales de 50 kW sur des hangars, usines, lycées…, deux cents installations de 3 kW chez des usagers, 10 hectares de photopiles dispersées sur des terrains communaux sans intérêt agricole, d’anciennes carrières, produiraient autant que la centrale projetée par EDF Energies Nouvelles à Rochefort sur Nenon, sur 45 ha de bonnes terres agricoles.

Les agriculteurs continueraient à y produire 60 quintaux de céréales à l’hectare. Et n’est-il pas plus pertinent, sur des terres à blé, d’exploiter la photosynthèse que l’effet photovoltaïque ?

Ces installations de proximité pourront être entreprises par des PME locales. Elles seront la propriété d’usagers, de coopératives, de régies communales ou intercommunales qui réinvestiront les profits dans la maîtrise de l’énergie, la lutte contre la précarité énergétique ou autre….

 

 

Le réseau intelligent

 

De l’ère du charbon à celle du pétrole, du gaz puis de l’électricité (qu’elle soit issue des énergies fossiles ou de la fission de l’atome d’uranium), le flux d’énergie est uni-directionnel. De la mine, de la raffinerie, de la centrale à l'usager, la distance entre le lien de production et de consommation va croissant.

Si bien que 15 % de l’électricité produite se perd en chemin, sept ou huit réacteurs sur 53 brûlent de l’uranium nigérien pour pas grand-chose.

Passif, le consommateur n’a aucun pouvoir sur la technologie de production qui pourtant impacte son environnement, sa santé.

Le mode actuel de distribution de l’électricité est aussi compatible avec une production répartie que les sentiers forestiers avec la pratique de l’automobile.

Hier l'information circulait dans un sens, du producteur, les médias, aux consommateurs.

Grâce aux réseaux sociaux l’individu devient conso-ducteur d’infos, de démocratie, Le Moyen-Orient et le Maghreb se peuplent de citoyens.

De la même façon, des programmes informatiques rendent concevables des réseaux intégrés, intelligents, interactifs, capables de gérer la complexité d’une production d’énergie répartie.

 

 

D’un côté, la production, en partie locale, en partie exogène 

 

Le bio-digesteur de la coopérative laitière, où le lisier des porcs nourris au lactosérum, méthanisé, génère force et chaleur.

La centrale hydraulique de l’ancien moulin.

Sur la colline, les 4 éoliennes de la régie municipale. Les photopiles du lycée, de la grande surface, du hangar agricole et des pavillons, la chaudière à co-génération d’un réseau de chaleur aux plaquettes forestières.

Demain, la pile à combustible de l’automobile, à l’arrêt 96% du temps.

Et plus loin, la centrale thermique au gaz et la centrale nucléaire... pour quelques 20 ans encore.

 

De l’autre côté, la consommation 

 

La machine à laver, encore alimentée en eau froide, le PC, la télé, le frigo, congélateur, les circulateurs, régulations, les lampes à basse consommation….

 

Les situations énergétiques, besoins et productions, seront appréciées en temps réel. Sa consommation sera pilotée pour s’adapter à la production. Le soleil brille et le vent souffle: le surplus est dirigé vers le stockage - barrage, hydrogène. Le courant va où est la demande, au moindre coût. La source la plus proche et toujours préférée.

Déjà aux USA, un ordre transmis par Internet abaisse le thermostat de 1 degré chez quelques milliers d'usagers et réduit instantanément la demande... en chauffage électrique.

Grâce au programme Aladyn, l’usager contrôle la consommation des appareils ménagers et de l’air conditionné en fonction de l’offre.

 

Les individus, les groupes sociaux, coopératives, associations de production répartie (APR), les collectivités, pourront, à l’échelle d’un territoire, produire leur énergie, la mettre en commun, la partager, tout en maîtrisant la consommation.

Et Dieu sait qu’il est possible de faire au moins aussi bien avec moins.

 

 

Un choix de société

 

Dans les années 70 le passage des fossiles aux renouvelables eût relevé d'un choix politique. Aujourd'hui il s'impose par la force des choses.

 

Grâce à l’outil informatique, appelons le réseau intelligent (smart grid), Web énergie, la société peut se réapproprier la gestion des ressources naturelles.

Ainsi la politique reprend le pas sur l’économie, le lien social sur l’isolement consumériste, le pouvoir du citoyen sur celui de l’oligarchie de la finance et du savoir, la compréhension des techniques sur la culture du secret, la prospérité partagée sur la croissance, Nous transitons vers un monde fait de territoires et d'homme plus autonomes et plus solidaires.

 

Notre savoir-faire technique n’est pas neutre, roue, poudre à canons, machine à vapeur, moteur à combustion interne, ont modelé notre milieu de vie et nos relations sociales.

 

L'option nucléaire et la démocratie s'excluent mutuellement.

L'association révolution numérique + Energies Renouvelables est démocratico-compatible et grosse de changements sociétaux positifs.

Les technologies n'existent pas hors des hommes. En France, à la différence de l'Allemagne, la concentration de l'économie entre les mains de quelques hyper-sociétés est une donnée qui n'est pas favorable au passage à une économie citoyenne.

Mais c'est bien un choix que la société devra faire entre production centralisée ou répartie de l'énergie, gestion collective ou purement financière de ces biens communs qui rendent la vie possible: le vent, air en mouvement, sans oublier le Soleil qui a le bon gpût de briller plus fort là où les peuples sont les plus pauvres, eau du torrent ou de la marée, chaleur du noyau de notre Terre à tous.

Le sage Albert Jacquart ne vous le dit-il pas? « Notre avenir est entre nos mains ».

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