En 2050 au terme de la transition énergétique, l'éolien produit 194TW/h par an, la moitié de l'électricité, 18% de l'énergie totale consommée en France. Les 12500 éoliennes terrestres, s'ajoutant aux 3500 qui fonctionnent aujourd'hui, produiront 100 TW/h, les éoliennes marines, posées ou flottantes, le reste.
Le Jura, bien que pays des lacs, est condamné aux éoliennes terrestres. 100 aéro-générateurs d'une puissance moyenne de 3 MW, voilà un objectif très accessible sur 35 ans.
Dans le Doubs, le site du Lomont accueille déjà 15 éoliennes. Il est possible de trouver dans le Jura une dizaine d'endroits présentant les conditions requises.
Il faut une une vitesse moyenne annuelle du vent de 5m/s . L'accessibilité est aussi à prendre en compte. Les épingles à cheveux sont difficiles à négocier pour amener des pales de 45 mètres ou des tronçons de mats de 30 mètres. Au Lomont les travaux d'accès ont été importants. Aujourd'hui les chemins sont de bonnes dessertes forestières, un atout pour le bois-énergie. La proximité d'un poste de transformation est un avantage. C'est le cas pour le Mont Rivel.
Des études seront menées sur la faune ( couloirs de migration), sachant que voitures, pesticides et lignes électriques sont beaucoup plus mortifères pour la gent ailée.
Le bruit, à 500 m, n'est plus un problème.
Les communautés de communes de la haute vallée de l'Ain et du Pays de Nozeroy pourraient s'associer. En effet le plateau de la Baroche est très venté , notamment le pied de la Haute Joux, et l'acès serait très aisé.
Mais il s'agit d'une zone de survol aérien. C'est un vrai problème qui doit être posé au niveau national. Connaissant l'enjeu climatique, la transition énergétique est-elle une priorité ? Les pales d'une éolienne de 3MW culminent à 150m. Cela laisse beaucoup d'espace aux aéroplanes. Ces 2 communautés de communes peuvent à elles seules prendre à leur compte 20% de la production d'électricité éolienne en construisant 20 des éoliennes jurassiennes.
Les grandes entreprises qui construisent des éoliennes ne le font pas uniquement pour combattre l'effet de serre. Connaissant la vitesse du vent, le coût de l'éolienne et de son installation, environ 1M d'euros le mégawatt, et de sa maintenance, elles ont calculé le temps de retour de leur investissement. Ainsi les éoliennes du Lomont installées par EOLRES, sont aujourd'hui la propriété de fonds de pension australiens.
La gestion de cette énergie revient à la collectivité. Champagnole par exemple a l'expérience d'une production d'électricité en régie avec le barrage de la Roche.
L'idée que les bénéfices iront à la collectivité, qui peut aussi faire appel à l'épargne locale, et permettront des investissements dans le domaine culturel et sportif, social, par exemple pour combattre la précarité énergétique, rendra les éoliennes nettement plus attractives.
La filière bois elle-même pourrait y trouver un débouché inattendu. Les allemands construisent aujourd'hui des mats d'éoliennes en bois. Voilà un débouché nouveau pour une future usine de lamellé-collé.
Créons au niveau régional ou départemental une cellule compétente – ce pourrait être une association – qui accompagnerait une communauté de commune dans un projet : étude de faisabilité, montage financier, information du public, suivi de la réalisation par une entreprise spécialisée.
Un projet franco-suisse pourrait faire des Rousses la première station en Europe alimentée par l'énergie éolienne. Canons à neige, remonte-pentes et éclairages seraient alimentés par le vent qui balaie Noirmont, Dole et massif des Tuffes.
A l'initiative de Robert Redford, cela s'est fait aux Etats-Unis dans les Rocheuses.
Je me fis enguirlander lorsque j'évoquai cette idée en 1992 au comité de gestion du PNR. Depuis le vent a tourné, le Parc naturel Régional fournissant en 2050 au Jura la moitié de son électricité, voilà du vrai développement durable.
Imaginons 5 parcs de 10 éoliennes, du Crêt de la Neige au Mont d'or, et voilà l'horizon animé de façon très rentable. Les suisses ne nous ont-ils pas donné l'exemple avec les éoliennes du Mont Crozin désormais amorties.
Il faut aujourd'hui 6 à 7 ans pour réaliser un projet en France, moitié moins longtemps en Allemagne ou en Espagne. Des simplifications sont promises.
Partant sur 4 ans, les élus de 2014 et 2015 peuvent réaliser leur projet pendant leur prochain mandat : 10 éoliennes en 2018 viendraient s'ajouter à celles de Chamole.
En 2030 le Jura peut avoir atteint voire dépassé l'objectif de 100 éoliennes qui lui permettrait de produire 22% de son électricité.
Précisons qu'aujourd'hui le prix de revient de la production du KW/h éolien terrestre est nettement inférieur à celui du nucléaire lequel est appelé à augmenter, et qui n'inclut pas la totalité du coût du stockage des déchets ni du retraitement, ni celui bien sûr d'un accident type Fukushima qui n'est plus proclamé impossible par les autorités de Sûreté Nucléaire.
La transition énergétique, passage des énergies fossiles aux énergies de flux, n'est donc pas une utopie d'écolo. Plus vite elle sera menée à terme, mieux cela vaudra pour l'économie, l'environnement et le social.
Avec le vent s'élève une prise de conscience : comme l'eau, cette énergie appartient à tous. C'est donc aux citoyens et à leurs collectivités de gérer cette ressource.
Michel Moreau http://michel-moreau.over-blog.com/