L'organisation à la Biocoop de Lons d'un débat sur le bien-fondé d'un parc photovoltaïque dans les forêts de Loulle et Mont-sur-Monnet présentait-elle une menace pour le projet de Cevennes Energie ?
Cette société l'a probablement ressenti comme telle, et s'est pensée en droit de mettre en garde, par le biais d'un avocat, le magasin Biocoop, et donc de s'en prendre à la liberté de parole, ce qui n'a pas manqué de choquer.
Le rassemblement, qui n'a pas bénéficié de publicité, a été un succès. De nombreuses associations, notamment de protection de la nature, ont apporté leur soutien au Collectif Citoyen de l'Energie du plateau de Balerne.
Les intervenants ont bien posé le problème : faut-il sacrifier 70 hectares de forêt dite « improductive » pour produire une électricité qui pourrait l'être dans des sites mieux appropriés.
Si la société Cévennes Energie avait été présente au débat, elle aurait pu nous dire qui avait étudié la solution alternative aux forêts et terres agricoles, et qui l'avait jugé sans intérêt, et avec quelles compétences ?
Cévennes Energie aurait aussi pu chiffrer les retombées économiques : celles qui iraient aux collectivités locales et aux propriétaires des sols et celles qui resteraient dans leur poche.
Ils seraient peut-être allés jusqu'à promettre de vendre quelques hectares de photopiles qui deviendraient « citoyennes » à l'instar de l'éolienne de Chamole.
La Communauté de Communes semble le niveau adéquat pour effectuer un recensement exhaustif de tous les sites disponibles pour exploiter les énergies renouvelables, vent, soleil, géothermie : anciennes carrières ou sablières, parkings, bâtiments publics ou privés. L'utilisation des toits de granges ou de fermes seraient un appoint bienvenu aux agriculteurs.
Et surtout ce qui fait de ce projet l'exemple même de ce qu'il ne faut pas faire dans le domaine essentiel des énergies renouvelables : l'exploitation de ce bien commun, le soleil, qui ne doit pas être bradé à une société privée dont le but premier n'est pas de lutter contre le réchauffement climatique mais bien le profit.
Les allemands arrêtent leurs centrales nucléaires, ils sortiront du charbon en 2035. Ils investissent massivement dans les énergies renouvelables.
Avec les danois, les espagnols, ils sont en tête pour les éoliennes. Outre-Rhin, des milliers de coopératives produisent l'électricité solaire. La ville de Champagnole ne produit-elle pas aussi déjà de l'électricité en régie avec la centrale de la Roche ?
Nous ne sommes pas assez sots pour laisser le capital privé faire main basse sur la production d'énergie renouvelable. Il est vrai que celui-ci montre moins d'appétit pour la fission de l'atome. Nos capitalistes savent encore compter.
Michel Moreau Le 26/02/2023
Président-fondateur de l'AJENA
Ex administrateur de l'ADEME