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17 août 2013 6 17 /08 /août /2013 22:27

En 1988 j'avais effectué là un prélévement de terre. C'était pour rechercher une éventuelle contamination par le césium post-Tchernobyl. Le résultat avait été très positif.

J'avais besoin pour cela d'un sol ni amendé ni travaillé, assez meuble pour enfoncer la sonde à 40cm. Le sol alluvionnaire de la prairie humide en bordure du Fenu, avant qu'il ne devienne Londaine, entre Equevillon et Sapois, répondait à ces critères. Ayant procédé à un nouveau prélèvement à Clairvaux en 2009, sur le même lieu où j'avais foré en 1988, j'envisageais de faire de même à Champagnole pour étudier l'évolution de la pollution radioactive.

 

Je me rendis sur les lieux début août 2010, ou plutôt tentai de le faire. Je butai contre une clôture qui protégeait la propriété de l'entreprise Rusthul ;

Le 12 août, je parvins à pénétrer sur le site à un endroit où la falaise, côté Equevillon, faisait place à un plan très incliné.

Surprise. Là où hier poussaient herbe et roseaux et toutes sortes de plantes sauvages, s'étendait une plate-forme bien nivelée et compactée de matériaux de terrassement.

Le nouveau propriétaire avait donc assaini cette zone humide de 4 hectares (estimation de l'ONEMA, Office National de l'Eau de des Milieux aquatiques), désormais débarrassée des batraciens et serpents divers qui y résidaient bien trop tranquilles.

Et dans ce bel endroit, bien propre, apte à accueillir l'hypermarché Carrefour qui nous fait défaut : une vaste décharge sauvage.

Les pelleteuses ont creusé un grand trou. Et comme dans toute zone humide l'eau n'est jamais bien loin, c'est directement dans celle-ci que les camions ont déversé leurs matériaux de déconstruction : gravats, bois, isolants divers, amiante-ciment... ça et là flottent quelques bidons.

Ayant dans les années 80 supervisé pour la Fédération de Défense de l'Environnement du Jura l'inventaire des décharges sauvages, je découvrais 30 ans plus tard la première décharge dans une nappe phréatique.

Le 13 août je revins avec mon fils. Il prenait des photos de la décharge lorsque le propriétaire arriva sur son quad. La vidéo est visible sur mon blog, vous pourrez entendre la conversation.

Le jour-même j'informais l'ONEMA. Qui se rendit sur le site et constata l'atteinte à l'environnement.

Une semaine plus tard la décharge avait disparu. Mon intrusion dans cette propriété privée n'avait pas été vaine. Reste à savoir combien de temps l'entreprise avait pollué l'eau souterraine.

 

La Commission de Protection des Eaux a déposé une plainte à l'automne 2010, suivie en 2011 par Jura Nature Environnement. En juin 2013 la gendarmerie de Champagnole me demanda de faire une déposition.

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