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23 novembre 2011 3 23 /11 /novembre /2011 15:21

Les mouvements du vent, de l'eau, la chaleur des entrailles de la terre, le soleil, exploités en complémentarité et en réseau, l'hydrogène jouant le rôle de volant de stockage, tel est l'avenir énergétique d'un monde qui a su maîtriser sa consommation d'énergie.

Certains pays sont en avance, d'autres en retard. Mais les énergies renouvelables, grâce aux réalisations, s'imposent dans les esprits comme cette alternative aux fossiles que l'on avait entrevue il y a 50 ans dans la fission de l'atome, qui, tout en faisant courir à des populations entières des dangers inacceptables, satisfait péniblement 2 à 3% des besoins énergétiques de l'humanité.

Un mouvement de fond est lancé. Le nucléaire est sur le déclin. AREVA perd clients et emplois, notamment dans le retraitement des combustibles irradiés.

En 30 ans se sont produites les catastrophes de Three Miles Island, Tchernobyl, Fukushima. Le rapport Rasmussen, utilisé pour la propagande EDF, estimait la probabilité d'un accident majeur à 1 chance sur 1 milliard d'années/réacteur.

 

Inexorable, le temps joue en faveur des énergies renouvelables. En France approche mai 2012 et les élections présidentielles. Le lobby nucléaire bouge encore. Et les Verts ont raison de mettre au cœur de leur programme le thème de la sortie du nucléaire. Ils n'en ont pas fait une condition sine-qua-non d'un accord avec le PS. Et ils ont eu raison.

J'ai débuté mon combat écologique dans les années 70, à l'intérieur même du PS. C'était pour moi le parti qui avait vocation de porter l'écologie. Aussi suis-je aujourd'hui à la fois étonné et ravi de l'évolution de la pensée socialiste sur le problème nucléaire. En 1972, Marcel Boiteux, patron d'EDF, avait toute la confiance de François Mitterrand. Il clamait : « tout client nouveau qui opte pour le chauffage électrique nous fait augmenter d'autant notre programme nucléaire. Le plan PEON (Production d'Electricité d'Origine Nucléaire) prévoyait en 1972 la construction de 200 réacteurs de 1000 MW à l'horizon 2000. Combien en 2012, et en 2025 où en réalité 23 des 58 réacteurs auront été stoppés si François Hollande est élu !

La politique énergétique de la France était alors élaborée par les seuls ingénieurs des Mines à la tête d'EDF et du CEA, interloqués qu'un professeur d'anglais de Champagnole, ville qu'ils auraient eu du mal à situer sur une carte de France, osa remettre en question leur technocratique certitude sur la pertinence scientifique du chauffage électrique où la sûreté du CORE (Emergency Core Cooling System, en français « Système de refroidissement du cœur en cas d'urgence).

Cette expérience me permet de mesurer le chemin parcouru au PS, hier massivement pro-nucléaire où tout bémol protestant ce consensus était ttraité au mieux avec condescendance.

Et voilà qu'hier une candidate aux primaires, bien sûr aussitôt accusée de vouloir plaire à EELV, inclut dans son programme la sortie du nucléaire. Et puis François hollande annonce la réduction de moitié de la part du nucléaire dans la production d'électricité, ce qui la ferait passer en dessous de 10% de l'énergie totale consommée en France. On peut réagir en disant que c'est insuffisant. Voir. En 2025, même si nous avons échappé – ce qui n'est pas sûr – à un accident majeur rendant difficile à habiter la moitié du territoire national, la transition énergétique engagée nous aura tout naturellement conduits vers l'idée de l'abandon de la fission de l'atome d'uranium ou de plutonium (mox) pour satisfaire nos besoins. Ne faudrait-il pas lire dans l'esprit de François Hollande pour savoir si sa proposition moins claire que celle de Martine Aubry n'a pas pour but de rassurer ceux qui dans son parti sont encore accros au mythe déclinant du nucléaire.

Ne donne-t-il pas en réalité du temps au temps ? Et ce n'était pas dans les quelques jours consacrés à l'élaboration d'un programme que les écologistes pouvaient espérer obtenir de François Hollande un alignement sur leur position. Ceci eut risqué de conforter la caricature qu'une droite, très intéressée par son maintien au pouvoir, tente d'acréditer dans l'opinion en utilisant des moyens, qui ne lui font pas défaut.

Vous l'avez compris : à mes yeux la construction de l'EPR est une erreur, la sortie du nucléaire un impératif environnemental, économique et même moral comem le dit Eva Joly.

François Hollande a parlé de débat public au cours des primaires. Celui-ci doit être suivi d'un référendum. Ce qui ne résiste pas à un débat public ne doit pas être réalisé (John Kenneth Galbraith).

 

Il se passe aujourd'hui une révolution dans l'esprit des français, dont plus de 60% sont favorables à une sortie du nucléaire. On ne peut pas ne pas en avoir conscience au PS. Cette révolution à l'intérieur de ce parti cheminera naturellement sans que EELV ait à exercer la moindre pression sur ceux avec qui demain ils partageront les responsabilités. Mais pensons à ce que 5 années de sarkozisme supplémentaires et d'acharnement thérapeutique sur cette filière énergétique du passé pourrait coûter à la France en termes de retard industriel dans les énergies renouvelables et dans la maîtrise de l'énergie ainsi que de dangers pour la santé des populations.

J'ai pour Eva joly à la fois du respect et de l'affection. Et j'espère que sur bien des points ils inspireront les responsables de gauche qui demain affronteront la crise du capitalisme.

 

En France, à grande vitesse, approche le jour où il sera évident à tous où seront les emplois de demain et la sécurité énergétique. La réelle transition et la substitution progressive des énergies renouvelables aux énergies fossiles ; A l'échelle du monde la sortie du nucléaire ne sera qu'anecdotique.

Chez nous bien sûr le nucléaire imposé sans débat par une oligarchie manipulatrice est plus présent qu'ailleurs. Le consensus s'effrite. Le mythe fait de la résistance. L'alternative énergétique est subordonnée en France à l'alternance politique. Et celle-ci ne passe-t-elle pas par le rassemblement, non pas derrière, mais avec François Hollande ?

 

Michel Moreau

président fondateur de l'AJENA

Ex administrateur de l'ADEME

Président de Ecologistes Citoyens Solidaires

 

 

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