En 2013 une nouvelle m'étonne : les australiens nous vendent, à EDF en l'occurrence, de l'électricité produite par des éoliennes sur un lieu venté bien de chez nous, le Lomont.
En effet des fonds de pension d'outre-Pacifique s'étaient portés acquéreurs du premier site éolien de Franche-Comté.
Comment ces gestionnaires financiers en sont-ils venus à investir dans la production d'énergie renouvelable dans une région si éloignée de leur base ?
Bien sûr l'Australie, tout comme le paisible Niger, assiste la France dans sa quête d'autonomie énergétique en nous procurant, l'uranium, cette source miraculeuse d'énergie décarbonée, chère à Arnaud Montebourg.
Nous ne mettons pas en doute le caractère écologiquement responsable de cet investissement. Mais la finance mondialisée n'est-elle pas mue par une motivation plus terre à terre : faire au mieux fructifier son capital.
Le fait que des fonds de pension aient décelé une source de profit dans ces courants qu'Eole fait circuler sur un sommet comtois n'a pas échappé à Jean-Louis Dufour, maire de Chamole.
Ainsi un des 6 aéro-générateurs de 3Mw de puissance du site jurassien sera la propriété d'une société d'économie mixte regroupant des collectivités, à l'exception pour l'instant du Département, ainsi que de citoyens réunis dans des clubs d'investissements. La rémunération de leur épargne devrait avoisiner les 4 %.
Voilà qui ouvre une voie qui pouvait déjà sembler évidente. Le vent qui souffle sur nos crêtes, nos plaines et nos têtes est bien un trésor public. C'est l'ensemble des retombées financières qu'il génère, et non quelques miettes, qui doit être consacré localement à des projets éducatifs, sociaux, environnementaux, culturels, portés par des élus responsables.
Oui, il est tout à fait possible pour une collectivité – le niveau de l'intercommunalité semble pertinent – d'assumer l'entière propriété d'un site éolien. Cela se fait à l'étranger et déjà, ici et là, en région Poitou-Charentes par exemple, dans une France encore droguée à l'oxyde d'uranium. Le temps de retour sur investissement est intéressant. Il s'apprécie en connaissance du potentiel éolien du site, de la nature et de la taille des machines.
En 1973 je proposai que l'on réhabilite la centrale hydraulique de la Roche, près de Champagnole. Cela fit sourire. Le nucléaire prenait son essor et les premiers réacteurs annonçaient une puissance de 900 Mw.
Maurice Fumey Badoz, quelques années plus tard, reprit l'idée et dota ainsi Champagnole d'une source d'énergie renouvelable, modeste, bien que satisfaisant les consommations de 4 à 500 familles, ainsi que d'un revenu apprécié aujourd'hui.
Si la Porte du Jura s'équipe d'éoliennes, à Valempoulières, sur les hauts de Foncine, au pied de la Haute Joux, et même sur notre tutélaire Mont Rivel, voilà ce que nous pouvons réaliser sue le plan éducatif, sportif, culturel, environnemental, et par exemple manger bio à la cantine... Imaginons nos élus tenant ce langage. Ne réduiraient-ils pas à néant cet argument des anti-éoliens : « ils s'en mettent plein les poches en détruisant notre paysage » ?. Montrons que le vent peut être un moteur de développenent local, créateur d'emploi. Citoyennes, nos éoliennes, de handicap visuel, deviendraient des atouts pour notre environnement.
Michel Moreau - Champagnole, le 18/12/2016