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13 décembre 2014 6 13 /12 /décembre /2014 20:25

Récemment à la salle des fêtes de Poligny 300 personnes ont assisté à un spectacle médiocre : les porte-parole du PIC NOIR tentaient de démontrer l'absurdité de l'ambitieux projet de Pierre et Vacances à Plasne. Ceci avec des arguments si discutables que le journaliste présent ne jugea pas utile d'en faire écho.
Mais le reporter remarqua la présence de ces "contre tout", ultraminoritaires dans la population jurassienne, 2% selon le président du Conseil Général mais néanmoins bavards et contestaires tous azimuts.
Un jour ils assurent doctement que le nucléaire tue, alors qu'en réalité parmi les milliards d'êtres humains à qui il fournit 2,5% de cette énergie qui les transporte, chauffe, nourrit ou distrait, il n'a jamais éliminé que quelques milliers d'ukrainiens et de japonais.
Hier les mêmes voulaient interdir les décharges sauvages qui aujourd'hui souhaitent fermer les incinérateurs d'ordures ménagères producteurs de dioxines et de CO2.
Mais n'accusent-ils pas ces nitrates qui nourrissent notre Terre et ces pesticides qui assurent la santé de nos récoltes de liquider dans l'air l'abeille qui féconde, dans le sol le lombric qui laboure et dans l'eau la truite qui guette la nymphe.
Prétendant à l'instar de la présidente du Conseil Régional qu'il n'incombe pas au contribuable de subventionner, bon an mal an, les voyages vers le soleil de 100.000 vacanciers bourguignons ou franc-comtois, ils contestent le financement public d'une société privée irlandaise qui boude le code du travail en vigueur en France.
Un : ils ne connaissent pas la complexité de ce code. Deux : comme l'a rappellé judicieusement Mr Perny, aucun jurassien n'est employé par Ryanair.


Dans l'esprit de ces pros de la contestation pourrait germer la question suivante : si la surface de l'Aquamundo est, comme on le dit, de 2 Ha, combien de TEP de gaz, bio ou non, faudra-t-il pour amener et maintenir 150 à 200.000 m3 d'air et quelques centaines de m3 d'eau à 29°, sachant que la surface d'échange de l'enveloppe avoisinera les 30.000m2?
Ils pouraient insinuer que cette consommation d'énergie à des fins de divertissement rendrait futile toute démarche de transition énergétique dans le Jura.


Bien sûr le chef de notre département, quelque peu troublé par cette idée, s'en est ouvert à Gérard Brémont. Celui-ci le rassura par ses phrases que je l'ai entendu prononcer au Centre Cousteau en 1991, au cours d'un colloque "Ecologie et Pouvoir" et qui sont resté gravées dans ma mémoire : " Aujourd'hui l'écologie et l'environnement sont devenus les paramètres fondamentaux du succès commercial d'une opération immobilière et touristique... .... Offrir une vraie nature aux citoyens des mégapoles est un impératif pour les aménageurs et les gestionnaires touristiques... ... Même si cela peut paraître provocateur, les meilleurs alliés des écologistes sont les aménageurs."
Et c'est bien sûr en connaissant au MW/h près la consommation des Center Parks existants que nos élus ont donné leur bénédiction consensuelle au projet de Pierre et Vacances.
Il est même à craindre que les "anti tout" ne déclarent zone à défendre (ZAD) les 150 hectares de forêt, alors que ceux-ci n'absorbent que 5000 tonnes de CO2 par an, à peine les émissions de 500 jurassiens.
C'est un jeune en recherche de travail à qui l'on doit ces paroles de sage : "entre 150 hectares de forêt et 150 emplois je choisis ces derniers".
Cette remarque figure intégralement dans le compte-rendu du débat.
Mais il en faut plus pour décourager les contre tout. Dans leurs méninges torturées s'échafaudent des hypothèses aussi fumeuses qu'étonnantes.
Jugez sur pièces.
Ces 170.000.000 d'euros, en bonne partie de l'argent public, pourraient, disent-ils, être investis :
Soit pour construire 80 éoliennes de 2MW de puissance, produisant plus de 300.000 MW/h/an, la consommation de 70.000 foyers.
Soit pour installer 20.000 centrales photovoltaïques de 3 kw ( production d'environ 60.000 Mw/h).
Soit pour réhabiliter thermiquement, au niveau BBC, 8000 logements sociaux de 63m2, là où règne la précarité énergétique, et ainsi éviter l'émission de dizaines de milliers de tonnes de CO2.
Armés de ces chiffres, qui sont des estimations raisonnables, n'auront-ils pas l'audace de comparer l'utilité environnementale, mais aussi sociale et économique, notamment sur le plan de la création d'emplois, en nombre et en qualité, de ces choix d'investissements dans la transition énergétique ou dans l'effarante gabegie générée par l'hyper-tourisme à la sauce Pierre et Vacances.


Car pour tout vous dire ces contre tout sont aussi et surtout contre le changement climatique. Les anomalies météorologiques sont désormais si évidentes que l'intelligence prévaudra. Plasne ne sera pas Sivens.


Michel Moreau 
 

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3 décembre 2014 3 03 /12 /décembre /2014 10:14



Le solatube nous vient d'Australie, via les USA, la Grande Bretagne, la Grèce, l'Italie et la Suisse.
Comme son nom l'indique ce tube conduit la lumière solaire dans le local à éclairer, ou à 3m du toit il en restitue 90%.
Une technique que devrait exploiter la Région pour éclairer les salles de classe du lycée Paul Emile Victor où, grâce à un trait de génie de l'architecte, les néons fonctionnent toute la journée.
Une idée aussi pour éclairer a giorno notre futur centre nautique sans perdre une calorie.
Dans les ateliers de micro-méanique les yeux des travailleurs apprécieront cet éclairage naturel.
Et nos belles grandes surfaces, tapies au fond de leurs immenses parkings, dont les surfaces, hors journée d'inauguration, sont rarement utilisées au 1/5e de leur capacité, verraient leur facture d'éclairage divisée par 3.
Et ceci n'est pas négligeable.
Un supermarché champagnolais qui a bien voulu me donner l'information consomme pour ce seul poste 240.000 kW/h par an.
Tablant sur une consommation 3 fois supérieure pour les 2 hypers champagnolais et égale pour les 3 autres super, cela donne environ 2.250.000 kW/h/an dont 1.500.000 pourraient être économisés grâce au solatube. C'est la production de la centrale de la Roche.


Notons avec satisfaction que le groupe CASINO s'engage dans une démarche de transition énergétique. Le magasin de Champagnole est passé des néons aux leds, divisant au moins par 2 la facture d'éclairage. Des calories sont récupérées pour le chauffage sur les installations frigorifiques. Au niveau de la maison mère on projetterait des installations phovoltaïques.


A propos où sont passés les beaux panneaux de photopiles qui donnaient cette touche écolo au projet de Leclerc, tel qu'il fut présenté à la Commission Départementale d'Aménagement Commercial, dans le cadre du volet "Développement Durable" avec les arbres du parking et le joli bassin de rétention d'eau en bordure de la voie ferrée ? Mais qui a bien pu croire à de telles promesses ? Certainement pas nos élus.


Michel Moreau, le 3 décembre 2014

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30 novembre 2014 7 30 /11 /novembre /2014 14:04
Pour 2015 du solaire sur l'Elysée



En 2010 une pétition circule aux Etats Unis : "du solaire sur la Maison Blanche !". Attentif et soucieux de concrétiser son intérêt affiché pour les énergies renouvelables, Obama dote sa résidence de panneaux solaires.
"La Maison Blanche est un symbole de liberté et de démocratie. Elle doit témoigner de l'engagement de l'Amérique pour un futur énergétique propre".
Super émue par les fortes paroles de son homologue US, Secrétaire d'Etat à l'Energie, Ségolène Royal décrète que la résidence du Président de la République sera le phare et le fer de lance de la lutte contre le dérèglement climatique.
Des jardins de son Palais, François Hollande pourra faire admirer à ses visiteurs ou visiteuses, chefs d'Etat ou roturier(e)s les cellules au silicium mono-cristallin qui transmutent la lumière du soleil en cette électricité qui ne doit rien à la fission de l'atome d'uranium nigérien, ainsi que ces capteurs thermiques qui amènent l'eau du bain à la température requise par l'épiderme présidentiel.


N'en doutons pas, la Conférence de Paris en 2015 sera une réussite. Le succès médiatique est assuré. Déjà au bord d'un certain Rio de Janeiro une réunion a fait grand bruit dans le monde entier. Et plus près de nous, en 2007, Sarko président tout frais émoulu fut adoubé grand écolo de l'année par Al Gore himself à Grenelle.
François Hollande restera celui qui aura inauguré l'eau chaude solaire à l'Elysée en préambule de la Conférence sur le Climat. Ce qui semble logique et naturel de la part de celui qui veut faire passer de 75 à 50% la production d'électricité nucléaire, et promit d'arrêter la centrale de Fessenheim avant 2017.
A cette occasion il pourra accueillir le président des Maldives Mohamed Nasheed (voir photo ci-dessous) qui fut le premier à utiliser l'énergie solaire dans la résidence officielle d'un chef d'Etat.

Probablement un signe en direction des chefs de ces états dont les gaspillages menacent de transformer les 26 atolls des Maldives dans l'Océan Indien (à l'altitude moyenne d'1m20) en sommets sous-marins... aux alentours de 2050 ?


Ah comme je serai fier de mon vote à la présidencielle de 2012 si François Hollande devient le maître d'oeuvre de la véritable transition énergétique, celle qui sera réalisée lorsque les énergies renouvelables auront été substituées aux fossiles. Et ceci demandera certainement plus d'efforts que de sortir du nucléaire qui ne produit que 16% de l'énergie en France et 2.5% de l'énergie mondiale.


Michel Moreau, le 29/11/2014


http://michel-moreau.over-blog.com/



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17 novembre 2014 1 17 /11 /novembre /2014 12:40





En octobre 2014, à Besançon, se tint une réunion, dont l'initiative revient à Gérard Magnin, où se cotoyèrent élus et POTES ( Pionniers Ordinaires de la Transition Energétique ). Ce fut l'occasion de débats, exposés et échanges d'expériences enrichissants.
S'y exprima une prise de conscience : la transition énergétique n'a rien d'un luxe. c'est une nécéssité, une chance y-compris sur le plan économique. 
De ces échanges il ressortit notamment qu'un programme massif de réhabilitation thermique du patrimoine résidentiel était une des condition de la réussite de la transition énergétique. 
Le scénario du SRCAE ( Shéma Régional, du Climat, de l'Air et de l'Energie ) cible la rénovation de 1.400.000m2/an ( 15.000 logements ), l'objectif étant d'atteindre les 100% en 2050.
Le niveau de performance visé est de 96 kw//h/m2. C'est une amélioration des performances de la rénovation. En effet de 2008 à 2012 5000 logements on été rénovés en Franche-Comté à un niveau de 150 kw/h/m2. On mesure l'ambition affichée aujourd'hui. 
Rappelons pourtant que la RT2012 fixe un niveau de 65 kw/h/m2/an pour le bâtiment neuf qui, en 2020, devra être réalisé à énergie positive ( BEPOS ). 


Le tertiaire, privé ou public : commerces, bureaux, gymnases, salles des fêtes, et on ne voit pas ce qui pourrait exclure les centres nautiques ou équipements touristiques et autre Center Parks, sont supposés respecter la RT 2012 et être BEPOS en 2020. +
Les responsables des différents plans climat-énergie locaux y veilleront !
Mais si on peut tout à fait imaginer une piscine à énergie positive, en associant bio-climatisme et systèmes solaires actifs, on a peine à concevoir une bulle transparente de 2 hectares tempérée à 29°, que la température extérieure flirte avec -20 ou +30, consommant moins de 65 kw/h/m2, ni produisant un jour plus d'énergie qu'elle en consomme !
C'est en fait un projet d'un archaïsme désastreux. L'intelligence prévaudra. Plasne ne sera pas Sivens. 
Parmi les ministères représentés au Conseil d'Administration de l'ADEME celui de l'industrie est le plus influent. Or AREVA et EDF y pèsent lourd. Membre de ce CA de 1991 à 1996 je n'ai jamais pu obtenir que l'on y débatte de la pertinence du chauffage électrique. L'ADEME n'a jamais défini de position sur ce problème. 
Ni dans le SRCAE, ni dans la loi de transition énergétique ne figure une réflexion sur ce non-sens scientifique que constitue l'utilisation de l'électricité pour produire de la chaleur à basse température ( par opposition aux hautes températures nécessaires dans l'industrie et pour lesquelles l'utilisation de l'électricité s'impose ).
Mais la sortie du chauffage électrique est pourtant un des leviers essentiels pour passer des énergies fossiles et nucléaire aux énergies renouvelables. 
Substituer bois, gaz, demain renouvelable, solaire thermique à l'électricité est possible et source d'économies. Le lycée de Champagnole est un bon exemple. Encore que là une chaudière à bois déchiqueté eut été mieux adaptée qu'une chaudière à gaz, le lycée se situant à quelques encablures d'une grosse scierie. 


SOLAIRE THERMIQUE
3% des maisons individuelles sont équipées de capteurs, essentiellement pour l'ECS (eau chaude sanitaire), très exceptionnellement pour le chauffage des locaux. 
L'objectif des SRCAE est de doter 80% du résidentiel et 65% du collectif neufs en 2050 de systèmes solaires. Il peut être revu à la hausse. 
Dès maintenant l'ensemble des logements neufs devrait être équipé pour le moins d'eau chaude sanitaire solaire, mais aussi de systèmes de chauffage soit passifs : mur trombe, serre, ou actifs : plancher solaire direct ou avec ballon couplé à une chaudière à bois ou plaquettes, ou gaz en collectif. 


Depuis 2005 l'Etat de  New York aide au remplacement de chauffe-eau électriques par des systèmes solaires ( 0.75 US$/Kw économisés la première année, soit plus ou moins 2000 $). Des systèmes combinés sont aussi subventionnés si les locaux sont chauffés par l'électricité. 


La RT 2012 est une excellente disposition. Mais ne peut-elle pas être exploitée par les marchands d'électricité. Vous avez consenti à des dépenses importantes pour que votre habitation consomme peu d'énergie. Ses besoins pourront donc être couverts par quelques convecteurs électriques.


Le gymnase solaire de St Lupicin est chauffé depuis 30 ans par des capteurs à air. Celui-ci est pulsé dans une masse de galets où les calories sont stockées puis redistribuées à la demande dans la vaste salle sportive. Le bâtiment est en altitude, très ensolleillé. Un stockage sur quelques jours suffit. 
En Bresse pays brumeux, c'est un stockage inter-saisonnier que Jean-Pierre Bresson a choisi en 1984 pour l'atelier solaire de son entreprise. Les ventilateurs transfèrent l'air chaud dans des tuyaux à 2 m de profondeur sous le bâtiment. Les fondations de 2m sont fortement isolées, le sous-sol agit comme une bouteille thermos. 


Cette (r)évolution des pratiques architecturales vers des techniques où orientation, utilisation des apports solaires, choix des matériaux en fonction non seulement de leur capacité mécanique mais aussi de leurs aptitudes à capter, stocker l'énergie, pourrait être stimulée. Par exemple la région Bourgogne-Franche-Comté lance un concours d'architectes sur des thèmes précis : maison individuelle, collectif, piscine, gymnase, au niveau BEPOS. 
Il faudrait aussi dès maintenant signifier aux architectes concourant pour tout projet public que l'efficacité énergétique sera le critère de choix prioritaire. 
                                 
                     _____________________________


Pour en finir avec le bâtiment voici quelques pratiques et techniques simples qui permettent d'aller vers la sobriété énergétique.


LE MUR TROMBE
Se référer au chapitre "Sport et Transition Energétique".


Le SOLATUBE
qui nous vient d'Australie via les Etats-Unis, de plus en plus utilisé en Grane Bretagne, Italie et Grèce. La lumière extérieure est captée par un dôme au-dessus du toit. Passant par un tube revêtu d'une surface très réfléchissante elle est restituée à 90% à 3m en-dessous du toit dans l'espace à éclairer.
La Région pourrait en équiper le lycée Paul Emile Victor où, dans de nombreuses salles de classe, s'impose l'éclairage par tubes fluorescents. 
Le grand hall du Conseil Général surmonté d'une verrière, d'où les calories chauffent le ciel lédonien, pourrait être coupé par un plafond et éclairé a giorno via des solatubes. 
Un supermarché champagnolais, pas la plus grande surface locale, consomme 240.000 kw/h/année pour le seul éclairage. Une économie de 150.000 kw/h est possible. L'éclairage des 2 hyper et 3 super champagnolais nécessite 1.500.000 kw/h/an, soit la production de la centrale de la Roche. 
Et bien sûr les ouvriers des ateliers de micro-mécanique apprécieraient la lumière du jour. 
N'est-ce pas une curieuse idée d'utiliser des kw/h électriques quand le soleil brille pour éclairer des locaux. 


Les matériaux à chaleur latente
Très bon marché, moins coûteux que leur enveloppe plastique. Incorporés à une chape de 7cm d'épaisseur, coulée sur un sol existant, ils lui confèrent l'inertie thermique d'une dalle de béton de 30cm d'épaisseur.
Trois maisons en Franche-Comté, à Besançon, près de Quingey, et Champagnole (à mon domicile) en sont équipées depuis  1988. 
Selon leur composition ces sels passent de l'état solide à celui de liquide en absorbant une grande quantité de chaleur par unité de masse, tout en restant à température constante. Ils restituent cette chaleur en se resolidifiant. 


Lave linge à double alimentation
Que dans votre maison ou logement l'eau sanitaire soit chauffée par une chaudière, des capteurs solaires, un chauffe eau électrique ou à gaz il y a fort à parier que votre lave linge utilise l'électricité, non seulement pour actionner le moteur, ce qui est un usage spécifique normal, mais aussi pour amener l'eau de lavage à la température requise. 
C'est la règle en France. Je vous laisse en deviner la raison. Ca ne l'est pas ailleurs où les machines à laver sont dotées d'une alimentation eau froide et eau chaude. 
Si votre lave-linge consomme 170 kw/h/année, la part du petit moteur est d'environ 40 kw/h, celle de la résistance 130.
Une suggestion : un crédit d'impôt pour tout remplacement d'une machine classique pour un équipement intelligent. Ainsi en 2050 la consommation des lave-linge est divisée par 4. Au niveau de la région Franche-Comté l'économie est de 30 Gw/h/année, 2 Tw/h au niveau national. C'est aujourd'hui la production de plus ou moins 2 réacteurs nucléaires. 


Mur trombe, solatube, lave linge à double alimentation, matériaux à chaleur latente
Autant de techniques simples et peu onéreuses qui permettent de faire mieux avec moins d'énergie. Mais n'est-ce pas là l'objectif affiché de la loi de transition.


 Celle-ci ne se réalisera pas sans un effort de formation à tous les niveaux. D'abord les architectes. Tout récemment dans ma rue a été édifié un petit collectif exposé plein sud, sans le moindre système solaire ni isolation extérieure mais agrémenté d'un balcon en béton prolongeant la dalle. 
On n'imagine plus aujourd'hui d'architectes qui ne soient formés en thermique du bâtiment. 
La Région est en charge des lycées et des GRETA. C'est là que doivent être formés ceux qui mettront en oeuvre isolation et systèmes solaires, ainsi que les personnels des services techniques des collectivités, notamment ceux  en charge de l'instruction des permis de construire. 
Le lycée Paul Emile Victor pourrait innover en offrant une formation au niveau BEP intitulée "Transition Energétique", où les étudiants seraient préparés par exemple pour accompagner une communauté de communes dans un projet de sité éolien ou photovoltaïque, que ce soit sur les plans technique, financier et administratif. Ces formations se feraient en collaboration avec les entreprises du secteur. 


Conclusion


La transition énergétique dans les transports, l'installation des parcs éoliens et phovoltaïques nécessiteront l'apport massif de financements publics, parfois privés, mais aussi citoyens. Dans le bâtiment la condition de la réussite sera l'engagement des propriétaires privés. Or sobriété énergétique et énergies renouvelables ne doivent pas être un luxe. Les énormes moyens qu'il faudra mettre en oeuvre dans le bâtiment nous contraindront à des choix d'investissement. Par exemple, une ligne TGV Sud (estimée à 3.5 milliards d'euros) ou la rénovation thermique de l'ensemble du parc d'habitat social franc-comtois. On s'interrogera aussi sur la pertinence de projets tels que la liaison TGV avec Turin ou un Center Parks à 70.000.000 d'euros. Rappellons que Sivens n'en coûterait que 7 millions. La transition énergétique implique des choix d'investissements socialement et écologiquement utiles. 
On peut consommer moins d'énergie et vivre mieux telle est l'idée à la base de la transition énergétique, formidable levier pour une économie saine et durable. 


Michel Moreau                                             
 

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10 octobre 2014 5 10 /10 /octobre /2014 19:53

 

Le rapport du GIEC ce sont 400 pages en anglais très technique. Le résumé pour les décideurs (Summary for Policy Makers) n'est pas d'un abord facile : 36 pages de graphiques, tableaux, cartes, accompagnés de commentaires très denses.

J'en livre ici quelques unes des informations essentielles, tirées d'observations et de projections pour le 21e siècle sur les les effets du changement climatique sur les différents systèmes naturels, maritimes et terrestres.

Selon l'amplitude des variations des températures, 1, 2 ou 3 degrés en plus, sécheresses, précipitations, accidents climatiques extrèmes, gagneront en intensité de façon « disproportionnée », vraisembablement exponentielle.

Les ressources en eau continueront à diminuer, juqu'à disparaître sur d'importants secteurs en Afrique, Australie, Sud Ouest américain, le sud de l'Europe devenant semblable à l'Afrique du nord d'aujourd'hui.

La fonte des glaces de l'arctique où la température augmente plus vite, fera le bonheur des pétroliers. Si elle allait à son terme le niveau des mers grimperait de 7 mètres.

Dans les plaines côtières et deltas du sud-est asiatique la salinisation des sols les rend impropres à la culture vitale du riz.

Les rendements agricoles se réduisent dans l'Ouest américain, où l'eau se fait rare et les aquifères sont sur-exploitées.

Les océans Atlantique et Pacifique se réchauffant, l'Amazonie zone humide de toujours est en voie d'assèchement. La couverture végétale du poumon de la planète, ce formidable puits de CO2, montre déjà des signes de déclin. Ainsi se renforce le réchauffement.

De même, le dégel du permafrost menace de libérer des masses énormes de méthane dont l'effet de serre est 27 fois supérieur à celui du CO2. Des processus s'enclenchent qui, si les émissions de gaz à effet de serre n'étaient pas maîtrisées, conduiront à des changements irréversibles des conditions de vie.

 

Les premières victimes sont aujourd'hui les plus défavorisées des pays les plus pauvres, pour qui famine et manque d'eau sont d'ores et déjà une réalité.

Une autre boucle funeste s'est mise en place. Quand la température de l'eau croît l'océan absorbe mois de CO2. Il s'acidifie et les récifs coraliens, milieux marins les plus riches, meurent.

La production de phytoplancton décroît. Ainsi le rendement de la pêche s'effondre déjà aux faibles latitudes, baisse qui n'est pas compensée par la hausse observée dans les parties situées plus au nord.

On peut aussi positiver. Grâce à l'éclipse totale du phytoplancton, Leclerc et Casino fermeront leurs bancs de poissons consommateurs d'énergie et ainsi nous nous rapprochons de nos objectifs de réduction des gaz à effet de serre. Le poissonnier licencié dispose de son temps libéré pour se consacrer à son hobby, la pêche de la truite d'élevage à la mouche artificielle, « no kill » bien sûr, protection de la biodiversité oblige.

Rassurez vous. Ces inepties ne sont pas tirées du rapport des scientifiques du GIEC.

Ceux-ci mesurent leur discours. A l'hyperbole ils préfèrent l'euphémisme. Lorsqu'ils évoquent les mouvements de population prévisibles, ils ne parlent pas de hordes d'affamés se déversant là où les mal nourris ont encore des hamburgers à se mettre sous la dent. Non ils emploient le terme pudique de « nouveaux modèles migratoires ».

Mais de quelque façon que l'on décrive ces déplacements de millions d'humains quittant des territoires où ils n'ont plus accès à l'eau ni à la nourriture, nous devons bien nous poser la question : l'Europe démocratique a-t-elle le cœur ou simplement les moyens d'accueillir toute la misère du monde.

 

Les scientifiques du GIEC ont basé leurs projections sur des observations. A nos décideurs d'imaginer des politiques qui permettent à la vie de continuer dans un monde où la population augmente et les ressources décroîssent et que l'accès à l'eau, à la nourriture et à l'éducation soient possibles pour tous.

La transition énergétique est la condition sine qua non de la réussite de ce formidable challenge.

 

Mais libre à nous de continuer comme avant et pourquoi pas de donner un coup d'accélérateur local au réchauffement global, par exemple en construisant à Champagnole une piscine couverte arborant fièrement 300m2 de surfaces vitrées, sans en avoir fait estimer la consommation d'énergie. Ou mieux encore en créant un milieu complètement artificiel, maintenu été comme hiver à 29° sous la bulle d'un absurde Center Park.

Le prochain pas pourrait être une piste de ski couverte sur la pente sud du Mont Rivel, la plus forte affluence étant attendue au cœur de l'été.

 

Mais non l'engagement de diviser par 2 la consommation d'énergie à l'horizon 2050, inscrit dans la loi de transition énergétique sera tenu. Et les discours se traduiront en actes.

Puissé-je y contribuer !

Le peu de raison qui me reste m'interpelle : « allons, tu rêves encore ». Mais pourquoi pas. Le rêve c'est tellement plus cool que le cauchemar.

 

Michel Moreau                                                   Vendredi 10 octobre 2014

michel-moreau.over-blog.com

 

 

 

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28 septembre 2014 7 28 /09 /septembre /2014 10:08

 

« l'environnement, ça commence à bien faire ». Ces fortes paroles ne sont pas tirées du discours d'ouverture du très médiatisé Grenelle de l'Environnement mis en scène par un président en 2007.

Le politicien qui ne s'adapte pas à son auditoire est condamné à une carrière courte.

Ainsi c'est bien à propos, au Salon de l'Agriculture, que l'ex Président de la République s'est lâché.

Et pourtant de cet environnement, fait à la fois de béton, de verdure, d'hypermarchés, de soleil, de pluie... il est bien difficile de s'extraire autrement qu'en paroles.

Interrogez ces agriculteurs français qui vivent un été difficile, ces producteurs de céréales qui moissonnent du blé germé ou ce paysan malien dont la moisson sèche sur pied.

L'environnement ça commence à faire mal ! Le 5è rapport du GIEC, ou du moins les 42 pages de son résumé pour les décideurs agira-t-il comme une efficace piqûre de rappel à la réalité, en dépit de la discrétion des médias ?

Le message est clair : contenons l'augmentation de la température globale à moins de 2° par rapport à l'ère pré-industrielle et nous évitons que se produisent ces transformations radicales de notre environnement qui rendraient improbable la survie de l'humanité.

 

Dans le sillage d'Hiroshima germa l'utopie du nucléaire pacifique. Un gramme d'uranium contenait tant d'énergie que l'on rêva, une bonne soixantaine d'années avant Fukushima, de substituer l'atome civil au pétrole, gaz et charbon. 1973 et son choc pétrolier donna un coup d'accélérateur. PEON (Programme d'Energie d'Origine Nucléaire) projetait 200 réacteurs en France pour l'an 2000 !

Puis se diffusa la notion de changement climatique. Elle sera habilement exploitée par les partisans de l'atome, dont la fission produit de la chaleur mais pas de CO2, bien que sa mise en œuvre nécessite l'utilisation de quantités d'énergies fossiles.

Pour ne pas irriter notre ministre de l'environnement nous n'opposerons pas entre elles les sources d'énergie. Nous nous contenterons ici de comparer leurs contributions respectives à la production d'énergie finale. Nucléaire : 2.6% de l'énergie mondiale. Fossiles : 78%. Energies Renouvelables (principalement biomasse et hydraulique, marginalement éolien et solaire : 19%).

Pas de problème majeur : avec 15000 réacteurs de 1500MHW, le nucléaire se substituera aisément aux énergies fossiles. Avec 4000 réacteurs de plus nous nous passerons du vent, du soleil, de l'eau et du bois.

Le nucléaire n'est évidemment pas la bonne réponse. A terme il n'y a point d'alternative aux énergies renouvelables mais il faut que cette échéance arrive avant que le changement climatique ait mis un terme à notre « civilisation ». En effet « la maison de brûle-t-elle pas » ainsi que le dit l'ex président Chirac lors d'un symposium dédié au... climat.

 

Tel est le défi de la transition énergétique.

Pour répondre aux différents problèmes que nous pose cette nécessité de changer notre manière d'appréhender l'énergie, des énergéticiens, des économistes, des urbanistes ont élaboré un scénario qui « permet d'envisager un futur où la société réinvente à la fois sa manière de consommer et de réduire son énergie ».

C'est le scénario Négawatt que j'essaierai de décliner à l'aune du Jura.

Dense, précis, rigoureux, chiffré, c'est la démonstration que l'on peut, par la recherche de la sobriété et de l'efficacité énergétique, et en tablant sur une augmentation de la population de 15%, satisfaire les besoins de la France avec 2.2 fois moins d'énergie, produite quasiment à 100% par les énergies renouvelables.

Le manifeste Négawatt préfacé par Stéphane Hessel et conclu par Amori Lovins, résultat du travail de 25 praticiens de l'énergie, doit être lu, et relu. C'est l'ouvrage de référence sur la transition énergétique. Si la lecture de ce qui va suivre vous incite à passer commande de cet ouvrage chez votre libraire, je n'aurai pas perdu mon temps.

 

Michel Moreau  

 

 

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5 septembre 2014 5 05 /09 /septembre /2014 14:43

 

Avec 136 TWH/h le bois produit aujourd'hui 7% de l'énergie finale consommée en France.

Le scénario Négawatt prévoit un doublement de cette production qui conduirait à multiplier par 4 la couverture de la consommation d'énergie finale, celle-ci ayant été divisée par 2 par les efforts de sobriété et d'efficacité énergétique.

 

La France est couverte à 30% par la forêt, la Franche-Comté à 45%. C'est la 2ème région où le bois-énergie est le mode de chauffage principal. 160000 appareils de chauffage à bûches consomment 1.800.000 stères (1.000.000 de tonnes).

320.000 tonnes de bois déchiqueté sont valorisées notamment dans 80 chaufferies industrielles, surtout dans les scieries pour le séchage du bois.

Quand il s'est avéré intéressant d'avoir du bois sec EDF a promu des séchoirs électriques ! La société Eurochêne, conseillée par AJENA, après une étude prise en charge par l'AFME (Aujourd'hui ADEME), fut la première entreprise régionale à substituer ces sciures et écorces à l'électricité nucléaire dans une chaudière fabriquée en France par la société Compte.

Dès les années 80 la Franche-Comté s'est engagée dans la bonne voie. Grâce au plan Bois Energie lancé en 1994 les installations et les puissances ont augmenté considérablement.

En 2012 les 410 chaufferies collectives, privées ou publiques, ont consommé 87000 tonnes de plaquettes.

 

Pour la production et le stockage de ces plaquettes la région Franche-Comté est bien placée

 

Etant donné cette avance prise par la Franche-Comté, qui se traduit par une consommation de 1.300.000 tonnes de bois et une puissance installée passée de 2002 à 2012 de 20 MW à 80, notre région a déjà fait la moitié du chemin prévu pour 2050 par le scénario Négawatt. Il lui reste à augmenter de 50% l'énergie produite par le bois à cet horizon.

 

Mais la ressource existe-t-elle ? Oui si l'on en croit les estimations de la DRAAF (Direction Régionale de l'Agriculture et de la Forêt) et de l'ADIB (Agence pour le Développement de l'Industrie du Bois), collectées par l'INSEE : le potentiel exploitable en bois-énergie et non exploité est de 700.000 tonnes. D'autre part le rendement des systèmes de conversion du bois en énergie progressera.

On peut être raisonnablement optimiste et penser que notre forêt n'aura pas à subir un impact trop important des dérèglements climatiques. Mais là rien n'est sûr.

L'exploitation forestière n'est pas partout possible et elle n'a pas le même coût.

L'augmentation de la demande créée par de nouvelles chaufferies peut entraîner une tension sur les prix. Et les 160.000 utilisateurs de bûches n'ont pas tous de gros budgets.

Néanmoins il reste une marge importante à exploiter.

 

Une politique d'aide à des travaux d'isolation, à l'acquisition de fourneaux ou chaudières (fournaises » disent nos amis du Québec) plus performants peut faire baisser la consommation des ménages.

Dans l'habitat collectif, notamment social, la priorité sera donnée à la substitution du bois à l'électricité, réservant celle-ci à ses usages spécifiques.

Après la chaufferie pionnière de Champvans près de Dole, l'AJENA a piloté de nombreuses installations collectives.

 

Gazéification

 

De nombreux appartements chauffés aujourd'hui au gaz naturel fossile pourraient l'être demain au gaz produit par gazéification. A l'issue de certaines phases, qui incluent pyrolyse et combustion en déficit d'oxygène, le bois produit du gaz de synthèse (syngaz). Cette technique pourrait selon le scénario Négawatt concerner près de 45% du bois-énergie en 2050.

 

Quels sont les avantages de la gazéification

 

Une tonne de bois à 25% d'humidité produit 600m3 de gaz. Le PCI (pouvoir calorifique) d'un kilo de bois est de 3 KW/h. Celui d'1 m3 de gaz équivaut à 11 ou 12 KW/h. La gazéification produit moins de fumées et de poussières que la simple combustion.

En cas de cogénération il est plus efficace d'utiliser une turbine à gaz que de passer par le cycle de la vapeur. Dans certains procédés de gazéification les cendres sont vitrifiées donc chimiquement stables. Les métaux lourds sont neutralisées.

On s'interroge en Suisse : n'y aurait-il pas là une alternative écologique et économique à la combustion décentralisée du bois-énergie ?

Mais dès qu'il est question de centralisation l'énergéticien s'interroge : la gazéification requiert-elle pour être rentable d'énormes structures ?

C'est probablement ce modèle dont rêvent les très grandes sociétés, GDF-Suez notamment. On imagine bien une collecte organisée au niveau de la Région pour l'approvisionnement d'une ou deux unités.

C'en est fini du bois, énergie renouvelable, dont l'intérêt est d'être réparti et utilisable localement.

C'est aussi la main-mise du pouvoir financier sur cette ressource qui doit être exploitée par les citoyens et les collectivités locales.

 

La solution ne viendrait-elle pas de cette entreprise de Charleroi en Belgique qui a conçu et installe des unités de gazéification de tailles raisonnables et adaptables au niveau de quartiers urbains comprenant des équipements publics. Avec une consommation annuelle de 1000 tonnes de bois ces structures peuvent satisfaire les besoins en chauffage de 200 foyers et de 500 en électricité. Les besoins d'un grand hôpital belge sont couverts ainsi.

Un fourneau a gazéification a été exposé en 2012 au salon Bois-Energie et les canadiens utilisent e plus en plus des « fournaises » utilisant cette techniques (voir vidéos sur « Youtube »).

 

En 2050 combustion classique et gazéification se sont développées en fonction des circonstances locales. Dans les grosses chaufferies les chaudières à gazéification tendent à remplacer les anciennes.

 

A ne pas perdre de vue

 

Le bois est une énergie renouvelable mais de stock, non de flux. On peut multiplier par 2 ou 3 ou 10 le nombre d'éoliennes ou de panneaux solaires sans pour autant diminuer la ressource, ce n'est pas le cas du bois. Pourtant il partage avec le vent et le soleil une caractéristique essentielle : il se prête à une utilisation décentralisée au plus près de la ressource. Il la permet, mieux, il impose.

C'est ce qui condamne les grands projets tels que celui que voulait promouvoir la CRE (Commission de Régulation de l'Electricité) à Solvay (les besoins étaient de 400.000 tonnes par an).

Solvay, grand producteur de CO2, n'a-t-il pas toutes les compétences pour se tourner vers la méthanation, production de méthane par la « réaction de Sabatier ». La combinaison d'hydrogène issue de l'électrolyse réalisée avec l'électricité excédentaire et le CO2 donne du méthane et de la chaleur à haute température. Vous trouverez ceci dans le chapitre dédié à cette technique.

 

Michel Moreau Le 4 septembre 2014

 

 

 

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29 août 2014 5 29 /08 /août /2014 19:27

le système agroalimentaire consomme 15% de l'énergie finale en France. Outre l'agriculture il comprend les industries de transformation, la production d'engrais, de semences, le transport, par exemple de porcs bretons dopés aux antibiotiques et aux hormones vers les abattoirs allemands...

L'activité agricole proprement dite, qui en est la base, représente 2% de cette consommation – gazole des machines, chauffage des bâtiments et serres...

Mais là aussi le gisement d'économies d'énergie est réel. Réaliser celles-ci peut assurer la durabilité de la pratique agricole.

 

En agriculture organique, terme pertinent qui désigne l'agriculture biologique chez les anglo-saxons, c'est la matière organique, contenue dan le sol et élaborée depuis des siècles, qui assure la fertilité.

 

Aujourd'hui le sol tend à n'être que le support de plantes nourries d'engrais solubles. Plus il est plat et ouvert, moins il y a de haies, mieux c'est.

Ainsi dopée, la plante est plus fragile, d'où l'emploi de pesticides qui détruisent prédateurs naturels et bactéries fertiligènes.

Et surtout la production des nitrates est très énergivore (10 kgs de pétrole pour 1kg d'ammonitrates).

Lorsqu'ils sont vendus à leur prix réel ils ne sont plus employés. C'est le cas au Canada. Mais le blé du Manitoba est le meilleur pour nos boulangers. La France, pays de la Beauce et de la Brie, en importe.

Les nitrates, notamment s'ils sont mal utilisés, épandus à contre-temps, relâchent dans l'atmosphère des protoxydes d'azote, gaz à effet de serre plus efficaces que le CO2.

Des apports croissants en engrais et en pesticides s'imposent pour obtenir une production constante. L'agriculture conventionnelle obéit donc à la loi des rendements décroissants. Elle dépend des énergies fossiles. Elle n'est pas durable.

Il lui faut donc réussir sa transition énergétique.

 

Dans le Jura celle-ci est engagée par les agrobiologistes. Leur syndicat a joué un rôle de pionnier.

 

Voici quelques pistes qu'ils nous inspirent.

Tout d'abord un exemple : le GAEC Dole à Miège (canton de Nozeroy). Eté 2014 : 80 quintaux d'orge à l'hectare. Le blé est classé panifiable.

La ferme est autonome à plus de 90% pour ses fertilisants et aliments du bétail. Les plaquettes auto produites – entretien de haies et de forêts – assurent le confort des logements. Bien sûr, le soleil est mis à contribution pour chauffer l'eau sanitaire et celle de la salle de traite. Le fumier abrité, donc non lessivé, conserve toute son énergie.

Le GAEC Dole pratique aussi les cultures associées de céréales et de ces légumineuses qui fixent l'azote de l'air (notamment avoine, pois).

Voilà donc des révolutionnaires tranquilles à la tête d'une ferme rentable.

 

La culture du chanvre (voir « Cannabis répétita »), herbicide naturel, qui nettoie le sol avant une autre culture aussi bien que le roundup de Montsantos, peut être intégré à cette pratique essentielle de l'assolement, qu'ignorent superbement les monoculteurs.

Des pédologues, tels Yves Herody, mieux connu en Inde, au Japon et au Montana que dans le Jura, pourraient être mis à contribution, notamment pour étudier le maillage idéal des haies en fonction des différences de climat, de nature et usage des sols, en Jura et en Franche-Comté.

 

Les immenses toits des granges, équipés de photopiles, peuvent générer une bonne partie des KWH solaires prévus dans le scénario Négawatt pour 2050.

 

Reste la méthanisation. Dans de plus en plus d'exploitations modernes les vaches sont logées sur caillebotis.

Le mélange des excréments est plus facile à méthaniser que le fumier.

Mais cette nouvelle pratique, qui élimine la paille, n'assure pas le maintien de la matière organique du sol. Un sol appauvri aura besoin de nitrates. Faut-il produire du méthane pour consommer du pétrole.

Dans une agriculture durable la paille retourne au sol. Ce qui exclut la production de gaz soit par fermentation anaérobie ou gazéification.

Il faut bien sûr méthaniser les lisiers d'une porcherie annexée à une fromagerie. Les porcs, nourris par le lactosérum, produisent l'énergie nécessaire à la fabrication du fromage et au chauffage.

L'exemple de ce qu'il ne faut pas faire : la méthanisation des fumiers du plateau au dessus de Poligny pour chauffer la bulle du Center Park de Plasne, cette dernière manifestation de l'acharnement à l'auto-destruction des financiers de l'hyper tourisme.

 

On peut aussi développer le séchage du foin en grange en utilisant des panneaux solaires à air. Ceci pourrait s'avérer utile en cas d'aggravation des dérèglements du climat.

 

Il y a 50 ans paraissait une étude américaine dans les Temps Modernes. Il y avait alors un acre de terre utile par terrien. Il en fallait 1,5 pour nourrir une personne prélevant ses protéines dans le règne animal.

Notre mode alimentaire n'était pas accessible à tous. Qu'en est-il aujourd'hui ? La surface agricole a rétréci et la population a crû. Le changement climatique a déjà fait chuter le potentiel de production alimentaire au niveau planétaire.

Manger moins de viande, cela ne veut pas dire se priver, mais consommer en moindre quantité des produits de qualité, issus d'animaux sains, locavores, élevés dans des conditions normales.

C'est aussi cesser de grignoter la forêt amazonienne, garante de notre climat, pour approvisionner les usines à cochons qui sont expédiés en Allemagne pour y être dépecés à bas prix.

C'est aussi libérer des surfaces pour d'autres cultures notamment de soja, de chanvre, de tournesol, qui satisferont nos besoins en huile. Un agrocarburant, l'huile végétale pure, pourra être utilisée dans les tracteurs agricoles et promouvoir ainsi l'indépendance énergétique du paysan.

 

Conclusion

 

En 2050 l'agriculture comtoise a réussi sa transition énergétique. Elle est autonome, diversifiée, résiliente, et gratifiante pour ceux qui la mettent en œuvre. Ils ont redécouvert toutes les valeurs du métier de paysan.

Celui-ci, producteur et consommateur d'énergie avisé, est devenu un acteur décisif de cette transition énergétique qui assure la pérennité de son outil premier, la Terre, notre Terre à tous.

 

Michel Moreau

 

 

 

 

 

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15 août 2014 5 15 /08 /août /2014 15:09

L'énergie nucléaire fut un sujet tabou lors du Grenelle mis en scène par Sarkozy en 2007.

Dans le débat sur la transition énergétique, Ségolène Royal refuse que l'on oppose une énergie à une autre, ce qui serait faire preuve d'idéologie. A ses yeux le nucléaire est un atout pour réussir la transition énergétique.

Lorsque la ministre de l'environnement récuse l'idée de sortir du nucléaire elle voit juste. Démantèlement et gestion des déchets assureront une activité liée à la fission de l'atome pendant bien des décennies.

Et il faudra longtemps pour sortir de la pollution radioactive.

Par contre l'arrêt de la production d'électricité nucléaire est parfaitement envisageable à moyen terme. Ainsi des membres de la très institutionnelle Direction du Climat et de l'Energie ont déclaré, à l'occasion de l'enquête parlementaire sur le coût de l'énergie nucléaire menée par Denis Baupin, que le développement des ENR, couplé à une demande modérée d'électricité, aboutirait d'ici 2025 à un « non besoin » de 20 réacteurs.

Qu'en serait-il si sobriété et efficacité énergétique amenaient cette consommation d'électricité à diminuer de 20% pendant cette même période ?

 

Notre parc nucléaire n'est plus neuf. 33 des 58 réacteurs auront 30 ans fin 2014. C'était la duré de vie prévue à la construction. 13 auront plus de 40 ans en 2020.

Leur maintenance est de plus en plus lourde et coûteuse. Ils seront de moins en moins productifs et de plus en plus sujets à des incidents (+ 67% en 2013 par rapport à 2000).

L'acharnement thérapeutique pour maintenir en état ces réacteurs est estimé à 250 milliards d'euros (source : cabinet d'expertise nucléaire « WISE »).

En regard : 125 milliards d'euros tel serait l'investissement dans les économies d'énergie nécessaires pour une sortie du nucléaire en 20 ans (source : association d'experts en énergie Global Change).

 

Le prix du KW nucléaire où n'apparaît que très peu le coût du démantèlement, de la gestion des déchêts et pas du tout celui d'une éventuelle catastrophe est sur une pente ascendante.

Celui de l'électricité que produira peut-être un jour l'EPR de Flamanville sera 30% plus cher que le prix actuel de l'électricité des éoliennes terrestres qui, lui, continuera à baisser.

Quant au photovoltaïque c'est la chute des coûts. Dans le monde la capacité est passée de 30 à 38 GW alors que l'investissement baissait de 22%.

Peut-on imaginer que l'on demande très démocratiquement aux français de choisir entre une électricité de plus en plus coûteuse à une autre dont le prix décroît ?

Le nucléaire emploie 120000 travailleurs, dont la plus grande partie sera longtemps occupée à la maintenance des réacteurs. à l'arrêt, leur démantèlement, … Les autres, techniquement compétents, n'auront aucun problème de reconversion dans les ENR.

Le scénario Négawatt prévoit 630000 emplois dans les ENR, qui occupent aujourd'hui 380000 allemands, et dans la rénovation thermique de l'habitat.

La transition énergétique est un formidable atout pour l'économie.

 

Oublieux des énormes quantités d'énergies fossiles englouties dans l'acier, le béton, les travaux publics, les transports, l' enrichissement, le retraitement... , oublieux aussi de la modicité de l'apport final en France du nucléaire (16%) et de sa quasi nullité au niveau mondial (2.6%), le dernier carré des nucléocrates ose cette sinistre plaisanterie : le nucléaire qui ne produit pas de CO2 est la meilleure des parades contre le changement climatique !

 

Quant aux accidents graves « ils n'ont pas été considérés lors de la conception des réacteurs », nous dit l'IRSN. C'est donc que le risque n'existait pas dans l'esprit des concepteurs, scientifiques dûment assermentés.

Ce que contredit le président de l'ASN (Autorité de Sûreté Nucléaire), P F Chevet : « l'accident est possible en France. Il faut s'y préparer ». Il ajoute ce bel euphémisme : « … y-compris à des crises importantes et longues ».

Soucieux, un peu par égoïsme, de la bonne santé de nos réacteurs, nous leur souhaitons une fin non pas accidentelle mais paisible et le repos éternel.

 

Le 14 août 2014

 

 

 

 

 

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1 août 2014 5 01 /08 /août /2014 09:48

On ne rendra jamais assez hommage à Edouard leclerc, ce philanthrope qui eut à coeur d'améliorer le sort de ses semblables.

Le XXè siècle était déjà bien entamé, la page sombre de la seconde guerre tournée depuis plus d'une décennie. Les français, des villes et des champs, offraient le triste spectacle d'une débauche d'énergie. Pour trouver sucre, viande, eau de javel ou Gitanes bleues ou autres croissants, il leur fallait, à pied, à bicyclette, aller de boulangerie en droguerie, de boucherie en épicerie, sans oublier le détour au débit de tabac.

Ces commerces trustaient le centre des villages et des villes où banques et compagnies d'assurances peinaient à trouver place.

Des esprits éclairés ont mis un peu d'ordre dans la distribution, notamment celui qui ouvrit au printemps 2014 son premier hyper jurassien à Champagnole.

Michel Edouard Leclerc avait contribué à dépoussiérer centres villes et villages de ses petits magasins qui nourrissaient chichement quelques boutiquiers pour créer ces usines à vendre qui alimentent leurs actionnaires, en exploitant ce concept tout bête : distribuer plus en employant moins.

Pour cette première jurassienne Leclerc voulait une perle. L'écrin fut Champagnole, heureusement gérée par un maire bon enfant mais qui voit plus loin que le bout de son nez.

 

Nous sommes maintenant en 2025. Il n'y a pas si longtemps le hollandais ou le belge devaient chercher hôtel, gîte ou chambre d'hôte, cascade, grotte, rivière, lac, source, ou caveau. Aujourd'hui seuls quelques écolos attardés arpentent encore les sentiers pédestres. De rares septuagénaires misanthropes trempent dans l'eau froide et louche surpeuplée de grenouilles, poissons dentus et myriades de larves de moustiques.

 

Pierre et Vacances a compris la leçon. Les temps changent. L'heure a sonné de l'hyper tourisme. Il suffisait d'appliquer la recette d'Edouard Leclerc : concentrer, distribuer plus de loisirs en employant moins de bras et d'espace.

Gîtes et hôtels se sont vidés. Les restaurants ont bradé leurs derniers poulets aux morilles et saucisses de Morteau. Le parking des cascades du Hérisson est déserté.

Finis les interminables trajets sinueux entre lacs, grottes, sources, fruitières...

 

Le cheval de Troie du tourisme « In » en Franche Comté fut le Center Parks de Plasne dans la forêt de Poligny. Celle-ci est si vaste que la suppression de 150 à 180 hectares de sapins qui absorbaient à peine 5000 tonnes de CO2 par an, relevait d'une gestion écologique du patrimoine forestier.

De même pour fournir l'énergie nécessaire à maintenir une température tropicale dans la bulle de 2 hectares les montbéliardes du plateau sont fières de faire don de leurs déjections solides et liquides pour le confort des bienheureux résidents.

Les fervents des circuits courts apprécieront. L'appoint électrique est apporté par les éoliennes de Chamole. Plus vert tu meurs.

C'est bien grâce à nos élus départementaux et régionaux que le Jura a pris le virage de l'hyper tourisme et fait en même temps un grand pas vers la transition écologique.

Ravi par l'ambiance tropicale de la bulle enchantée, le touriste, hier avide de dépaysement, ne s'envole plus vers les mers chaudes. Ryanair a mis fin à ses liaisons avec Marrakech et Lisbonne économisant énergie, CO2, et argent des jurassiens.

Le Center Park du Haut Doubs tourne à plein régime, grâce à la main-d'oeuvre suisse bon marché. Celui du Haut Jura doit ouvrir en mai prochain (2026).

 

Mais Pierre et Vacances ne s'est pas borné à rendre les hommes plus heureux. Partout dans notre Jura la nature reprend ses droits. Sereine, la laie mène sa petite famille zébrée sur la sente tranquille. Le héron au long bec, où frétille une ablette, côtoie un lac. La carpe et son compère brochet y font mille tours. Les roseaux frémissent. La brise elle-même est plus légère. La Fontaine est de retour.

 

Je vous offre à méditer aujourd'hui, c'est-à dire en 2025, ces paroles prophétiques d'un certain Gérard Brémond, PDG de Pierre et Vacances, lors d'un colloque en décembre 1989 au Centre Océanique Cousteau sur le thème « Ecologie et Pouvoir », inauguré par le président Mitterrand.

Je cite : « Aujourd'hui l'écologie et l'environnement sont devenus les paramètres fondamentaux du succès commercial d'une opération immobilière et touristique […] Offrir une vraie nature aux citoyens des mégapoles est un impératif pour les aménageurs et gestionnaires touristiques. »

 

Gérard Brémond pouvait-il rêver d'un site plus vraiment naturel que le cœur de cette forêt de Poligny pour faire passer le tourisme d'un artisanat languide à une industrie dynamique. Et le PDG de Pierre et Vacances concluait : « Même si cela peut paraître provocateur les meilleurs alliés des écologistes sont les aménageurs.

Amis du Pic Noir : montrez-vous positifs.

 

 

Michel Moreau Le 31 juillet 2014

 

 

 

 

 

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