Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
24 juillet 2014 4 24 /07 /juillet /2014 20:19

 

Traitement des OM – Le Jura peut mieux faire

 

La notion de valorisation énergétique des déchets prit corps en France dans les années 80. Nos voisins d'outre-Jura avaient montré l'exemple en les brûlant dans leurs cimenteries.

L'incinération signifiait la fin des décharges plus ou moins contrôlées ou ouvertement sauvages, sources de pollution et de gaspillage.

Elle allait donner naissance à une activité industrielle spécifiquement française, sous l'impulsion de la lyonnaise de Eaux, future VEOLIA, politiquement bien introduite, avec l'appui du Ministère de l'Industrie. Elle allait devenir un des thèmes majeurs de l'ADEME.

L'incinération dans des usines dédiées à cette activité, pour chauffer des logements, était-elle une solution présentant à la fois la meilleure efficacité énergétique, et la plus favorable à la protection de l'environnement et de la santé.

Au terme de 20 années de fonctionnement du CDTOM (Centre Départemental de Traitement des Ordures Ménagères) il est à la fois légitime et utile de faire le point pour évaluer le service rendu par une structure financée par le public, à hauteur de 54% par les adhérents du SYDOM (9,223,293 euros pour le dernier exercice) et les éco-organismes disposant d'argent public pour 27%.

 

Le traitement des Ordures ménagères dans le jura pose trois problèmes :

 

1 - Il n'y a pas adéquation entre offre et demande de chaleur.

 

La production de déchets est constante sur l'année, le chauffage des logements est saisonnier.

En été partie de la chaleur est valorisée sous forme d'électricité (rendement 30% - principe de Carnot oblige) à une période où nos réacteurs génèrent un surcroît d'électricité exportée en dessous du prix de production.

La chaleur « sortie du four » est valorisée à hauteur de 54%, dont moitié pour le chauffage d'un quartier, le reste pour le chauffage et le fonctionnement de l'usine et la production d'électricité. Ces chiffres sont consultables dans le rapport d'activité du SYDOM pour l'année 2013.

Le bilan de la valorisation de l'énergie produite est médiocre.

Il y a mieux à faire.

 

2 - Etant donné le coût élevé d'une usine d'incinération, une seule fut réalisée pour le Jura.

Les économies d'échelle n'ont pas généré d'économies de transport. Celui-ci, confié à un transporteur privé, dont le siège social est à Bordeaux, évite scrupuleusement le réseau ferré.

Les différents quais de transfert des SICTOM au CDTOM ce sont des centaines de milliers de kms parcourus par des remorques (2 partent chaque jour ouvrable de Champagnole).

Le rapport du SYDOM révèle que partie des déchets à incinérer (5700 tonnes sur les 50000 collectées) le sont à Besançon, en Haute Saône, à Pontarlier, à Bourogne (90) ou Bellegarde.

Le coût énergétique de ces nombreux va-et-vient n'est pas mentionné dans le rapport du SYDOM.

Passer au maximum possible de la route au rail s'imposera dans une démarche de transition énergétique.

 

3 – Trier mais pas trop.

Le gestionnaire, Novergie, filiale de VEOLIA, a besoin des déchets les plus combustibles possible. Or leur pouvoir calorifique varie avec leur nature. Imaginons un tri parfait : tous les emballages sont recyclés, c'est la panne.

Les pays qui trient, recyclent le mieux n'ont point point d'usine d'incinération d'OM.

 

4 – Il est vite apparu que les bio-déchets composés à 80% d'eau n'étaient pas une source de chaleur très intéressante.

Pire ils entravaient la combustion. Or qui dit combustion incomplète, surtout s'il s'agit de produits chlorés, dit dioxine.

Les 150 usines d'incinération disséminées sur le territoire national sont le premier émetteur de ce composé organo-chloré extrèmement toxique.

Les teneurs acceptables en France n'ont rien à voir avec celles exigées au Japon. Elles ne pourraient jamais être atteintes par des incinérateurs dotés des meilleurs dispositifs.

Une étude épidémiologique a révélé 2,5 fois plus de cancers chez les riverains de l'UIOM de Besançon.

De la dioxine a été détectée dans les oeufs d'un élevage proche d'un incinérateur ainsi que dans le plasma sanguin d'habitants.

L'INSERM signale des malformations chromosomiques.

 

Pour réduire la part des bio-déchets allant au four le SYDOM utilise 2 parades. Un “trommel” en sépare une partie, les fines, qui sont acheminées à Bourg, par camion évidemment, pour y être compostées. Contaminées au contact des autres déchets, ces fines donnent un compost non utilisable en agrobiologie.

La pratique du compostage fait enfin l'objet d'une information. Elle progresse, y-compris en collectif (53 sites de pieds d'immeubles ou de quartiers, lycées, collèges...).

Mais la vraie solution, celle des allemands, suisses et autres danois... c'est tout simplement la collecte séparée des bio-déchets.

 

Dans les années 80, Jura Ecologie, association écologique pionnière, proposait 2 poubelles. Une pour la partie organique compostée ou méthanisée au niveau communal ou inter communal.

S'inspirant de la géographie ferroviaire intéressante du Jura, la partie non organique collectée dans la seconde poubelle était conduite dans les gares de St Claude, St Amour, Lons, Champagnole ou Pontarlier, pour y être acheminée dans un centre de tri à Mouchard, noeud ferroviaire.

La partie recyclable gagnait par le rail les filières adéquates. Les déchets résiduels étaient dirigés vers la cimenterie de Rochefort, filiale du groupe Holcim qui incinère les déchets suisses. L'avantage de la cimenterie est évident. Ses besoins sont réguliers comme la production des déchets. Enfin la valorisation énergétique est réelle.

A peine ose-t-on imaginer le colossal bénéfice en terme d'énergie, de transport, d'émission de CO2, de dioxine, qui aurait été réalisé si la proposition de Jura Ecologie avait été préférée par le pouvoir politique local à celle de la Lyonnaise des Eaux.

Hélas il y avait trop d'or dans nos ordures. En 2050 au terme de la transition énergétique on se souviendra que les 140 incinérateurs hexagonaux ont été construits, sans rire, au nom du développement durable.

Pour exploiter l'incinérateur public propriété du SYDOM, VEOLIA a perçu 8,687,423 euros, ce qui constitue 49,4% des dépenses du SYDOM en 2013. C'est VEOLIA évidemment qui a vendu la chaleur à l'Office HLM.

Les jurassiens assurent une rente confortable à une multinationale qui connaît tous les rouages de l'optimisation fiscale. Ce délicieux euphémisme désigne cette évasion fiscale qui met en péril notre démocratie.

 

Les élus peuvent-ils et veulent-ils reprende la main, c'est-à-dire mettre en place un traitement public des ordures ménagères du Jura. Il n'y aura point de transition énergétique sans volonté politique.

 

Michel Moreau                   Le 22 juillet 2014  

 

Partager cet article
Repost0
6 juillet 2014 7 06 /07 /juillet /2014 19:10

 

Oxygène et carbone, que celui-ci soit issu du charbon, des hydrocarbures, du bois, du méthane, sont les 2 éléments qui alimentent toute combustion, dans la chaudière du HLM, du centre aquatique, du Center Park, dans l'avion qui conduit l'hivernant vers l'Ile Maurice ou plus modestement Marrakech, l'automobile qui porte son passager-conducteur du dodo au boulot.

Après avoir produit de l'énergie, oxygène et carbone se combinent pour former ce CO2, gaz essentiel à cet effet de serre qui fait de la planète un lieu où l'on peut vivre.

Mais de cet effet de serre dont la revue américaine Nature nous informa dès 1970, point trop n'en faut.

C'est ce qu'ont bien compris le Conseil Général du Jura et son président qui, rêvant de voir le moteur électrique se substituer au moteur à combustion interne, lancent un programme d'installation de bornes électrique dans le Jura.

 

Bravo, voilà enfin de l'écologie pratique, un intérêt pour le développement durable dont nous avait fait douter les aides au transport aérien et à l'hyper tourisme à la sauce Pierre et Vacances.

Oui le moteur électrique est un énorme progrès. Il est plus performant que le moteur classique dont le rendement médiocre est régi par les lois implacables de la thermodynamique. Mieux il est propre.

Alors saluons l'initiative de notre Conseil Général qui sera suivi n'en doutons pas par le Conseil Régional.

Il nous reste à espérer qu'ils ne verront pas qu'une partie du problème mais saisiront celui-ci dans son ensemble.

Car le moteur électrique sera propre si l'électricité qui l'alimente est produite sans CO2 ni pollution radioactive.

Or 75% de notre électricité provient de la fission de l'atome d'uranium qui s'avère de plus en plus coûteuse et de moins en moins acceptable sur le plan environnemental – et au moins 15% de la combustion d'hydrocarbures ou charbon dans les centrales thermiques.

Ainsi la substitution de l'électricité au gazole et à l'essence n'aura un intérêt pour le développement durable que si elle s'accompagne de la mise en place d'une capacité proportionnée de production d'électricité par les énergies renouvelables.

L'autre solution, dont rêvent probablement Proglio le chef d'EDF, et AREVA, sera de construire de nouveaux EPR qui généreront un surplus de déchets nucléaires et d'émissions de produits radioactifs, tout au long du cycle de l'uranium.

 

Installer une mini centrale photovoltaïque sur le toit du Conseil Général pour charger les batteries des véhicules des services témoignerait d'une prise de conscience du problème.

Ceci pourrait se faire dans le cadre d'une réhabilitation thermique d'un bâtiment conçu pour gaspiller l'énergie.

 

Alors on se prend à rêver. Les conseillers régionaux et généraux lisent le 5è rapport du GIEC ou du moins son « résumé pour les décideurs ».

A la simple idée que le réchauffement global pourrait, par acidification des eaux marines, faire disparaître le phytoplancton, premier maillon de la chaîne alimentaire dans nos océans, gauche et droite réunies, dans un réflexe de survie, opèrent une révolution politique : toutes les subventions destinées à Ryanair et Pierre et Vacances sont réorientées vers un programme de maîtrise de l'énergie et de promotion des énergies renouvelables.

L'emploi, en quantité et en qualité est gagnant, et surtout tout simplement la Vie.

Ne tournons pas le dos au Progrès.

 

Michel Moreau - 6 juillet 2014

Partager cet article
Repost0
22 juin 2014 7 22 /06 /juin /2014 17:51

 

La France est-elle une démocratie ? Ou pour poser la question différemment : y a-t-il compatibilité entre nucléaire et démocratie ?

En 2012 François Hollande programme la fermeture de la centrale de Fessenheim et le passage de 75 à 50% d'ici 2025 de la part du nucléaire dans la production d'électricité.

Rappelons que celle-ci représente 23% de l'énergie finale consommée dont le nucléaire produit 17%.

En démocratie les élus du peuple exercent le pouvoir. En votant Hollande nous pensions que celui-ci serait en mesure de faire la politique annoncée.

Or l'Etat n'est pas le gestionnaire du parc nucléaire. Seul EDF et son âme sœur, l'Agence de Sécurité Nucléaire (ASN), peuvent décider de la fermeture d'une centrale.

C'est EDF, drivée par Proglio, et dont l'Etat détient pourtant 85% du capital, qui élabore notre politique énergétique.

Peut-on rêver situation plus apte à inciter le citoyen à fréquenter les bureaux de vote, quand technocratie et finance prennent le pas sur la démocratie ?

 

Après d'âpres débats et un lobbying intense, la loi de transition énergétique qui a suscité le grand espoir d'une donne énergétique entièrement nouvelle, n'a pas donné au pouvoir démocratiquement élu les clés de notre avenir énergétique ni celui de la centrale des bords du Rhin dont la pollution aurait de terribles conséquences.

Les objectifs de cette loi restent flous. Il s'agit plutôt d'un mix énergétique imprécis, à réévaluer tous les 5 ou 10 ans, et non pas d'une volonté affirmée de substituer aux fossiles et nucléaire les énergies de flux à l'horizon 2050.

Or ce scénario est très réaliste si l'on travaille sur 3 fronts : maîtrise de la consommation, efficacité énergétique et promotion des énergies renouvelables. Notons qu'il sera plus facile de sortir du nucléaire (17% de notre énergie) que des fossiles (plus de 70%).

L'argument de l'indépendance énergétique est une farce : la technologie des réacteurs à eau pressurisée (EPR ou PWR) est américaine. L'ensemble de l'uranium est importé, notamment d'un pays à risque, le Niger, dont AREVA contribue à polluer un vaste territoire pour des siècles.

Le second argument, le bas prix du KW nucléaire, a fait long feu. Un rapport parlementaire et l'avis de la cour des comptes annoncent qu'il coûtera de plus en plus cher à produire.

On sait de plus que des coûts n'apparaissent pas dans le calcul, notamment concernant la recherche, gigantesques de par le passé, et qui trustent encore l'essentiel des crédits publics, et qui pourraient encore faire rater à la France le tournant de la 3è révolution industrielle*, fondée sur les ENR.

EDF conteste à l'Etat le pouvoir de décision. Mais c'est bien l'Etat, actionnaire à 85% - et l'Etat c'est nous – qui assumera la différence entre le prix de vente d'un EPR à la Finlande (3 milliards) et le coût réel, estimé aujourd'hui à 8,5 milliards d'euros.

 

Ne devrions-nous pas être appelés à choisir entre un mode de production, gros consommateur d'énergie fossile et électrique (extraction, enrichissement de l'uranium, construction des centrales, retraitement, transport...) de plus en plus coûteux, polluant, et potentiellement dangereux, et des énergies propres indéfiniment renouvelables et dont le coût d'exploitation ne cesse de décroître.

 

Mais la grande supériorité des ENR, qui rend obsolète celles du 20è siècle, est leur caractère décentralisé.

Notre savoir faire technique n'est pas neutre. Il modèle nos relations sociales.

L'option nucléaire et la démocratie s'excluent mutuellement.

C'est bien un choix qui s'offre à nous entre une production décentralisée et répartie de l'énergie, entre une gestion collective et citoyenne ou purement financière de ces biens communs : le vent, air en mouvement, l'eau du torrent ou de la marée, la chaleur du noyau de notre Terre à tous, sans oublier le soleil qui a le bon goût de briller plus fort là où les peuples sont les plus pauvres.

Ce choix ne devrait-il pas être l'objet d'un référendum d'initiative populaire ? Ainsi notre avenir serait entre nos mains comme le disait Albert Jacquard, et la transition énergétique redonnerait du souffle à la démocratie.

 

Michel Moreau Le 21 juin 2014

http://michel-moreau.over-blog.com/

 

* A lire absolument: La 3è Révolution industrielle – Jérémy Rifkins

 

 

 

 

 

 

 

Partager cet article
Repost0
15 juin 2014 7 15 /06 /juin /2014 19:31

Une avalanche de bonnes nouvelles dissipe toute trace de morosité.

En premier : la toiture du centre aquatique intercommunal sera isolée ! Ceci remplira d'aise les élus qui travaillent dans le cadre du groupe climat et énergie animé par le maire de Montrond.

Mieux : les matériaux isolants appartiendront à la dernière génération !

 

Devant la superbe photo imprimée dont l'édition de ce dimanche 15 juin du Progrès, les champagnolais, qui ont la fibre écolo, se réjouiront de constater que l'énergie solaire sera amplement mise à contribution pour assurer le confort thermique à travers quelques 300m2 de surface vitrée. On peut même s'interroger : faudra-t-il vraiment faire appel au gaz ? Mais jouons la sécurité. Celui-ci ne sera qu'un appoint, au cas extrême où le ciel reste couvert durant une semaine, ou qu'au cœur de l'hiver la température extérieure chute en dessous de 5 degrés, ce qui sera très rare en cette période de surchauffe annoncée par les optimistes savants du GIEC.

Preuve que l'optimisme est de rigueur, tout au long du long fleuve tranquille de la gestion inter-communale, la question subalterne de la consommation d'énergie de la structure n'a jamais été ni évoquée ni étudiée.

C'est joyeuse et responsable que la communauté de communes de la Porte du Haut Jura s'engage sur la voie du développement durable !

 

Autre bonne nouvelle

 

La chambre d'agriculture compte en son sein un chargé de mission énergie. L'objectif du Plan Territorial Climat Energie du pays du Revermont est de réduire de 20% les gaz à effet de serre et d'augmenter de 20% la part des énergies renouvelables. Ainsi s'imposa l'idée de la méthanisation des lisiers et fumiers. Miracle : un merveilleux débouché s'offre aux déchets des bovins du plateau.

Une unité de méthanisation, construite à proximité du Center Parcs, produirait l'énergie nécessaire à maintenir été comme hiver une température de 29° sous l'immense bulle et à chauffer les 400 pavillons.

Ainsi Pierre et Vacances deviendrait un acteur essentiel de la transition énergétique dans le Jura. Toujours dans un souci de développement durable les pavillons seront construits en bois. Gageons que le Conseil Général, généreux co-promoteur, veillera à ce qu'il s'agisse de bois local.

 

A la une du Progrès la vache machouille une poignée de foin. Son regard doux est impénétrable. Pense-t-elle au veau qu'elle nourrit ou à celui dont elle assurera le confort thermique.

 

 

Michel Moreau, le 15 juin 2014

 

Partager cet article
Repost0
3 juin 2014 2 03 /06 /juin /2014 09:47

L'échantillon était représentatif : professions libérales, enseignants, beurs, conseillers municipaux...

Les uns s'occupaient à refaire le monde ou à lire le Progrès devant un petit noir, un blanc ou un rosé. A la porte du bar d'autres imprégnaient leurs poumons de nicotine. Les retraités déambulaient paisiblement ou se regroupaient sur les larges trottoirs de notre avenue républicaine. Quant aux élus, ployant sur le poids de leurs responsabilités, mais ne rompant point, ils gravissaient, sereins et alertes, les marches du palais communal.

Les plus nombreux venaient de voter à droite aux municipales. Certains s'appretaient à rejoindre le camp bleu marine à l'occasion des européennes. Il y avait même un ou deux électeurs de gauche.

Mais presque tous partageaient la même intime conviction.

A la question que je posai à 20 d'entre eux, 19 firent la même réponse.

Voici la question : « le nucléaire produit-il plus ou moins de 50 de l'énergie consommée en France ? ». 19 ont répondu : plus bien sûr ! Et un seul : moins... peut-être.

La majorité n'a pas toujours raison, même en démocratie. Quand j'annonçai que nos prestigieuses centrales où fissionne l'atome d'uranium nigérien satisfont 17% de nos besoins (un petit 3% au niveau mondial), je les sentis incrédules.

Pour dissiper leur scepticisme poli, je dus préciser que le nucléaire produit 75% de notre électricité, c'est-à-dire 23 de l'énergie finale consommée (donc 75% de 25% =17%).

C'est en partie sur cette confusion entre électricité et énergie totale que se fonde l'idée fort répandue : on ne peut se passer de nos réacteurs.

Mais cette base fragile du mythe nucléaire ne résiste pas à une information simple et objective.

Pourquoi est-il si difficile de communiquer sur la réelle contribution de l'industrie de l'atome, sachant que celle-ci verrait son niveau baisser si était réellement prise en compte la considérable consommation d'énergie du cycle entier de l'uranium, de l'extraction du minerai au retraitement des déchets, en passant par l'enrichissement, la construction des centrales, dont l'âge avancé n'améliore pas le rendement.

Vous chercherez en vain technique de production d'énergie à la fois plus gratifiante pour le physicien nucléaire et plus énergivore.

N'avons-nous pas droit à une comparaison objective entre le nucléaire et les énergies renouvelables, concernant le coût, l'impact sur l'environnement, la santé, l'économie et l'emploi.

On peut s'étonner que nos décideurs n'exigent pas cette transparence de l'information avant de prendre leurs décisions.

Non, blottis dans les confortables poches de ces lobbys qui gèrent notre énergie tout come notre eau et notre commerce, ils prennent garde de ne pas risquer le bout de leurs nez à l'extérieur.

Ne pourraient-ils pas recevoir quelques gouttes de pluie, ressentir le vent et le soleil ? Et tout cela gratis ! Vite ils apprendraient que le coût de l'énergie issue de ces sources indéfiniment renouvelées ne cesse de décroître.

Alors ils se mettraient à … penser. Et les français à les prendre enfin au sérieux.

Oui il est des évidences que même un politicien, fut-il énarque, ministre ou maire d'un modeste bourg, peut comprendre.

Alors ce sondage, pertinent ou impertinent ?

 

Michel Moreau 

 

Partager cet article
Repost0
19 mai 2014 1 19 /05 /mai /2014 17:59

Nous en sommes aujourd'hui au 5ème rapport du GIEC (Groupement Intergouvernemental sur l'Evolution du Climat). A son élaboration ont participé 71 scientifiques, y-compris des pays du sud, Gambie, Cuba, Sénégal, des russes, des américains, des australiens et de tous les grands pays d'Europe, France exceptée.

Le message sous-jascent à ce gros pavé, consultable sur le net, est clair. Si les émissions de gaz à effet de serre stagnent, ou croissent, ce qui est malheureusement le cas, il y a risque de changement brutal et irréversible dans « la composition, la structure, la fonction des systèmes terrestres et marins ». A ce moment-là, les stratégies d'adaptation auxquelles travaille le GIEC seraient inopérantes.

Mais ne constatons-nous pas aujourd'hui la fonte de la banquise et des glaciers, une montée des eaux, des phénomènes climatiques extrêmes : sécheresse, inondations, feux de forêts, une acidification des océans, une chute du rendement de la pêche aux basses latitudes, une diminution globale de la production alimentaire, l'érosion des côtes, la salinisation des sols notamment producteurs de riz. Tout ceci laisse présager des exodes massifs vers les contrées les moins invivables.

 

Le GIEC est formel. La cause première de l'évolution du climat est l'activité humaine.

Depuis le premier rapport et les accords de Kyoto la situation s'est dégradée.

Est-ce la raison pour laquelle le GIEC a décidé de faire de ce 5ème rapport un résumé pour les décideurs (« A summary for policy makers »).

Le rapport est en anglais. Le résumé a été traduit, laborieusement. Sa lecture n'est pas aisée. Elle est indispensable. Nos décideurs doivent s'y mettre.

 

Concernant certains projets jurassiens : centre nautique de la communauté de communes porte du Haut Jura, Center Parks de Pierre et Vacances, les élus seront, après la lecture du résumé, conscients d'être devant un choix clair. Participer localement et activement à accélérer ou non le changement climatique.

En l'état actuel des connaissances, réaliser une piscine telle qu'elle est projetée, en ignorant sa consommation d'énergie, qui ne peut qu'être conséquente étant donné son architecture ostentatoire, serait se tromper de siècle. Une telle erreur eut été excusable il y a 40 ans, pas en 2014.

Au cours des décennies passées nous avons vécu quelques progrès qui nous permettent de réaliser une piscine répondant aux exigences du BEPOS* (bâtiment à énergie positive).

Mais peut-on surtout imaginer une participation publique, du département ou de la Région, au projet de Center Parks sur 150 hectares de forêt polinoise, qui n'absorberont plus les quelque 5000 tonnes de CO2/an, ce gaz à effet de serre n°1, et dont le cœur sera une immense bulle transparente, abritant rivière, cascades, bassins, végétation exotique, à l'intérieur de laquelle régnera l'année durant une température constante de 29 ° !

Imaginez l'énergie gaspillée pour refroidir en été, chauffer en hiver une structure qui représente le niveau zéro du tourisme : attirer le client dans un milieu entièrement artificiel alors que la nature est si belle dans le Jura.

Le réchauffement est une réalité qui ne disparaîtra pas d'un coup de baguette. On peut soit le limiter et tenter de s'adapter soit l'aggraver et alors il pourrait bien ne plus y avoir d'adaptation possible.

 

Pour le limiter la stratégie est évidente : respecter les écosystèmes notamment forestiers, les terres agricoles, rechercher l'efficacité énergétique, développer les énergies renouvelables. Cela s'appelle aussi transition énergétique. C'est là que sont les emplois de demain, notamment si ces biens communs que sont vent, soleil et eau sont gérés par les communautés.

Il est aussi tout à fait possible de refuser cette nouvelle donne et fermant les yeux fuir plus avant.

Nombre de nos « policy makers » peuvent encore dire : après moi le déluge. Pas sûr que la génération qui suit puisse penser ainsi.

Mais ces savants éparpillés à travers le monde ne sont-ils pas les marionnettes des lobbys des énergies renouvelables ?

Et si Pierre et Vacances, aidé par les conseils Général et Régional veulent concentrer les consommateurs dans leur camp, les animateurs n'auront pas des tronches de SS.

Et après tout en démocratie nul n'est contraint d'aimer la nature ni même de la protéger.

 

Michel Moreau, le 19 mai 2014

*BEPOS, voir sur mon blog http://michel-moreau.over-blog.com/ l'article « Sport et transition énergétique ».

Partager cet article
Repost0
14 mai 2014 3 14 /05 /mai /2014 15:46

Vulnérable cycliste

Il aimait les champignons et connaissait bien la forêt qui sépare Crotenay de Champagnole. Botté et de vert vêtu il s'y rendait paisiblement à vélo. Simple et discret il avait aussi fait œuvre de bénévolat aux Restos du cœur.

Je ne verrai plus Lucien Belin pédaler sagement sur le trottoir de la rue Edouard Herriot, évitant la cohabitation avec les tonnes de ferraille propulsées par des moteurs à combustion interne, qui entrent et sortent de notre petite ville, parfois pour de bien courts trajets.

Une rencontre inégale avec une automobile sur un passage pour piétons a mis une fin abrupte à son existence.

Adieu Lucien. Nous partagions le même mode de déplacement sur courte distance, le même intérêt pour la nature et les fruits qu'elle nous offre, fraises des bois, chanterelles, à la nuance près que lui trouvait des morilles, et moi pas.

Il est vrai qu'ici, hors Tour de France, du Jura, ou de Champagnole, le cycliste n'est pas à la fête tous les jours.

Bien sûr il lui est autorisé voire même intimé, d'user de quelques trottoirs, tout en devant laisser la priorité aux voitures venant des rues bordant l'avenue H. Herriot.

Qui de plus logique ! Lorsqu'on roule à vélo c'est que l'on est moins pressé. Et donner aux cyclistes, si minoritaires, la priorité serait une erreur politique.

De même lorsque le trottoir de la Rue de la République fourmille de piétons, notre cycliste, las de s'excuser de circuler sur une piste cyclable, n'est-il pas tenté de rouler sur la chaussée en sens inverse des voitures. Ne les verrait-il pas venir. Et leurs chauffeurs ne pourraient pas ne pas le voir. Il gagnerait en sécurité et ne risquerait pas de heurter une portière qui s'ouvre.

Certaines villes où l'on veut promouvoir les déplacements dits « doux » c'est chose possible.

Mais le fond du problème est bien celui-ci : faut-il encourager l'usage de la bicyclette, sachant que les muscles et les os les plus solides seront toujours tellement plus fragiles que la tôle d'acier.

Ne convient-il pas au contraire de dissuader les champagnolais d'enfourcher cet engin dangereux ?

C'est ce que nos édiles, soucieux de notre sécurité, ont bien senti et traduit dans les faits. Par exemple dans l'aménagement tout neuf de la rue Clémenceau où quelques naïfs fondus de la petite reine espéraient découvrir une piste cyclable à l'issue des travaux, alors qu'ils devront s'intégrer dans le flux de la circulation, au risque de rendre celle-ci moins fluide.

Et si l'on mettait le cœur de ville en zone 30 ? proposent certains. « Idée stupide », rétorqua une fois l'élu responsable de l'urbanisme et de la transition énergétique : « en ville on ne roule presque jamais à plus de 30km/h ». Un esprit retort pourrait trouver là un bon argument en faveur d'une mesure qui ne gênerait personne.

En réalité chaque fois que l' »on parle de limiter la vitesse sur route, autoroute ou en ville on se heurte à un constat brutal. Jamais il ne fut question de limiter la vitesse ni des piétons ni des cyclistes. Or on sait bien que ce sont ces usagers de l'espace public qui, proportionnellement, nourrissent en plus grand nombre les chroniques nécrologiques.

Que les cyclistes aillent à la vitesse des voitures limiterait les risques de collision par derrière.

Et le conducteur de 4X4 disposerait de moins de temps pour écraser le piéton, qui n'est souvent autre qu'un automobiliste ayant garé sa voiture, si celui-ci sprintait sur le passage protégé, au lieu de s'y prélasser outrageusement.

Si Lucien Belin avait traversé la route plus vite il me serait donné de voir encore de temps à autre cet ami cycliste, et le suivant discrètement dans le bois, d'apercevoir la silhouette d'une morille.

Michel Moreau Le 14 mai 2014

Partager cet article
Repost0
28 avril 2014 1 28 /04 /avril /2014 15:43

Il faut être persuadé que le français, auditeur de France Inter, peut croire n'importe quoi si cela est prononcé avec assez d'assurance par un personnage puissant.

Ou alors faut-il que ce ministre soit lui-même si ignorant de la réalité ou si limité qu'on puisse s'interroger sur les circonstances qui l'ont amené à son poste.

François Rebsamen, ce grand défenseur du cumul des mandats sans lequel les collectivités locales péricliteraient et Dijon aurait disparu de la carte de France, s'est illustré ce 28 avril (2 jours après l'anniversaire d'une catastrophe oubliée).

Interrogé sur l'imminent rachat d'ALSTOM par General Electric il s'est livré à un exercice de langue de bois peu convaincant. Il avait probablement à l'esprit l'activité d'ALSTOM comme producteur des turbines des réacteurs, lorsqu'il a laché cette déclaration d'une étonnante stupidité : « Il importe que l'indépendance énergétique de la France soit maintenue ».

Quelques esprits, certains scientifiques, d'autres politiques, rêvaient bien en 1974, après le choc pétrolier, d'une indépendance énergétique de la France fondée sur l'énergie atomique. PEON (Plan Energie d'Origine Nucléaire) prévoyait 200 réacteurs à l'horizon 2000.

Ils avaient rêvé et s'étaient trompés d'un facteur 4.

Quelle indépendance énergétique faut-il maintenir, alors que le nucléaire français, ce fleuron de notre industrie, satisfait 15% de nos besoins, en brûlant dans nos centrales de l'uranium 100% importé, notamment du Niger, pays politiquement stable.

Peut-être croit-il comme beaucoup de nos compatriotes aue le nucléaire produit 75% de notre énergie, alors qu'il s'agit de 75% de l'électricité.

Rappellons à monsieur Rebsamen que le développement de l'énergie nucléaire s'est fait en synergie avec la promotion du chauffage électrique, utilisation la plus irrationnelle possible de l'électricité et au détriment de la recherche et développement des énergies renouvelables, donc de l'emploi d'avenir. Ceci devrait interpeller le ministre... du Travail.

Michel Moreau 28/04/2014

Partager cet article
Repost0
27 avril 2014 7 27 /04 /avril /2014 16:08

Champagnole a choisi pour maire un personnage, un « character » comme on dit chez Shakespeare et Elizabeth II.

Certains pensent que son succès est dû à sa politique : sage décision de ne pas surcharger un service public avec la gestion de cette eau qui a pour vocation d'être distribuée par une société compétente et soucieuse d'environnement.

Ce n'est pas non plus parce qu'il a offert à ses administrés les plus longs linéaires d'hypermarché au monde.

Bien sûr il s'est osé à risquer d'innover. Avec ses samedis piétonniers, une manif à vélo électrique, sans EPO, côte à côte avec un vainqueur du tour, ou encore murs en trompe-l'oeil, technique qu'il veut utiliser pour faire des devantures aveugles des boutiques destinées à fermer une attraction touristique.

Non, sa victoire il la doit à sa personne : amplitude du geste, sollicitude, mansuétude, voire un zeste de béatitude, tels sont les ingrédients de ce qu'il faut bien appeler la clémentitude, cette aptitude à survoler les obstacles électoraux tel un as du steeple-chase la rivière des tribunes à Auteuil.

Quelques petites années encore et il aura avalé la distance qui sépare son arrière-train d'un siège de sénateur dans ce Palais du Luxembourg aux crus et aux ors dont la réputation n'est plus à faire.

A ce Clément-là je croyais dur comme fer. Patatras ! L'image se craquèle. Il est encore temps de réagir avant qu'elle ne parte en miettes.

Il en est pourtant bien conscient : aucun autre challenger ne pouvait lui assurer 70% des suffrages. Celui-ci a fait le job.

Profitant d'un état de grâce, il était tentant de céder à la démagogie et, sans aller jusqu'à couper dans les indemnités des élus comme l'ont fait certains maires doués, pour caresser l'électeur dans le sens du poil, il n'a pu résister à faire passer le nombre des vice-présidents de la communauté de communes de 11 à 8.

Mais n'est-ce pas là, pour une économie de bouts de chandelle (à peine 10.000 euros par an) surcharger de travail les vice-présidents restants, qui auront de surcroît à animer chacun une commission qu'il faudra bien réunir de temps à autre.

Espérons que rien n'est acté définitivement et que le maire aura à cœur de restaurer son image en se montrant raisonnablement reconnaissant.

Car nous avons besoin plus que jamais d'un vice-président du tourisme de qualité et l'ancien a fait ses preuves, toujours prêt à ouvrir à la machette de nouveaux itinéraires dans les forêts primaires du Jura ou à faire face à la presse à l'occasion de l'inauguration d'un belvédère.

Il est prêt à mettre son dynamisme communicatif au service de cette nouvelle voie que s'est ouverte notre jolie ville : le tourisme de l'hyper-commerce.

Ainsi Auchan et Carrefour dont l'absence crée un vide béant dans l'offre commerciale locale seront accueillis dans des conditions pour le moins originales.

Entre Equevillon et Sapois, là où jadis coulait une rivière, l'Ain, une zone humide, mal fréquentée par des crapauds et des reptiles douteux, a été assainie, sans que cela coûte un cent au contribuable. L'entrepreneur philanthrope est allé jusqu'à supprimer un lieu de stockage pratique de matériaux de déconstruction - « décharge sauvage », médisaient des défenseurs de l'environnement opposés farouchement au développement économique.

Cerise sur le gâteau : l'eau de la nappe phréatique dans laquelle reposaient ces déchets se chargeait de les dépolluer de toutes leurs impuretés. Peut-on rêver lieu plus adéquat que ce site discret et bucolique pour accueillir Auchan, cette enseigne chère aux gens du Nord, épris de notre Jura. Bienvenue aux chtis !

Et la carrière du Mont Rivel, cette belle pièce d'un musée du passé industriel de Champagnole, à deux pas d'un site gallo-romain, n'attend plus que Carrefour.

Pour y accéder les chalands auront le choix entre 3 modes de transport, à partir du parking du Village U, outrageusement sur-dimentionné : vélo électrique, dont les panneaux photovoltaïques installés sur le toit du magasin assureront la recharge, téléphérique mu par l'électricité des éoliennes du Mont Rivel, ou bien encore hélico qui assurera en complément le transport des accidentés du ski vers l'hôpital qui aura retrouvé sa chirurgie et sa maternité.

Grâce à votre belle entente Champagnole sera redevenue une ville où l'on pourra naître.

Le maire saura montrer que les considérations humaines prennent le pas sur les clivages politiques.

Avec Clément Pernot Sénateur Maire et Jean Louis Duprez Vice Président au tourisme renaît ma foi en Champagnole.

Michel Moreau Le 27 avril 2014

Partager cet article
Repost0
20 avril 2014 7 20 /04 /avril /2014 18:47

Un bienfait arrive rarement seul. Mais, s'ils se succèdent plus vite ici qu'ailleurs, les cadeaux qui fondent sur notre ville ne sont pas des dons du ciel mais les fruits du dynamisme économique de nos élus locaux guidés par un pilote bienheureux et éclairé.

Automne 2013. C'est la naissance du Village U, l'exact contraire de ces dortoirs qui se peuplent le soir, alors que celui-ci se vide dès 19h30. Concept innovant s'il en est.

Printemps 2014 le super champion des linéaires pose sa marque à l'entrée de la ville côté Pontarlier. 

Le maire voit son voeu le plus cher réalisé. En effet, alors qu'au temps des 4 seuls supers Champagnole détenait le record de France des surfaces commerciales, Clément Pernot déclarait, sans rire : "oui, nous avons beaucoup de m2 de super mais 0m2 d'hyper."

Quelle ne fut sa déception lorsque la direction du magasin à l'enseigne de System U garda la dénomination de Super pour rester à taille humaine. Mais un village ne se doit-il pas d'être animé le dimanche matin, et le lieu de culte ouvert à tous. Ce qui n'est pas possible si celui-ci est un Hyper.

Enfin début avril le vide était comblé - encore fallut-il attendre le 3e jour du mois pour avoir accès au poisson. Champagnole avait enfin ses m2 où tout est plus beau, plus bio, plus goûteux, plus local, de la crevette d'élevage thai au saumon sauvage du Pacifique, de la limonade champagnolaise au « pure malt » du Jura, cette île au large de l'Ecosse. 

Vous le savez bien. Si généreux que soient vos efforts il est impossible de satisfaire tout le monde. On entend déjà Ici et là ces interrogations, voire récriminations: Auchan, Carrefour, c'est pour quand? les responsables de l'aménagement de notre territoire sont-ils tous à la solde de la Confédération Paysanne ou des Citoyens Résistants? 

Et puis ajoutent-t-ils : dans le cadre du pacte de responsabilité, ces groupes employeurs de personnel sous-payé recevront 3 milliards d'aménagements fiscaux au nom de la réduction du coût du travail, afin de garantir leur compétitivité. 

Investiront-ils ici dans de nouvelles structures, pour créer encore plus d'emplois dans une ville encore plus attractive ou useront-ils de cette manne de gauche inattendue pour substituer des robots en place de ces hôtesses de caisse, jamais à l'abri d'une grippe ou d'une grossesse, dont il faudra bien un jour ou l'autre programmer la disparition.



Allons, soyons raisonnables. Cinq gros bras des linéaires, dont deux Hypers, même si l'un n'ose pas dire son nom, aucune ville de 8000 habitants ne peut se prévaloir d'une telle réussite dans notre beau pays la France qui dit-on souffrirait elle-même de l'hypertrophie de son grand commerce. 



Voir la clientèle de nos géants locaux de la distribution s'étendre à Nozeroy, St Laurent, Morbier, voire Poligny ou Arbois, telle était l'ambition de notre maire. 

Ce rêve pêchait par sa modestie. San-claudiens, moréziens, dolois, voire côte d'oriens ou même helvètes ont découvert une nouvelle activité culturelle : le tourisme commercial. 

Ainsi il est désormais très tendance de se payer une entrecôte de charolais à Colruyt, faire le plein de Kronenbourg au Village, rafler quelques lots de papier hygiénique à Leclerc, pêcher 2 bars à Casino et finir, surtout si l'on est d'Auxonne, sur le parking d'Intermarché avec un plein caddie de poireaux et de carottes. Certains n'hésitent pas à affronter la promiscuité d'une clientèle moins huppée à LIDL ou ALDI. 

Mais c'était aussi très "in" de faire emplette d'un paquet de Gauloises produites en Pologne par la SEITA, ou d'une E-cigarette pour vapoter au centre ville.

Bien sûr l'architecture est moins grandiose mais l'Avenue de la République est large, les trottoirs n'y sont pas encombrés. La mairie s'impose. Peut-être aurez-vous la chance insigne d'être entraperçus par notre premier magistrat. Son bureau domine la place et sa fontaine. En passant jetez un oeil. Si votre visite de Champagnole vous a plu c'est à lui que vous le devez. 

On lui prête un projet plus époustouflant encore de nouveauté qui fera de Champagnole la ville pionnière en matière de tourisme commercial. Mais saviez-vous que si une ville est classée touristique les indemnités de ses élus peuvent être majorées de 25 %?

L'idée lui est venue au vu du succès de ces fresques qui animent des murs hier tristounets. Chaque fois qu'un commerce fermera un concours sera organisé pour décorer la devanture aveugle... en trompe-l'oeil. Facile à imaginer pour un magasin d'optique : des visages avenants agrémentés de montures hi-tech. 

Là où hier vous balanciez entre blanquette et pot-au-feu, un boucher au tablier immaculé tranchera dans la croupe d'une vache réformée. 



Ainsi pourra-t-on, en une demi-journée, éprouver toutes les émotions promises au touriste consommateur. 

Ce périple, bien qu'accompli à l'aide d'un moyen de déplacement autonome et motorisé, vous aura mis en appétit. 

Pourtant, en dépit de timides tentatives : table d'Emma, le Restaurant, vous chercherez en vain ce réconfort aussi physique que moral que procure, arrosé de coca un vrai Big-burger, ce sandwich de viande hachée avec son accompagnement d'oignons dont la copie conforme est accessible à tous de Denver à Lons le Saunier, de Varsovie à Honolulu. 

Rassurez-vous : "C'est acté", comme aime à le dire notre maire lorsqu'il promet. La grande société US qui a gonflé tant de silhouettes outre-Atlantique est sur le point d'innover : ouvrir son premier McDo dans un village, rue du Village pour être précis. 

Pour soigner votre ligne vous n'aurez plus à arroser de particules fines la route qui mène vers Pontarlier. Ca c'est du développement durable. 

Un petit clin d'oeil au passé agricole du site : le toit sera végétalisé. S'y engraisseront les bovins. Les déjections seront bien sûr méthanisées. La transition énergétique est en marche. Pour l'industrie de l'atome l'horizon s'obscurcit. Accablés mais obstinés les pro-nucléaires se mobilisent. Le jour de l'ouverture, dans la rue du Village, ils hurleront leur slogan : MacDo - Pernot même combat. 



Michel Moreau – 20 avril 2014

 

 

Partager cet article
Repost0