Dans un bulletin de la Communauté de Communes ( Déc 2012 ), j'ai découvert, décrit avec talent, le futur Centre Nautique Intercommunal, beau projet structurant – dixit le maire. Après le terme projet, l'adjectif « structurant » vient tout naturellement à l'esprit des élus.
« Une construction sobre, élégante, en osmose avec son territoire et répondant à un objectif de Développement Durable ».
DD, la référence à ce beau concept où s'harmonisent économie, environnement et social, s'imposait.
Tout ce qui importe aujourd'hui se fait en son nom : TGV, EPR, aéroport, hypermarché... Alors, que le centre nautique répondît aux exigences du Développement Durable était la moindre des choses et il importait de le souligner.
La construction sera sobre. Le présentateur avait à l'esprit les lignes de la structure, que l'on peut admirer dans les séduisantes simulations, mais non pas cet appétit de calories que laissent entrevoir les quelques 250m2 de surfaces vitrées, qui permettront aux crawlers d'admirer, à gauche à l'aller, à droite au retour, la silhouette feuillue du Bénédegand.
Mais un encart nous apprend que les dispositions techniques permettront une économie de 15% par rapport à des consommations « classiques ». Je ne sais pas trop à quelle consommation classique il fait référence. Je n'en pense pas moins que pour que l'on ait pu procéder à cette comparaison il a bien fallu connaître la consommation du Centre Nautique.
Curieux, j'interrogeai un responsable technique. Il me fut répondu qu'il y aurait bien une étude thermique... en temps voulu.
Ecolo naïf, je présumais que l'efficacité énergétique d'un bâtiment résultait de sa conception architecturale. L'aspect thermique devait être donc abordé dans l'élaboration des plans et non pas évalué après coup.
On peut en effet mesurer l'inefficacité énergétique de l'Oppidum, cher à notre ancien maire, ou de l'Hôtel du Conseil Général, conçu lors du dernier mandat de l'ex-président-sénateur. Ces mesures n'allégeront pas l'impact de leur consommation sur les finances communales et départementales et sur le climat. 345 KW/h/m2/an pour l'Oppidum. Un record, surtout pour un bâtiment utilisé de façon non continue. Messieurs nos grands élus, vous avez mérité la reconnaissance d'EDF, GDF, membres fondateurs de l'Institut du Développement Durable aux côtés de VEOLIA, AREVA et autres EADS.
Quand furent réalisées ces constructions absurdes, Chirac avait déjà dit : « La Terre brûle et on regarde ailleurs ». Et on savait faire beaucoup mieux.
Mais être sobre avec l'argent du peuple cela ne fleure-t-il pas la démagogie ?
Le présentateur du projet de centre nautique a dû, je le pense, se poser la question : est-ce que j'ose « osmose » ? Il a osé. Mais savait-il à quel point le terme était pertinent ? Grâce à 3 faces vitrées – notons l'absence de vitrage au nord – il y aura bien « osmose » entre atmosphères intérieure et extérieure, permettant les échanges thermiques qu'auraient interdit des parois opaques isolées, encadrant des baies vitrées au sud.
En été clim' et ventilation assureront le confort, cependant que les baigneurs profiteront du soleil à l'extérieur.
En hiver le centre nautique se comportera comme un majestueux radiateur. Les calories dissipées : autant en emportera le vent.
J'avais un jour proposé au maire qu'avec l'AJENA soit élaboré un projet de piscine couverte modèle. Apports solaires, bois, isolation thermique, architecture bio-climatique, ventilation seraient associés pour une gestion optimale de l'énergie.
Il ne m'avait pas semblé inattentif. Je le sentais presque en osmose avec mes idées. Puis il rencontra des architectes, flasha sur un beau dessin. L'osmose s'inversa.
Comment aurait-il pu rater l'occasion d'alourdir le bilan énergétique de la Communauté de Communes ? Car il est habité d'une vision à plus long terme. Croyant aux cercles vertueux, il sait que plus il produira de CO2, plus il fera chaud, meilleur sera le vin du Mont Rivel et plus légère la note du chauffage du Centre Nautique.
Conscient que bientôt nous n'aurons plus besoin de piscines couvertes pour barboter à Noël, il envisage déjà – gouverner c'est prévoir, et non « pleuvoir » - d'installer une piste de ski couverte, ouverte toute l'année sur les pentes du Mont Rivel. Les cellules photovoltaïques du toit et des éoliennes fourniront son énergie à une construction en osmose avec son territoire et répondant à un objectif de vrai Développement Durable.
J'irai jusqu'à proposer mes services pour décrire ce projet structurant, lors du prochain mandat du visionnaire qui nous pousse à progresser sans cesse. Amateur de ski, je prie pour qu'il ne trouve pas sur sa route électorale tranquille quelques jeunes qui jouent collectif, à la fois innovants et résistants, capables de préparer l'avenir avec sérieux.
Michel Moreau Le 28 avril 2013