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6 octobre 2013 7 06 /10 /octobre /2013 17:18

A Champagnole on connaît bien VEOLIA. La firme élue de nos édiles n'a pas pour souci premier la santé du portefeuille de ses actionnaires, mais celle des consommateurs d'une eau sans bactéries, pesticides ou résidus d'antibiotiques.

Et cette eau purifié par ses soins – principe républicain d'égalité oblige – riches ou pauvres nous la payons au même prix. Ce n'est pas le cas de toutes nos boissons. Mais VEOLIA ne s'intéresse pas qu'à l'eau. Acteur engagé de la transition écologique, la firme s'implique partout où l'énergie peut être maîtrisée. Les transports publics par exemple. Demain des TGV VEOLIA pourraient sillonner la France sur un réseau ferré enfin ouvert au privé. Il n'est toutefois pas probable qu'un jour des TER VEOLIA conduisent l'étudiant San-Claudien à l'université de Besançon. Ce service restera public. Ne me demandez pas pourquoi.

 

VEOLIA succombe aussi au charme des énergies renouvelables. Depuis 2010 elle exploite la plus grosse centrale photovoltaïque de Franche-Comté, près d'un hectare et ½ de panneaux, sur les ombrières du parking PSA à Sochaux 

Sa filiale, Asset Management, gère le fond de placement Energies Renouvelables investi dans des sites éoliens en Champagne-Ardennes.

Celui de Champfleury, mis en service en 2011, composé de 6 éoliennes pour une puissance totale de 12MW, a dégagé en 2012 un chiffre d'affaires intéressant : 2.716.611 euros.

 

- Question  dont vous apprécierez la naïveté. Les fonds de pension australiens ont acquis le site du Lomont. Une société allemande projette d'installer des éoliennes au-dessus du Revermont, à Chamole, dont une ou plus pourraient, grâce à Jean Louis Dufour, devenir des moulins à vent citoyens. Espèrent-t-ils en tirer quelque profit, ou s'agit-il de pur militantisme écolo ?

- Deuxième question, pas si subsidiaire. Et si de ce vent qui bouscule nos forêts, et qui dans 20 ans n'aura pas faibli, on peut tirer quelque bénéfice financier, celui-ci doit-il promouvoir des activités locales ou gonfler les fonds d'institutions financières ?

 

A Champagnole nous avons un précédent : la Régie d'Electricité de la Roche. A l'automne 73, la guerre du Kippour fait flamber le prix du pétrole et le nucléaire prend son essor. Lors d'une première réunion écologique je suggère que soit remise en état la centrale de la Roche dont l'exploitation avait cessé en 1945. J'en estimais la production potentielle à 1.500.000kw/h/année.

La mode est au réacteur de 1000MW. Mon idée fait sourire. Mais élu maire en 1977, Maurice Fumey-Badoz, convaincu, lance les travaux. Bon an mal an, la centrale de la Roche produit ses 1.500.000 kw/h. C'est un apport financier intéressant pour la commune.

 

Ces moulins à vent, dont je rêve depuis plusieurs décennies de voir la version moderne animer le ciel au sommet du Mont Rivel, apparaissent au 6e siècle en Afghanistan. Ils sont à axe vertical. Ils servent à l'irrigation.

Les barons chrétiens, partis reconquérir le tombeau du Christ à la pointe de leur épée, les croisent en Palestine. Ils apparaissent en Europe au 12e siècle. Au Moyen-Age la rivière appartient au seigneur, qui possède le moulin à blé. S'il jouit du droit d'eau il n'a pas celui du vent. Les roturiers repèrent les buttes ventées et y installent leurs moulins à vent. Le vent leur apporte un peu de liberté.

Aujourd'hui les seigneurs ne sont autres que les grandes sociétés. Les roturiers c'est nous. Et le vent souffle pour tous.

Même si nos élus se pensent parfois comme les aristocrates de la démocratie, face au pouvoir financier, ils sont des roturiers comme nous. Ils ne représentent pas les intérêts des seigneurs VEOLIA ou AREVA, mais les nôtres.

Non, ils n'attendront pas qu'une société privée leur présente un projet de 6 éoliennes sur le Mont Rivel pour que celles-ci deviennent à leurs yeux esthétiques et désirables.

Les roturiers du Moyen Age nous montrent le chemin de l'émancipation.

Le passage d'un mode de production et de consommation de l'énergie à un autre n'annonce pas qu'un monde plus sain et des hommes plus et mieux employés mais aussi plus d'autonomie et de responsabilité. C'est un progrès de la démocratie.

 

 

Michel Moreau

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8 septembre 2013 7 08 /09 /septembre /2013 16:53

Transformer chaleur en électricité dans une centrale thermique, nucléaire ou classique, avec un rendement d'environ 30% et ensuite dégrader cette énergie « noble » en chaleur, telle est l'idée, pas très géniale, qui fonda le développement du chauffage électrique en France, quand nos voisins européens respectaient le bon sens et les lois de la thermodynamique.

Pour couper le beurre, au fil nous avons préféré la tronçonneuse.

Les scientifiques du CEA et d'EDF, éminents polytechniciens, ont promu en parallèle et en synergie le nucléaire et ce mode de chauffage. « Tout client nouveau qui opte pour le chauffage électrique nous conduit à augmenter d'autant notre programme de centrales » disait Boiteux, patron d'EDF en 1972.

Ignorait-il que courbes de production d'électricité nucléaire et des besoins de chauffage ne sont pas parallèles du tout.

Un réacteur coûte très cher à la construction. Sa rentabilité exige un fonctionnement permanent au plus haut niveau possible. La demande générée par le chauffage électrique n'obéit pas à la même logique économique. Liée au climat elle est par nature irrégulière. Pour satisfaire au mieux les besoins du chauffage électrique la production nucléaire et le réseau de distribution sont sur-dimensionnés, ce qui a un coût.

Un degré en moins ce sont 2300MW/H supplémentaires qu'il faut produire (2 réacteurs). Que survienne une vague de froid – en février cela n'a rien d'exceptionnel – tout fonctionne à fond : réacteurs, centrales à fioul, charbon, gaz, barrages, et on importe de l'électricité, notamment d'Allemagne, mais aussi de Suisse, au prix fort. Le coût du MW/H passe de 50 à 3000 euros.

Ce surcoût est partagé entre tous les consommateurs. Vous êtes sourd à la pub de Vivrelec. En cela vous avez fait preuve d'originalité. En effet 70 % des logements neufs ont été équipés du chauffage électrique en 2012.

Pour un abonnement compteur à 6 KV/A vous paierez en moyenne 46 euros. Si vous étiez équipés d'un chauffage électrique pour une puissance de 9 KV/A, le coût ne sera que de 21 euros / mois au maximum.

 

Le chauffage électrique occasionne un surcoût payé par ceux qui ne l'ont pas choisi. EDF a la bosse du commerce ! Il n'est pas question de dresser les uns contre les autres. Les clients du chauffage électrique ne sont pas d'horribles profiteurs. Ce sont le plus souvent des locataires. Les notes d'un chauffage qui n'est pas toujours confortable ne sont pas indolores. Beaucoup sont en état de précarité énergétique.

Si la Commission de Régulation de l'Electricité est entendue, en 2015 les tarifs intégreront les coûts réels du chauffage électrique et les factures flamberont.

 

La raison impose de sortir de ce mode de chauffage archaïque. Ceci ne sera possible qu'à moyen terme, dans le cadre d'une transition énergétique dont ce sera une des conditions indispensables.

 

Michel Moreau

 

 

Propositions de L'UFC-Que Choisir :

.Un audit énergétique du parc de logements, pour identifier l'habitat utilisant le plus d'électricité.

.Une fiscalité incitative pour que propriétaires et bailleurs concernés isolent et changent de mode de chauffage.

-Par un bonus-malus énergétique : malus en l'absence de travaux, bonus en cas de rénovation efficace, et exonération de la taxe foncière en cas de rénovation BBC.

-Par le tiers investissement pour les ménages en difficulté comme le propose la Caisse de dépôts et Consignations.

Les économies d'énergie rémunèrent alors l'investisseur.

 

 

 

 

 

 

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28 août 2013 3 28 /08 /août /2013 12:12

    La bicyclette, reine d'un jour ?

 

Ne fréquentant pas Village U je suis venu sur mon 2 roues acheter mon pain et mon journal quotidiens au centre de notre ville. Je m'y trouve lorsque, sur la rue de la République, déboule un essaim de maillots jaunes.

Mon cœur s'emplit d'une joie immense. Enfin le Tour de France honore Champagnole ! Un vieux rêve s'accomplit.

Vite, je reviens sur Terre. Dans le peloton du Tour, qu'elle fut portée par Louison, Fausto, Eddy ou Christopher, il n'y eût jamais qu'une seule tunique d'or à la fois.

Or cette parure si distinctive revêtait chacun des sportifs défilant sous mes yeux, de toutes tailles, filiformes ou replets, de 7 à 77 ans.

Un indice supplémentaire me rappela à la réalité: une silhouette familière à nous tous champagnolais caracolait en tête du peloton des gros bras. A l'aisance et la vélocité de ses jambes je compris que notre maire était juché sur une monture à assistance électrique – ce qui, à l'instar de l'EPO, est prohibé sur notre Grande Boucle et autre Giro.

 

Il ne s'agissait donc pas du Tour de France, mais plus sérieusement d'une manif pour la petite reine. Le maire avait repris, en y mettant les moyens, l'idée du Collectif Citoyens Résistants qui un samedi matin avait l'an dernier mobilisé quelques dizaines de militants désireux de voir Champagnole s'adapter enfin à ce mode de déplacement autonome, propre et sain.

Cette démonstration de force vélicopédique officielle ne devait rien au dopage. C'était avant l'heure de l'apéro et on n'aurait pu déceler la moinde goutte de pastis ou de rosé dans le sang pompé et refoulé par ces cœurs vaillants qui n'en étaient qu'au début d'une interminable boucle de 2 kms.

 

En ce lundi 26 août, dans la perle du Jura, la bicyclette est reine. Reine d'un jour ? Pas sûr. Badauds et habitués des terrasses enviaient tant le plaisir et la liberté des sportifs qu'ils allaient s'y mettre aussi sans tarder.

Additionnant spectateurs et acteurs, ce sont au moins 500 champagnolais, qui demain sortiront de la naphtaline ou du fond d'un garage une bécane où les araignées avaient pris leurs aises, pour l'enfourcher chaque fois qu'ils se déplaceront sur moins de 3 kms. Quand on sait qu'il s'agit là de 80% des trajets automobiles, on réalise l'ampleur du gain en faveur de la biosphère et de ces îles de rêve, encore préservées du tourisme de masse, mais condamnées par nos modes de transport à se transformer en sommets sous-marins.

 

Le maire a réussi là un coup de maître. Bien sûr il a tenu à se distinguer en utilisant un vélo chinois mu à l'électricité nucléaire « Made in France » avec l'uranium nigérien. Pourtant je sais bien qu'il avait dans les jambes ce Tour de Champa sur un vélo normal. Mais être normal n'est plus très à la mode.

Loin derrière lui, à l'extrème queue du groupetto, son ex et peut-être futur concurrent aux municipales.

Bon présage pour l'ami des grands distributeurs, de l'eau ou de tous ces biens qui nous font la vie belle ! Mauvais signe pour le héraut naturel des valeurs de gauche ? Rien n'est moins certain. Une course n'est jamais gagnée d'avance. Au mauvais moment un boyau peut faire « pshitt » et il ne s'agit aujourd'hui que d'une toute petite étape.

Et celui qui risque d'arriver hors délai sera repêché. Car pour affronter le mur escarpé qui débute au bas de la rue Baronne Delors et culmine en face de la bibliothèque municipale, il avait puisé ses dernières ressources en lui-même et non dans l'énergie d'une batterie au lithium.

D'ailleurs, en accord sur tout : VEOLIA, Leclerc, la place du vélo en ville, cherchant en vain un thème sérieux où s'affronter, ne préparent-t-ils pas sagement une liste d'union locale ? Cette chevauchée urbaine vélorutionnaire en est le prélude.

Vive le vélo, vive le Tour de Champagnole, vive le Tour du Jura, Vive le Tour de France.

 

 

Michel Moreau

 

http://michel-moreau.over-blog.com/

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20 août 2013 2 20 /08 /août /2013 19:30

Je lis les éditos de Jacques Julliard avec intérêt, parfois sans plaisir. J'en appelle à l'intelligence de ce journaliste cultivé.

« Gaz de schiste : n'étouffez pas le débat » dit-il. « N'érigeons pas l'ignorance en principe de précaution. Il ne doit être interdit ni de savoir si la France possède du gaz de schiste ni de pousser les recherches pour une exploitation propre.

Anticipons. Nous connaissons désormais le gisement. La technologie d'exploitation est éco-compatible.

L'union du nucléaire maîtrisé et du gaz sans tache donne à notre système productif une énergie bon marché. Le sous-sol d'un Niger soumis et d'un hexagone aux ordres des pétroliers sont les 2 piliers de notre indépendance énergétique. En dépit de salaires scandaleusement élevés, la France usine à bas prix et gagne les parts de marché.

Pas de pollution, le chômage rétrécit comme peau de chagrin.

Economie, social, et environnement, ces 3 termes du développement durable, que les Khmers verts voudraient opposer, forment une trame harmonieuse.

Il devient inutile de défigurer nos paysages avec ces disgracieuses machines qui s'échinent à freiner le vent.

Foin de ces hectares de photopiles, miroirs à alouettes. Trop de gens confiants se sont fait arnaquer pour qu'EDF persiste à sur-payer l'électricité solaire. Car telle est bien la cause de ces hausses de tarif attendues, que certains voudraient imputer aux nouvelles exigences de sécurité, post- Fukushima, d'un parc de centrales qu'ils prétendent vieillissant !

 

Jérémy Rifkin, cet américain utopiste, Edgard Morin ce vieux sociologue, et les économiseurs de bouts de chandelle bio, l'équipe de Négawatt, ne nous disent-ils pas que dans 25 ou 30 ans le soleil, le vent, les marées, l'eau qui continuera à se diriger du haut vers le bas, peuvent prendre le relais des énergies fossiles, le nucléaire s'éteignant à petit feu. Ne représente-t-il pas à peine 2 à 3% de l'énergie consommée au niveau mondial.

Mais pourquoi et comment rêver d'un monde décarboné alors que nous autres français dormons sur un trésor : un bon siècle de CO2, notre gaz de schiste national.

Non, monsieur Julliard, le débat ne doit pas être étouffé.

 

En 1880, Victor Hugo, qui question éloquence n'avait rien à envier à l'éditorialiste de Marianne, rêvait. En pré-écologiste il appelait de ses vœux : « la fin de l'horrible charbon de terre... Le jour viendra où la surface du sol sera aménagée pour emmagasiner l'énergie solaire. Transformée en électricité cette chaleur sera distribuée partout.. ».

Un grand siècle plus tard, qui fut celui du pétrole, Hugo a fait quelques émules.

En effet « tout le monde aujourd'hui se réclame de la transition énergétique ». Dixit Jacques Julliard qui ne sait toujours pas « vers où nous transitons ».

Et pourquoi Marianne, jusqu'alors discrète sur le sujet, n'animerait-elle pas ce débat ? Il ne faudra surtout pas oublier d'inviter Anne Lauvergeon, messieurs Proglio et Margerie, ni les responsables de l'Institut du Développement Durable et de Relations Internationales (IDDRI), beau bébé d'EDF, AREVA, EADS, Bayer... Car en face des poètes il faudra des gens sérieux qui sachent compter et forer.

Heureusement quand il s'agit de ces choix techniques qui formatent la civilisation et engagent la société, celle-ci sait à qui confier les clés.

 

 

 

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17 août 2013 6 17 /08 /août /2013 22:27

En 1988 j'avais effectué là un prélévement de terre. C'était pour rechercher une éventuelle contamination par le césium post-Tchernobyl. Le résultat avait été très positif.

J'avais besoin pour cela d'un sol ni amendé ni travaillé, assez meuble pour enfoncer la sonde à 40cm. Le sol alluvionnaire de la prairie humide en bordure du Fenu, avant qu'il ne devienne Londaine, entre Equevillon et Sapois, répondait à ces critères. Ayant procédé à un nouveau prélèvement à Clairvaux en 2009, sur le même lieu où j'avais foré en 1988, j'envisageais de faire de même à Champagnole pour étudier l'évolution de la pollution radioactive.

 

Je me rendis sur les lieux début août 2010, ou plutôt tentai de le faire. Je butai contre une clôture qui protégeait la propriété de l'entreprise Rusthul ;

Le 12 août, je parvins à pénétrer sur le site à un endroit où la falaise, côté Equevillon, faisait place à un plan très incliné.

Surprise. Là où hier poussaient herbe et roseaux et toutes sortes de plantes sauvages, s'étendait une plate-forme bien nivelée et compactée de matériaux de terrassement.

Le nouveau propriétaire avait donc assaini cette zone humide de 4 hectares (estimation de l'ONEMA, Office National de l'Eau de des Milieux aquatiques), désormais débarrassée des batraciens et serpents divers qui y résidaient bien trop tranquilles.

Et dans ce bel endroit, bien propre, apte à accueillir l'hypermarché Carrefour qui nous fait défaut : une vaste décharge sauvage.

Les pelleteuses ont creusé un grand trou. Et comme dans toute zone humide l'eau n'est jamais bien loin, c'est directement dans celle-ci que les camions ont déversé leurs matériaux de déconstruction : gravats, bois, isolants divers, amiante-ciment... ça et là flottent quelques bidons.

Ayant dans les années 80 supervisé pour la Fédération de Défense de l'Environnement du Jura l'inventaire des décharges sauvages, je découvrais 30 ans plus tard la première décharge dans une nappe phréatique.

Le 13 août je revins avec mon fils. Il prenait des photos de la décharge lorsque le propriétaire arriva sur son quad. La vidéo est visible sur mon blog, vous pourrez entendre la conversation.

Le jour-même j'informais l'ONEMA. Qui se rendit sur le site et constata l'atteinte à l'environnement.

Une semaine plus tard la décharge avait disparu. Mon intrusion dans cette propriété privée n'avait pas été vaine. Reste à savoir combien de temps l'entreprise avait pollué l'eau souterraine.

 

La Commission de Protection des Eaux a déposé une plainte à l'automne 2010, suivie en 2011 par Jura Nature Environnement. En juin 2013 la gendarmerie de Champagnole me demanda de faire une déposition.

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21 juillet 2013 7 21 /07 /juillet /2013 20:22

C'était une promesse de François Hollande : la vieille centrale de Fessenheim en activité depuis 1973, sur une zone sismique, 9 mètres en contrebas d'un canal, cesserait son activité avant la fin de son quinquennat.

Ignorait-il que l'Etat n'a pas le pouvoir de décider l'arrêt d'une centrale ? Seul EDF, dont l'Etat, c'est-à-dire nous, n'est actionnaire qu'à 85%, ou l'Autorité de Sûreté Nucléaire, le peuvent.

Le Parlement votera-t-il la recommandation du Conseil National du Débat sur la Transition Energétique. Celle-ci propose :  « la possibilité pour l'Etat de décider de cesser ou de poursuivre, pour des raisons de politique énergétique, l'exploitation d'une centrale électro-nucléaire » . La capacité d'action du politique dans le domaine nucléaire se borne à user des armes au Mali pour préserver une ''indépendance énergétique'' payée au prix fort par les otages travailleurs d'AREVA au Niger dans un pays que nous polluons durablement.

Mais dans ce Niger qui peine à émerger, abonné aux dernières places en matière de développement humain (antépénultième en 2010), ne meurt-on pas déjà en moyenne à 52 ans ? Et les trois quarts de la population analphabètes, pourraient-ils comprendre les subtilités de la radioactivité ?

 

Plus sérieusement, le MEDEF est attaché à cette industrie nucléaire qui produit de l'énergie bon marché, ce qui rend notre industrie compétitive !

 

1ere remarque :

A l'inverse du coût de l'énergie issue des renouvelables, celle produite par les réacteurs augmente inexorablement.

La France est entièrement dépendante de l'étranger pour son uranium. Ce qui donne au discours sur ''l'indépendance'' énergétique un petit air surréaliste, et qui promet une hausse régulière du prix de l'uranium. Cette hausse deviendrait exponentielle en cas de croissance d'un nucléaire visant à se substituer aux énergies fossiles !

Mais surtout les coûts liés à la maintenance de centrales vieillissantes et à leur sûreté sont appellés à exploser. Ceci fera de nos réacteurs des lieux où il faudra à chaque instant choisir entre les impératifs de la rentabilité et ceux de la sécurité.

Clairement il n'y a pas de sécurité absolue. C'est désormais admis par tous et tout effort pour tendre vers cet idéal fait du nucléaire une activité à haut risque économique (voir le déclassement de la note d'AREVA par Standards&Poors). Le MEDEF doit comprendre que le capital choisira de s'investir dans les énergies renouvelables, domaine de plus en plus rentable.

Pas stupide cependant, le MEDEF veut à la fois que l'Etat continue à s'engager et à investir dans l'impasse nucléaire, tout en s'opposant à ce qu'il ait la maîtrise de sa politique énergétique.

 

2e remarque :

Cette prime à la compétitivité que constitue l'électricité la moins chère d'Europe est à la charge des français contribuables. Il est aujourd'hui notoire que le prix du kw/h nucléaire n'a qu'un rapport lointain avec le coût de sa production.

Il n'inclue ni les énormes crédits de recherche en amont, passés et présents, ni les coûts réels du retraitement et de ce démantèlement que l'on ne sait aujourd'hui ni chiffrer ni mener à bien.

Ne parlons pas bien sûr, ce serait démagogique, du désastre social, environnemental et économique que constituerait un accident grave qui amputerait à jamais la France d'une partie de son territoire, vallée du Rhône ou région parisienne par exemple.

Le MEDEF doit comprendre que les français sont aujourd'hui conscients que cette prime à la compétitivité des entreprises, l'électricité bon marché, est financée par eux-mêmes. Ils aimeraient en voir le résultat. Et surtout, en tant qu'actionnaires à 85% d'EDF, ils exigent que le pouvoir en matière d'énergie revienne au politique c'est à dire à l'Etat.

Au parlement le vote sur la recommandation du Conseil National de la Transition Energétique sera crucial et attendu. Nous verrons alors si le débat n'a été qu'une entreprise de communication. Grande sera la déception et la colère si les lobbys l'emportent. Le pouvoir ne tient sa légitimité que du peuple.

 

Mais la démocratie est-elle un risque acceptable pour le nucléaire ?

 

Michel Moreau

 

 

 

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2 juin 2013 7 02 /06 /juin /2013 15:23

 

Entre élus et caméras naît vite une attraction mutuelle. Cet heureux tropisme s'exaspère lorsqu'approche le renouvellement démocratique des décideurs, petits ou grands.

Notre ancien maire, parti bien tôt rejoindre le lieu de repos des anciens guerriers RPR, était virtuose dans l'art de la pose face aux photographes de la presse locale .

Jaloux, certains concurrents allèrent jusqu'à compter ses apparitions, en pied et en cape, sur le bulletin de propagande communale. Je leur conseillais alors de rechercher plutôt les clichés d'où il était absent. Ils eurent gagné du temps.

Mais, bien que j'y prêtais une attention renouvelée, jamais je ne réussis à l'apercevoir deux fois sur la même photo.

Entrons dans la peau d'un élu. Vous êtes le personnage le plus éminent du groupe, et bien que vous dressant à l'épicentre, vous n'avez droit qu'à une seule parution, au même titre que tous ces figurants plus ou moins signifiants, y-compris ceux qui sont relégués aux marges de votre écrin. Tout être normal ne serait-il pas frustré ?

L'ubiquité, dit-on, est la capacité d'être en plusieurs lieux à la fois. Ce don est pain béni pour qui cumule les mandats. Et cela ne vous permet pas d'être deux fois au même endroit à la même heure.

Et pourtant si, c'est possible. Vous voulez une preuve : consultez la Une du dernier Champa-Info. Sur la même image vous avez droit à deux Clément Pernot. Trait de géni : débonnaire et sérieux, ruisselant de respectabilité, notre maire prend la pose devant... une glace. Mais cette glace-là, il ne l'interroge pas à l'instar d'une reine jalouse de la belle endormie au creux d'un bois. Tout simplement il s'abandonne à notre admiration de face et de profil.

 

Certes ce coup de maître fera école dans la sphère politique jurassienne et peut-être même au-delà. D'autant qu'en jouant des miroirs on peut sans doute améliorer cette performance, dont il convient de saluer le caractère innovant, voire révolutionnaire.

 

 

Michel Moreau

 

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2 juin 2013 7 02 /06 /juin /2013 15:21

 

A la fin des années 80 l'opinion avait pris conscience du problème de l'énergie et de sa relation avec notre environnement. Le premier choc pétrolier datait d'une quinzaine d'années. L'effet de serre du CO2 émis par la combustion des énergies fossiles était connu. Avec l'AFME, future ADEME, s'imposait la notion de maîtrise de l'énergie. Et on ne pouvait imaginer, la demande croissant, et la ressource ne se renouvelant pas, que le cours du brut évoluerait à la baisse.

Les premiers capteurs solaires sur des immeubles collectifs avaient été installés par Jura Energie Solaire à Lons le Saunier. Dans notre département l'AJENA avait entrepris son travail de promotion des énergies renouvelables.

En 1989 lorsqu'un important projet de rénovation fut lancé dans le quartier des Combettes à Champagnole, les élus et les responsables locaux disposaient de toutes les données pour conduire une politique de l'habitat économe en énergie donc responsable.

Elu d'opposition sur une liste d'union gauche-écologistes, menée par Marcel Jacquemard, je proposais que les sommes importantes prévues par l'OPH pour l'opération Combettes soient affectées prioritairement à l'isolation par l'extérieur, englobant les balcons dans des verrières, la pose d'huisseries à faible émissivité et, éventuellement, de capteurs thermiques pour chauffer l'eau sanitaire.

Autant en emporta le vent. On ne toucha ni aux fenêtres ni aux murs-passoires. Les chères calories poursuivirent leur migration vers l'air ambiant. Quant aux chauffe-eau solaires, il ne pouvait s'agir que d'une fantaisie d'écolos.

 

Les calamiteuses performances thermiques de l'Hôtel du Département, de l'Oppidum, et peut-être demain du centre nautique, le prouveront : en termes de com' politique c'est bien l'image qui prévaut.

Certes le projet « tape-à-l'oeil », comme on dit aux Combettes, modifia le look des 2 barres. Il se révéla nul, voire négatif, sur le plan thermique, augmentant les surfaces d'échange donc les déperditions, par la création de vastes halls ouverts en place de logements du rez de chaussée.

Une réhabilitation thermique eût alors été une innovation. Elle serait aujourd'hui largement amortie. Elle eût évité l'émission de milliers de tonnes de CO2 et allégé les charges.

Aujourd'hui, malgré la pose en 2012 de fenêtres à double vitrage, peu efficace si elle ne s'accompagne pas d'une isolation des parois opaques, entreprise en même temps pour pouvoir isoler les encadrements des ouvertures, la note de chauffage est élevée : 90 euros pour un logement de 75m2.

Dans l'année qui suivit le changement des fenêtres la facture de chauffage a fait l'objet d'un rappel de 450 euros. Les habitants de ce quartier sont d'autant moins disposés à accepter ce surcoût qu'ils sont conscients de payer là les erreurs d'élus pour qui gouverner et prévoir sont deux actions distinctes.

 

Simple citoyen, écologiste, solidaire, soucieux de voir cesser un gaspillage d'énergie qui n'est bénéfique ni pour l'environnement ni pour les finances des locataires, j'ai demandé à l'OPH de me communiquer les consommations de fioul et les volumes chauffés. Le directeur pourrait, peut-être, après avoir reçu une délégation de locataires, me communiquer ces informations confidentielles. Je pourrai alors vous donner la consommation en équivalent pétrole ou en KWH/année du M2 de logement. Nous pourrons alors la comparer à celle d'un bâtiment basse consommation.

La prochaine équipe municipale a devant elle un beau chantier : la réhabilitation thermique de l'habitat social à Champagnole en collaboration avec le Foyer Jurassien et l'OPH. Cerise sur le gâteau : en cette période de chômage, quel gisement d'emplois locaux !

 

Michel Moreau

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20 mai 2013 1 20 /05 /mai /2013 21:47

 

Il est simple et plutôt agréable à regarder ce petit édifice dédié à l'habitat social par le Foyer jurassien sur l'avenue Edouard Herriot.

Bien sûr, les appartements du rez de chaussée, ou plutôt de l'entre-sol, sont dotés d'une courette sise en contrebas du trottoir-piste cyclable. On y jouit aussi d'une vue imprenable sur le bas de caisse des voitures qui font flotter les particules fines au raz des verres à l'heure de l'apéro.

Bien sûr encore, il était temps. Un an plus tard il eût été impossible de réaliser ce lieu de vie sur le modèle des années 60 : sans isolation extérieure et agrémenté de beaux balcons, astucieux ponts thermiques destinés à réchauffer l'air ambiant. La RT 2012 ne l'eût pas autorisé. Ah, ces règlements liberticides !

Et pourtant il n'était pas laid ce modeste collectif, si bien exposé. Trop bien peut-être. Ce qui donna à l'un des locataires l'idée saugrenue d'auto-produire son électricité.

A la suite d'un contentieux, ERDF avait décidé de cesser d'alimenter le logement. Après une expérience peu concluante de survie à la bougie, rêve écolo, il installa 20 m2 de ces cellules au silicium qui mutent la lumière du soleil en électricité, un onduleur pour transformer courant continu en alternatif et batteries pour le stockage. Voilà notre famille devenue autonome.

Mais ce qui peut paraître une initiative géniale se fît aux dépens de l'esthétique de l'ensemble architectural.

A l'image d'une verrue, l'installation casse l'harmonie de la façade et la défigure. Instinctivement le passant détourne le regard.

Et lorsque le soleil luit au-dessus des riants garages Bouquerod, les piles étincelantes éblouissent cyclistes et, plus grave, automobilistes.

 

Par bonheur, notre maire, exigeant arbitre du goût en cette parcelle du Jura prénommée « Perle », s'est résolu à effacer cette tache. S'il s'était montré laxiste, les HLM ne risquaient-ils pas de se couvrir de panneaux solaires. Il importait de donner une leçon à cet individu irréfléchi et assez présomptueux pour connecter son installation individuelle à notre source d'énergie à tous, le soleil.

Quelques affolés du climat, sourds aux appels à la raison de notre grand savant Claude Allègre, pourront bien prétendre que cette famille, utilisant l'énergie propre du soleil, paye son écot à la lutte pour la survie de la planète. Raisonnable, il leur rétorquera que ces quelque 2500 KWh/an ne sont qu'économies de bouts de chandelle à l'égard des milliers de mégawatts/heure ou de TEPs consommés à l'Oppidum et au futur centre aquatique.

Au démontage exigé, il fallait fixer un délai. En bon catholique notre premier magistrat a choisi une date symbolique, l'anniversaire de l'élévation au ciel de la Vierge. A partir du 16 août le couple devra s'acquitter d'une indemnité de 75 euros/jour auprès de la collectivité qu'il lèse. Le nouvel enfant qui doit naître en juillet profitera quelques semaines de la lumière des lampes basse consommation. Mais pensez bien que celui dont on fête énergiquement, à coups de grandes illuminations, la naissance le 25 décembre, n'a pas connu cette chance. Cela ne l'a pas empêché de connaître un destin particulier.

 

Michel Moreau

 

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20 mai 2013 1 20 /05 /mai /2013 21:46

 

 

Avec une tonne de fioul vous chauffez votre maison de 150m2 pendant 1 mois d'hiver. Quelle durée de chauffage assurera l'électricité produite par la combustion de cette même tonne de fioul dans une centrale thermique ? Telle était la question que je posais en 73 lorsque EDF lança sa campagne de pub pour le chauffage électrique intégré.

On me répondait souvent : « Plus d'un mois bien sûr ». Telle était l'image d'efficience qui auréolait l'électricité.

A ma réponse : « Environ une semaine », maints interlocuteurs restaient interloqués.

Le rendement des machines thermiques est régi par une loi de la thermodynamique dite « principe de Carnot ». Et j'avais omis de l'énoncé du problème la donnée essentielle : le rendement de la transformation de chaleur en électricité : +/- 30%.

Il faut aussi tenir compte des pertes en ligne. A l'époque la distance séparant le lieu de production et le consommateur était d'environ 300 km. Avec le nucléaire cette distance a crû. On peut ainsi dire que 10 % de l'électricité produite n'est pas consommée.

 

Mais nos nucléocrates imaginatifs ne rêvaient-ils pas de couvrir les besoins du chauffage électrique (CE) grâce à l'énergie nucléaire ? « Chaque client nouveau qui opte pour le chauffage électrique nous fait augmenter d'autant notre programme de centrales (Boiteux, 1972).

Pas de chance. Très finement nos décideurs développaient en parallèle et en synergie chauffage électrique et nucléaire, alors que celui-ci n'est pas la réponse aux besoins de chauffage.

Etonnant ? Eh bien non : on ne module pas la production d'un réacteur en fonction des besoins. Que brûle le soleil ou gèle la bise, la production d'électricité nucléaire est égale, les besoins de chauffage en dent de scie. Par beau temps nous exportons à bas prix. Dès que démarrent les chauffages électriques nous relançons les centrales thermiques classiques et nos frontières s'ouvrent à l'électricité des suisses ou des allemands qui ont compris l'enseignement du physicien français et banni le chauffage électrique.

Nous possédons le plus grand parc de centrales et de CE. Ainsi nous importons plus d'électricité d'Allemagne que nous n'en exportons !

 

Consommant de l'énergie électrique produite par la combustion de charbon, gaz ou fioul, le CE peut donc être jusqu'à 3 fois plus producteur de CO2 que la banale utilisation du gaz dans une chaudière classique.

Au déjeuner utilisons-nous une tronçonneuse pour couper le beurre ? Non. Trop bruyante !

 

Morale de l'histoire : L'électricité est une forme haute de l'énergie. Il convient de la réserver à des usages spécifiques : moteurs, éclairage, technologies de l'information, pour lesquelles gaz charbon ou pétrole ne sont pas pertinents. Telle est la base de la maîtrise de l'énergie sans laquelle il n'y aura pas de transition vers un mode d'utilisation et de production qui assure un avenir à la vie.

 

Retour au présent et au local

 

Une Opération pour l'Amélioration de l'Habitat (OPAH) est lancée dans la communauté de communes de Champagnole. Responsable de l'ANAH, de Jura Habitat et quelques dignitaires locaux encadrent un jeune pompier. Courageux il a entrepris la réhabilitation de 2 logements : isolation par l'extérieur, huisseries à faible émissivité. Bravo. Mais qui a bien pu lui conseiller ce mode de chauffage qu'il convient d'éviter.

Plus étonnant, l'article nous apprend que les performances énergétiques exigées pour qu'un logement obtienne des aides publiques sont moins strictes si le chauffage électrique est choisi.

 

Nous ne survivrons pas sans éthique disent certains, pessimistes. Nous sommes pour le moins condamnés à introduire un peu de rationalité dans notre consommation.

En 1824 Sadi Carnot étudiait le rendement de la machine à vapeur. Son principe vaut pour tous les systèmes qui transforment de la chaleur en travail. Il est intangible. Il n'obéit pas aux alternances politiques.

C'est « rêverie de s'opposer au théorème de Carnot ». Il voyait loin le poète Paul Valéry dans son hommage au savant physicien.

 

 

Piqures de rappel pour autruches préférant enfouir leur tête dans le sable

Entre 2000 et 2020 les zones arides auront conquis 50 à 90 millions d'hectares en zone subsaharienne (la France, c'est 55 millions), diminuant de 50% le potentiel de production alimentaire de cette région.

Au cours de la dernière décennie les émissions de CO2 ont crû de 3% par an (doublement en 24 ans). A Kyoto il avait été décidé de les réduire.

Au Bengladesh, les 1100 victimes récentes travaillaient pour 30 euros par mois. Un smicard gagne 40 fois plus. Il urge de supprimer le SMIC.

 

Michel Moreau

 

 

 

 

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